L’artiste The Leila, sur la scène de la plage lors du concert du dernier jour du Festival Gnaoua 2025 © LeBrief / Ayoub Jouadi
Pour conclure la 26ᵉ édition du Festival Gnaoua et Musiques du Monde, la scène de la plage a accueilli une voix singulière : celle de The Leila, originaire d’Oujda, qui s’impose depuis plusieurs années comme l’un des visages les plus libres et audacieux de la scène musicale marocaine.
« La région de l’Oriental, c’est elle qui alimente mes créations. J’ai grandi dedans, et c’est elle la matière principale d’où je produis ma musique », confie-t-elle à LeBrief, quelques heures avant de monter sur scène. Chez elle, pas de folklore figé ni d’esthétique nostalgique. Le patrimoine est une base de création, pas un décor.
Sur la scène de la plage, au cœur d’une foule dense venue pour vivre les dernières heures du festival, elle a livré un set vibrant, mêlant reggada, rock et énergie brute. L’Oriental ne quitte jamais sa musique, il pulse à travers elle, porté par des riffs électriques et des rythmes populaires retravaillés à sa manière.
Une artiste qui compose avec l’héritage
Le thème de l’héritage, central dans le Festival Gnaoua, prend une résonance toute particulière chez The Leila. « Mon héritage, c’est cette région qui m’a bien aidée… avec sa richesse culturelle que j’exploite. Comme j’ai dit, c’est elle ma matière première, c’est elle qui m’a donné mon identité. »
Cette identité, elle l’assume sans détour. Après des débuts avec le groupe Snitra, elle se lance en solo en 2017, puis dévoile en 2023 un premier album, Elghit, écrit et composé durant la pandémie.
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En dix titres, elle revisite les musiques de l’Oriental à travers un filtre rock et world, avec des paroles qui oscillent entre darija, arabe littéraire et anglais.
À l’image du festival, qui place chaque année le dialogue entre les cultures au centre de sa programmation, The Leila incarne cette nouvelle scène qui bouscule les formes établies. Elle ne cherche pas à « moderniser » la tradition, mais à la faire résonner autrement. Plus directe. Plus libre.
Un lien fort avec le public
Le concert de The Leila a marqué le public par son intensité et sa simplicité désarmante. Sur scène, elle ne délivre pas un message bien huilé. Elle vit le moment. « Il n’y a ni message ni rien du tout (rire). Je vais juste monter sur scène et viber avec le public. » Et c’est peut-être là que réside sa force : dans l’absence de stratégie, dans la sincérité du geste musical.
Depuis ses débuts, The Leila a su tisser un lien fort avec son public, en particulier au Maroc. « Il y a une évolution, bien sûr. Même moi, j’ai évolué, même si je me considère encore au début de ma carrière. Ce qui est beau avec le public marocain, c’est qu’il est toujours là, prêt à écouter et à viber. »
Ce rapport de proximité, elle le cultive sans effort, à travers ses textes, ses lives, et sa manière de briser les conventions. Sur la plage d’Essaouira, entourée d’un public intergénérationnel, elle a offert une performance fluide, sans artifices, mais avec une intensité qui a traversé la nuit.
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Clôturer le festival avec ouverture
Clore un festival comme Gnaoua n’est jamais anodin. Et c’est avec le même naturel que The Leila évoque les possibles collaborations qu’elle aimerait concrétiser. « Il y a plusieurs artistes qui sont mes amis d’ailleurs. Mehdi Nassouli, Hind Ennair, Asmaa… Il y en a beaucoup vraiment avec qui j’aimerais faire des featurings. Appelez-moi, qu’on le fasse ! », lance-t-elle avec humour.
Ce ton léger, décontracté, contraste avec la rigueur musicale de ses compositions. Mais c’est justement cet équilibre entre autodérision, sérieux et spontanéité qui fait d’elle une artiste à part dans le paysage marocain.
En étant actrice du concert de clôture du festival ce samedi à 22h, The Leila n’a pas seulement interprété son album Elghit en version live. Elle a affirmé, devant un public nombreux, que la liberté d’inventer, de puiser dans ses racines sans s’y enfermer, était encore possible. Et qu’en 2025, c’est peut-être depuis Oujda que soufflent les musiques les plus vivantes.
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