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Le Maroc figure dans le «2025 Index of Economic Freedom» avec un score global de 60,3/100, marquant une amélioration de 3,5 points par rapport à l’année précédente. Ce score le classe dans la catégorie des pays «modérément libres», le positionnant à la 86ᵉ place mondiale et à la 7ᵉ place dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Les performances du Maroc varient selon les indicateurs évalués. Il affiche de bons résultats en liberté des échanges commerciaux (74,7/100) et liberté d’investissement (67,2/100), soulignant une relative ouverture du pays aux échanges internationaux. Cependant, des faiblesses persistent dans des domaines tels que l’efficacité judiciaire (32,7/100) et l’intégrité gouvernementale (36,9/100), reflétant des défis en matière de transparence et de gouvernance.
Dans un contexte global où l’économie mondiale demeure «majoritairement non libre», le Maroc progresse mais reste confronté à des défis structurels. Pour améliorer son classement, il devra renforcer l’État de droit, encourager un climat d’affaires plus attractif, et poursuivre des réformes économiques axées sur l’ouverture des marchés et la bonne gouvernance.
Déficit commercial, inflation, agriculture: ces secteurs encore à la traine
Comme n’importe quels pays émergent, le Maroc affiche une forte dépendance aux importations, surtout en provenance de la Chine, de la Turquie et de l’Égypte, souligne Abdelghani Youmni. Par la suite, cette dépendance engendre un déficit commercial important. Celui-ci a atteint 306,47 MM de Dhs en 2024, selon l’office des changes. En effet, cette situation fragilise la souveraineté économique du pays et limite sa capacité à développer une production locale compétitive. Par exemple, le secteur agroalimentaire, pourtant crucial pour l’économie marocaine, peine à décoller face à la concurrence étrangère, souligne l’expert en économie.
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D’ailleurs, le Maroc subit de plein fouet les effets désastreux d’une sécheresse persistante depuis 7 ans, aggravée par les changements climatiques. Cette crise hydrique a un impact direct sur l’agriculture, un secteur clé de l’économie marocaine, rappelle Abdelghani Youmni. Expliquant que la rareté de l’eau affecte non seulement la production agricole, mais aussi les industries qui en dépendent, comme l’agroalimentaire. Cette situation met en lumière la nécessité de repenser la gestion des ressources en eau et d’investir dans des technologies d’irrigation plus efficaces, révèle la même source.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que le Maroc a connu une inflation sous-jacente de 12 à 14% entre 2013 et 2021. Une situation qui a entrainé l’érosion significative du pouvoir d’achat des ménages. Dans ce sens, l’expert explique que cette inflation est due en partie à la crise mondiale des prix de l’énergie et des matières premières, mais aussi à des facteurs internes tels que la spéculation et la prédation commerciale. Ainsi, la classe moyenne, traditionnellement moteur de l’économie, est particulièrement touchée, avec une perte de pouvoir d’achat estimée entre 20 et 25%. Cette situation a des répercussions sur la consommation, l’épargne et même l’éducation, avec une réduction des dépenses liées aux études à l’étranger et aux loisirs, déplore Abdelghani Youmni.
«Une réforme fiscale urgente est nécessaire»
Pour relever ces défis, «une réforme fiscale urgente est nécessaire». Pour Abdelghani Youmni, cette réforme devrait permettre de financer des secteurs clés tels que l’éducation, la formation professionnelle et la formation en alternance. L’objectif est de préparer les jeunes Marocains à un marché du travail en mutation, où les métiers manuels et techniques seront de plus en plus demandés. Par exemple, le secteur de l’automobile et de l’aéronautique, en plein essor au Maroc, nécessite une main-d’œuvre qualifiée. Cependant, tous les jeunes ne pourront pas accéder à ces secteurs de pointe, d’où l’importance de valoriser les métiers manuels et artisanaux.
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Le Maroc doit également sortir d’un modèle économique basé sur l’importation de produits finis et encourager un entrepreneuriat de production. Cela passe par la création d’une culture d’éducation financière et d’investissement, notamment dans des secteurs comme les énergies renouvelables, l’industrie manufacturière locale et les coopératives rurales et urbaines, déclare la même source. A titre d’exemple, le secteur des énergies renouvelables, avec des projets comme la centrale solaire Noor à Ouarzazate, offre des opportunités importantes pour réduire la dépendance énergétique du pays et créer des emplois locaux.
Par ailleurs, Abdelghani Youmni juge que les accords de libre-échange actuels ne semblent pas bénéficier pleinement à l’économie marocaine. De ce fait, une révision de ces accords est nécessaire pour protéger les industries locales et réduire les déficits commerciaux. Par exemple, des mesures protectionnistes temporaires pourraient être mises en place pour soutenir les secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire et l’industrie manufacturière.
Immobilier, éducation : des investissements toujours sûrs
Dans un contexte économique incertain, l’immobilier reste un investissement privilégié pour les Marocains. En effet, l’expert en économie explique que devenir propriétaire de sa maison permet de réduire les coûts de logement et de sécuriser un patrimoine. Cependant, il est également important de diversifier les investissements, notamment en encourageant les placements boursiers et l’entrepreneuriat productif. Pour cela, une éducation financière plus poussée est nécessaire pour permettre aux citoyens de comprendre les risques et les opportunités de ces investissements, indique la même source.
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L’avenir du marché du travail marocain passera par une valorisation des métiers manuels et techniques. Comme le souligne l’expert, les métiers manuels seront de plus en plus demandés, non seulement au Maroc mais aussi à l’étranger. Par exemple, dans des pays comme l’Allemagne ou le Canada, il existe une pénurie de main-d’œuvre qualifiée dans des secteurs comme la plomberie, l’électricité et la construction. Les jeunes Marocains qui se forment dans ces métiers pourront ainsi bénéficier de salaires élevés et de perspectives de carrière stables.
Enfin, le Maroc doit renforcer sa souveraineté économique en réduisant sa dépendance aux importations et en développant une production locale compétitive. Cela passe par une réindustrialisation du pays, avec un accent sur les secteurs stratégiques tels que l’agroalimentaire, l’énergie et l’industrie manufacturière, conclut Abdelghani Youmni.
L’économie marocaine est à un tournant. Face à des défis majeurs tels que la dépendance aux importations, la crise hydrique et l’inflation, des réformes profondes sont nécessaires pour assurer une croissance durable et une meilleure répartition des richesses. Ces réformes passent par une révision des politiques fiscales, un investissement massif dans l’éducation et la formation professionnelle, et une valorisation des métiers manuels et techniques.
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