À Médiouna, les files s’allongent devant les boucheries © LeBrief / Ayoub Jouadi
Pour la première fois depuis des décennies, Aïd Al-Adha sera célébré au Maroc sans le traditionnel sacrifice du mouton. Une situation exceptionnelle, due à la dégradation notable du cheptel national, décimé par la sécheresse. Cela a provoqué une explosion de la demande de viande dans les boucheries, où les files s’allongent à mesure que l’échéance approche.
Face à l’absence d’abattage rituel, de nombreuses familles cherchent à préserver l’esprit de fête en cuisinant les plats traditionnels de l’Aïd. Résultat : une tension inhabituelle sur le marché des viandes rouges et blanches, avec une flambée des prix.
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Viande rouge : flambée des prix et déséquilibre entre offre et demande
Dans les marchés et souks du Royaume, la viande rouge atteint des niveaux de prix rarement observés. Le kilogramme de viande d’agneau dépasse allègrement les 150 DH. La viande bovine, de son côté, grimpe jusqu’à 120 DH/kg. Et ce n’est pas tout : les abats, très prisés durant l’Aïd, connaissent aussi une envolée spectaculaire. Le foie, la panse (douara), ou encore les tripes s’arrachent à des prix qui varient entre 500 et 600 DH dans certaines boucheries.
Cette flambée s’explique en grande partie par une pression exceptionnelle sur l’offre. L’absence du sacrifice pousse de nombreux citoyens à se ruer sur les boucheries pour acheter de quoi concocter les repas festifs. «D’habitude, on achète un mouton et on cuisine sur plusieurs jours. Cette année, on achète tout au détail, et ça revient bien plus cher», témoigne Fouzia, les bras chargés de sacs sortant d’une boucherie.
Les professionnels du secteur confirment cette affluence. À Casablanca par exemple, les boucheries enregistrent jusqu’à 40 clients par jour, du jamais vu en temps normal. Résultat : un déséquilibre net entre l’offre et la demande.
Pourtant, les autorités et les bouchers eux-mêmes tentent de rassurer. «Il n’y a aucune rupture d’approvisionnement en vue. Les abattoirs fonctionneront normalement jusqu’à la veille de l’Aïd, sauf samedi. Il n’y a donc pas lieu de paniquer ni de faire des achats massifs», assure Hicham Jouabri, professionnel du secteur. Il évoque une tension passagère qui devrait s’estomper rapidement après les célébrations.
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La viande blanche n’est pas épargnée
La tension sur les viandes rouges a logiquement entraîné un report massif vers la viande blanche. Résultat : une hausse rapide et marquée des prix du poulet. Le kilogramme a bondi de 17 à 22 DH en l’espace de trois jours seulement. Le poulet rouge (dit taoussi) atteint les 16 DH/kg, tandis que le beldi, plus rare, se négocie entre 75 et 80 DH/kg.
Cette augmentation est le fruit d’un double phénomène. D’une part, une demande croissante des familles à la recherche d’alternatives abordables à la viande rouge. D’autre part, une série de facteurs structurels qui pèsent sur l’ensemble de la filière avicole : flambée des prix des aliments pour bétail, hausse des coûts d’élevage, et perturbations climatiques affectant l’ensemble des chaînes d’approvisionnement.
D’ailleurs, les professionnels de la volaille font savoir que cette tendance haussière pourrait se maintenir, voire s’intensifier dans les semaines à venir, en raison de la période estivale, le retour des pèlerins du Hajj, et la saison des mariages. Autant de facteurs donc qui stimulent traditionnellement la consommation de poulet.
Pour les consommateurs, là encore, le sentiment d’être pris au piège prédomine. «Même le poulet devient un luxe», ironise Fatima, une mère de famille.
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À Médiouna, les citoyens dénoncent une flambée «provoquée»
La caméra du Brief s’est rendue au Souk Lekhmiss de Médiouna, où l’ambiance est marquée par la colère et la frustration des citoyens. Sur place, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une situation jugée intenable. Pour eux, la décision royale appelant cette année à renoncer au sacrifice de Aïd Al-Adha visait avant tout à soulager les Marocains, en particulier les plus vulnérables, déjà durement touchés par la flambée des prix des moutons l’an dernier.
Mais à quelques heures de l’Aïd, c’est la stupéfaction : les prix de la viande atteignent des sommets, et la tension dans les boucheries ne cesse de croître. Beaucoup pointent du doigt ceux qui, selon eux, ont sciemment provoqué cette hausse, dénonçant une spéculation honteuse. «On mérite mieux que ça», lâche un citoyen, déplorant que certains bouchers profitent ouvertement de la situation pour maximiser leurs profits, au détriment du pouvoir d’achat et de l’esprit même de la fête.
En attendant le retour à une situation plus stable, les appels au calme se multiplient. Les professionnels insistent sur la continuité du fonctionnement des abattoirs et appellent les citoyens à modérer leurs achats.
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