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Le Maroc face à la crise hydrique

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Face à la rareté des pluies, le Maroc doit trouver de nouvelles solutionsImage d’illustration. DR

Ces dernières années, le réchauffement climatique est devenu une source majeure d’inquiétude. De nombreux experts exhortent les pays fortement pollueurs à abandonner les industries basées sur les énergies fossiles au profit des énergies renouvelables. Toutefois, ces alternatives vertes impliquent des coûts élevés et nécessitent d’importantes ressources naturelles et humaines. De plus, elles peuvent parfois manquer de rentabilité et ne suffisent pas toujours à répondre aux besoins énergétiques de certaines nations.

Le Maroc est confronté à une crise hydrique croissante, exacerbée par la rareté des pluies et l’impact du changement climatique. Le pays, situé dans une région semi-aride, voit ses ressources en eau se raréfier à une vitesse alarmante, menaçant à la fois l’agriculture, l’approvisionnement en eau potable et l’économie.

La rareté des pluies : un phénomène de plus en plus marqué

Avez-vous déjà eu cette impression que lorsque la météo prévoit la pluie, bizarrement, il ne pleut pas ? C’est un phénomène assez simple à expliquer qui met en jeu la complexité des systèmes météorologiques et les limites des modèles de prévision. En effet, Houssaine Youabed, directeur de la communication à la direction générale de la météorologie (DGM), précise que les prévisions météorologiques se basent sur des simulations numériques qui peuvent être affectées par des changements rapides dans l’atmosphère. Par exemple, un renforcement inattendu du haut-pressure africain ou un déplacement du jet-stream peuvent empêcher les précipitations prévues d’atteindre le sol. De plus, les prévisions peuvent être influencées par des phénomènes locaux, comme les montagnes, les vents de sud qui bloquent les nuages et limitent les précipitations dans certaines zones.

Lire aussi: Stress hydrique : 121 opérations d’ensemencement des nuages réalisées en cinq ans

Le Maroc a enregistré ces dernières années une baisse significative des précipitations, affectant les réserves des eaux superficielles et souterraines. Les barrages, qui jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement en eau, sont souvent en dessous de leur capacité maximale. En 2023, plusieurs régions ont signalé des taux de remplissage inférieurs à 30%, une situation qui menace directement l’irrigation des cultures et l’approvisionnement des populations.

La rareté des pluies a également des conséquences sur l’agriculture, un secteur vital pour l’économie marocaine. Les cultures pluviales, telles que les céréales, subissent des pertes considérables lors des années de sécheresse. De plus, les agriculteurs, confrontés à l’incertitude climatique, peinent à maintenir leurs rendements, ce qui contribue à une hausse des prix des produits alimentaires.

Une situation de stress hydrique alarmante

Il faut noter que le Maroc fait partie des pays les plus exposés au stress hydrique. Selon les estimations, la disponibilité en eau par habitant est passée de 2.600 mètres cubes par an dans les années 1960 à moins de 620 mètres cubes aujourd’hui, bien en deçà du seuil des 1.000 mètres cubes, définissant une situation de pénurie sévère.

D’ailleurs, plusieurs facteurs expliquent cette crise. Parmi eux, citons la variabilité climatique à cause de la baisse des précipitations et l’augmentation des périodes de sécheresse prolongées. Ensuite, la surexploitation des nappes phréatiques pour répondre aux besoins agricoles et industriels aggrave la situation. Enfin, la mauvaise gestion des ressources hydriques et l’insuffisance des infrastructures de stockage et de distribution amplifient la vulnérabilité du pays.

Lire aussi: Koweït : un forum pour discuté des solutions du stress hydriques dans la région MENA

Par ailleurs, la crise hydrique au Maroc a des répercussions profondes sur la vie quotidienne des citoyens. Dans certaines régions rurales, les habitants doivent parcourir plusieurs kilomètres pour accéder à de l’eau potable. En milieu urbain, les coupures d’eau deviennent fréquentes, affectant les ménages et les activités économiques.

Sur le plan économique, le secteur agricole, qui représente environ 14% du PIB et emploie près de 40% de la population active, est le plus touché. La réduction des rendements agricoles entraîne une baisse des exportations et aggrave la dépendance alimentaire du pays.

Par ailleurs, le secteur du tourisme, qui repose en partie sur l’attrait des oasis et des paysages naturels, pourrait souffrir de la dégradation des écosystèmes liée à la sécheresse.

Cependant, « ces défis ouvrent la voie à des opportunités d’innovation. En adoptant des cultures résistantes à la sécheresse, en utilisant des techniques d’irrigation modernes telles que le goutte-à-goutte et en explorant de nouvelles variétés adaptées, l’agriculture peut devenir plus résiliente et durable. Ces solutions permettent non seulement de s’adapter aux changements climatiques, mais aussi d’explorer de nouveaux produits et marchés », souligne le responsable à la DGM.

Lire aussi: Cour des comptes : le stress hydrique, un état d’urgence climatique et stratégique

Le stress hydrique et la rareté des pluies au Maroc constituent des défis majeurs qui nécessitent une réponse collective et innovante. Bien que des efforts significatifs aient été entrepris pour atténuer les effets de cette crise, le chemin reste long pour garantir une gestion durable des ressources hydriques. Le Maroc doit poursuivre ses investissements dans les infrastructures, adopter des technologies innovantes et promouvoir une culture de responsabilité environnementale pour s’adapter à une réalité climatique de plus en plus exigeante.

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