Fehd Benchemsi lors de son concert à la scène de la plage au Festival Gnaoua © LeBrief / Ayoub Jouadi
Sur les répétitions à la scène de la plage, quelques heures avant son concert, Fehd Benchemsi dégage une énergie tranquille, presque méditative. Pourtant, derrière cette sérénité se cache un passionné viscéral de la musique gnaouie. « Ce qui m’a attiré, c’est le guembri », confie-t-il. « Je l’ai découvert jeune, à travers les choukas du Guembri… Il y avait quelque chose d’animal, d’instinctif qui m’a happé. » Sa trajectoire musicale prend corps dans les années 1990, lorsqu’il découvre la culture gnaouie dans sa richesse rituelle et mystique : « Je n’ai jamais quitté ça depuis. Je suis toujours dedans. »
La sincérité de son attachement à cette musique transparaît dans chaque mot. À la croisée du sacré et de la transe, le gnaoua n’est pas une simple esthétique sonore pour lui, mais une manière de vivre, de ressentir, de relier.
Le Festival, une scène légitime
Fehd Benchemsi a un lien intime avec le Festival Gnaoua. « J’ai joué ici dès les premières éditions, en 1999 ou 2000. À l’époque, je faisais de la percussion, j’étais fan des Gnawa mais je n’avais pas encore les épaules pour monter sur scène. » Cette première participation marque le début d’un compagnonnage fidèle avec le rendez-vous souiri. Pour lui, « il y a une vraie légitimité à jouer ici. Ce n’est pas un festival comme les autres. Il est profondément connecté à l’âme de cette musique. »
Cette reconnaissance ne relève pas uniquement du prestige : elle s’ancre dans une fidélité à l’esprit gnaoui, à sa mémoire vivante et collective. Le festival ne célèbre pas une musique figée, mais une force mouvante, capable de dialoguer avec les mondes.
Une tradition qui résiste à l’uniformisation
Face à la montée des musiques formatées, le musicien refuse les oppositions binaires entre « authenticité » et « commercial ». « La musique pop, elle marche. Michael Jackson faisait de la pop. Alors qu’est-ce que la musique commerciale ? » demande-t-il, non sans ironie.
Mais il n’élude pas les enjeux de visibilité. « Gnaoua mérite plus de reconnaissance. Ce qu’on a aujourd’hui, c’est déjà bien. Mais l’objectif, c’est d’arriver au niveau de notoriété du reggae. Qu’on puisse dire n’importe où dans le monde : ‘Gnaoua ? Yes, I know.’ » Cette ambition n’est pas portée par l’ego. « Pas moi. Ça ne passera pas par moi. Ça passera par tout le monde. »
C’est ici que le propos de Benchemsi prend toute sa densité : loin de vouloir tirer la couverture à lui, il revendique une dynamique collective, une transmission diffuse. Loin de la marchandisation, c’est par l’expérience partagée et le rayonnement des corps en transe que le gnaoui grandit.
- Fehd Benchemsi lors de son concert à la scène de la plage au Festival Gnaoua © LeBrief / Ayoub Jouadi
- Fehd Benchemsi lors de son concert à la scène de la plage au Festival Gnaoua © LeBrief / Ayoub Jouadi
- Fehd Benchemsi lors de son concert à la scène de la plage au Festival Gnaoua © LeBrief / Ayoub Jouadi
- Fehd Benchemsi lors de son concert à la scène de la plage au Festival Gnaoua © LeBrief / Ayoub Jouadi
Du « Tefwaj » pour ce soir
À l’approche de son concert du soir, une question s’impose : quel message souhaite-t-il transmettre au public ? Il sourit : « Je ne transmets pas de message. Je trouve ça prétentieux. » Puis il précise, avec la sincérité désarmante des artistes qui jouent avec le cœur : « J’aimerais juste que les gens soient contents. Qu’ils dansent. »
Il évoque un mot difficile à traduire en français : « nfewjo ». Une émotion, un état de joie partagée, d’élévation. « C’est ça que je veux transmettre. »
Sa démarche est fidèle à ce qu’il est : un musicien qui refuse de séparer création et mémoire, scène et spiritualité. Un passeur plus qu’un porte-drapeau. Un artisan du lien.
Un festival miroir du monde
Dans ses mots, on devine aussi sa vision du festival dans son ensemble : « Le Festival Gnaoua a beaucoup évolué. Il s’est ouvert à d’autres musiques du monde, à des croisements inattendus. C’est une richesse. » Pour lui, cette ouverture ne menace pas la tradition, elle la rend vivante.
Essaouira devient, l’espace de quelques jours, un laboratoire musical et humain où les traditions ne s’effacent pas, mais dialoguent. Fehd Benchemsi y trouve sa place naturellement, entre ancrage et mouvement, entre « tefwaj » et fusion.
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