Une boucherie © DR
Cette année, Aïd Al-Adha intervient dans un contexte particulier, marqué par une série de défis économiques et environnementaux. Pour la quatrième fois (après 1963, 1981, 1996), le rituel du sacrifice sera suspendu à l’échelle nationale. L’objectif de cette mesure exceptionnelle annoncée par le roi Mohammed VI est la nécessité de préserver le cheptel national et de soulager les familles en difficulté. Si le message royal a été largement salué, la mise en pratique sur le terrain semble plus contrastée.
1963, 1981, 1996… quand le sacrifice de Aïd al-Adha n’a pas eu lieu
Les prix des abats explosent avant l’Aïd
Le Souverain a plaidé pour une suspension du rituel dans le but de préserver le cheptel national, durement affecté par les sécheresses successives et les pressions économiques. Toutefois, dans de nombreux foyers marocains, la fête de Aïd Al-Adha reste un rendez-vous incontournable, même sans le sacrifice de l’animal. Résultat : les boucheries connaissent une affluence inhabituelle, marquée par une forte demande en viande rouge et, surtout, en abats.
Les tripes, foie et autres parties prisées du mouton sont aujourd’hui au centre de toutes les convoitises. Les files s’allongent devant les boucheries, et les prix flambent à un rythme inédit. Alors qu’habituellement, les abats se négocient autour de 200-250 DH, ils atteignent désormais entre 500 et 700 DH dans plusieurs villes. Et selon des professionnels du secteur, cette envolée pourrait se poursuivre dans les jours à venir, avec des prix susceptibles d’atteindre 1.000 DH.
Cette fièvre d’achat est notamment alimentée par le désir des familles de recréer, coûte que coûte, l’ambiance festive de l’Aïd. Nombreux sont ceux pour qui il est impensable de passer cette journée sans les traditionnelles grillades ou le fameux boulfaf, symbole culinaire fort du premier jour. Cette attache émotionnelle et culturelle, bien que compréhensible, va à l’encontre de l’objectif royal, qui visait à soulager les ménages économiquement fragilisés tout en préservant les ressources animales du pays.
Le consommateur pointé du doigt
La flambée des prix constatée dans les boucheries ne peut être entièrement imputée aux professionnels du secteur. Pour Bouazza Kherrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur (FMDC), le problème réside d’abord chez l’acheteur lui-même : «Le vrai responsable de la hausse des prix se plaint de la hausse des prix. Il provoque lui-même cette augmentation. Le consommateur est inconscient». Un constat qui met en lumière un paradoxe préoccupant : en dépit des difficultés économiques, les ménages maintiennent une demande excessive, qui alimente mécaniquement la spéculation.
Cette situation soulève une problématique plus profonde : celle du comportement du consommateur et de son rapport à la consommation, en particulier lors des fêtes religieuses. Selon Kherrati, seule une prise de conscience collective permettra de modifier cette dynamique. «Le comportement doit changer. L’éducation du consommateur est essentielle pour qu’il devienne responsable». Ainsi, notre interlocuteur appelle à une refondation des habitudes de consommation, particulièrement en période de crise.
Quant aux bouchers, ils ne cachent pas leur intention de profiter de cette période pour réaliser des bénéfices. Pour eux, l’opportunité est claire : face à une demande soutenue et à une offre limitée, la hausse des prix est une réaction logique du marché. «Le boucher a ouvert son commerce pour gagner de l’argent», rappelle Kherrati. Dans ce contexte, il est aussi difficile d’incriminer les autorités qui ne peuvent être tenues responsables de la régulation des prix dans un système de marché libre.
Bouazza Kherrati finit par souligner que l’initiative royale est fondée sur la clémence et la solidarité. Elle visait, dit-il, avant tout à protéger le cheptel national et à alléger les charges des ménages. Mais en se ruant massivement sur les abats et la viande, une large partie de la population a compromis cette stratégie.
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