Cette photographie montre des enfants chargeant des briques sur un chantier © AFP
À l’occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, la communauté internationale dresse un état des lieux préoccupant : malgré une baisse du nombre d’enfants concernés depuis le début du siècle, le phénomène reste largement répandu, touchant encore des millions de mineurs à travers le monde.
Travail des enfants : le Maroc expose ses succès et ses défis
À Genève, le Maroc a réaffirmé son engagement ferme pour l’éradication de ce fléau, aussi bien au niveau national qu’international. Lors d’un événement de haut niveau organisé en marge de la 113ᵉ session de la Conférence internationale du Travail, le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, a mis en avant les efforts menés par le Royaume tout en appelant à la mise en commun des expériences et à des solutions globales transposables. Le Maroc, qui accueillera la 6ᵉ Conférence internationale sur le travail des enfants en 2026, espère ainsi renforcer son influence dans la lutte contre ce phénomène.
En termes de chiffres, les progrès du Maroc sont notables. Le travail des enfants a reculé de 55% depuis 2017. En 2023, sur environ 7.775.000 enfants âgés de 7 à 17 ans, 110.000 étaient engagés dans une activité économique, soit 1,4% de cette tranche d’âge. Parmi ces enfants, 60% travaillaient aux côtés de leurs familles, notamment en milieu rural. Bien que cette forme d’implication familiale ne relève pas toujours du travail des enfants au sens strict, le ministre a souligné qu’aucune forme d’exploitation ou de participation précoce à des activités économiques ne devrait être tolérée.
Pour expliquer ces résultats, Younes Sekkouri a insisté sur l’importance des politiques publiques mises en œuvre. Il a cité la généralisation de la protection sociale, lancée sur Hautes Instructions Royales, et qui bénéficie aujourd’hui à plus de 7 millions d’enfants. À cela s’ajoute la généralisation de l’enseignement préscolaire dès l’âge de quatre ans, un chantier mené en collaboration avec les ONG selon un modèle adapté aux réalités locales. Ces mesures de prévention s’avèrent décisives pour détourner les enfants des circuits économiques précoces.
En outre, le ministre a évoqué les mécanismes de gouvernance mis en place pour encadrer cette lutte : programmes d’inspection, cadre juridique renforcé, et coopération avec le système judiciaire. Il a notamment rappelé que la ratification des conventions et protocoles internationaux, comme ceux de l’OIT, constitue un pilier fondamental dans la consolidation des acquis. Cependant, Sekkouri a aussi alerté sur la difficulté à transposer certaines initiatives locales à l’échelle internationale sans adaptation, plaidant pour une meilleure coordination multilatérale.
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Des progrès insuffisants malgré une tendance positive
Cet événement de Genève, organisé conjointement par la mission permanente du Maroc et l’Organisation internationale du Travail, a permis le lancement du rapport conjoint OIT-UNICEF sur les dernières estimations mondiales. Depuis le début du siècle, le travail des enfants a diminué de près de 50%, passant de 246 millions à 138 millions d’enfants en 2024. Ce chiffre inclut environ 54 millions d’enfants engagés dans des travaux dangereux mettant en péril leur santé et leur développement. Depuis 2020, 22 millions d’enfants ont été retirés du travail, inversant une tendance à la hausse observée entre 2016 et 2020. Malgré ces progrès, le monde est loin d’atteindre l’objectif d’éliminer le travail des enfants d’ici fin 2025, et le rythme actuel reste très insuffisant : il faudrait aller 11 fois plus vite pour espérer respecter l’échéance.
En termes sectoriels, le rapport dévoile une répartition inégale des formes de travail. L’agriculture demeure de loin le secteur le plus concerné, concentrant 61% des cas, suivie des services (27%), tels que le travail domestique ou la vente sur les marchés, et de l’industrie (13%), notamment les mines ou la fabrication. Cette réalité reflète des formes diverses d’exploitation, souvent invisibles. Par ailleurs, les garçons sont généralement plus touchés, sauf lorsqu’on prend en compte les tâches ménagères non rémunérées effectuées plus de 21 heures par semaine, ce qui met alors en évidence une forte implication des filles.
Sur le plan régional, les disparités sont frappantes. L’Afrique subsaharienne reste la région la plus affectée, avec environ 87 millions d’enfants concernés, soit près des deux tiers du total mondial. Même si la prévalence y a légèrement reculé (de 23,9% à 21,5%), la croissance démographique freine les progrès. En revanche, l’Asie et le Pacifique ont enregistré la baisse la plus marquée, passant de 49 à 28 millions d’enfants, ramenant la prévalence de 5,6% à 3,1%. Quant à l’Amérique latine et les Caraïbes, elle affiche une baisse de 11% du nombre de cas, et une diminution relative de 8% de la prévalence.
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Cependant, ces progrès restent fragiles. Le rapport met en garde contre les effets dévastateurs des coupes budgétaires, en particulier dans les domaines de l’éducation, de la protection sociale et des services destinés aux familles. La pauvreté structurelle, l’absence de travail décent pour les adultes et les crises multiformes continuent d’alimenter le travail des enfants. De plus, la réduction des investissements dans les systèmes de suivi et de collecte de données rend l’identification et la prévention de ces situations plus difficiles, risquant ainsi de compromettre les acquis récents.
Face à ces constats, l’OIT et l’UNICEF formulent plusieurs recommandations urgentes. Elles appellent à un renforcement massif des systèmes de protection sociale, en particulier à travers l’instauration d’allocations familiales universelles. L’accès à une éducation gratuite et de qualité doit être garanti, en particulier dans les zones rurales ou en situation de crise.
Les gouvernements sont également invités à assurer un travail décent pour les adultes et les jeunes, à renforcer les mécanismes de protection de l’enfance, et à responsabiliser les entreprises dans leurs chaînes d’approvisionnement. Ces actions, conjuguées à une volonté politique forte, sont essentielles pour briser le cycle de la pauvreté et garantir à chaque enfant son droit fondamental à l’éducation, au jeu et à une enfance protégée.
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