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Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 09/05/25 à 10:35
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Il était temps, non ?

Peut-être qu’on peut dire les choses comme ça, il était temps. Franchement. Il était temps qu’on sorte de cette logique un peu rébarbative de la prison pour tout, pour tout le monde, tout le temps. Cette semaine, on apprend que la fameuse loi 43.22 sur les peines alternatives, adoptée l’an dernier, entre enfin en phase de mise en œuvre. On ne peut que s’en réjouir. Il était temps !

Jusqu’ici on avait un peu trop tendance à dégainer la case prison, comme au Monopoly, pour des délits ridicules ! Des peines de six mois, un an, deux ans… pour des actes qui, ailleurs, auraient valu une simple sanction éducative ou même financière. Parce que, ailleurs, le but, c’est la réintégration, et pas l’abandon. Alors ce qu’on voit de nos propres yeux, ce sont des prisons pleines à craquer, des récidives en pagaille et surtout une jeunesse broyée par un système qui les transforme souvent en délinquants professionnels suite à un stage pénitencier !

Bon là, ce qu’on nous propose, c’est quand même un changement de carte mère. Des travaux d’intérêt général, des bracelets électroniques, des amendes journalières, des restrictions spécifiques…

Alors bien sûr, ce ne se fera pas d’un coup. Il va falloir former les magistrats, équiper les tribunaux, sensibiliser l’opinion, s’assurer que ces nouvelles peines ne deviennent pas une machine à trier les riches et les pauvres, parce que si le bracelet électronique devient l’option des bien lotis, et la prison celle des autres, on n’est pas sorti de l’auberge.

Mais au point où on en est, rien que le fait qu’on en parle sérieusement, que le ministère public prépare un guide, que la justice semble vouloir sortir du réflexe répressif pour entrer dans une logique réparatrice… ça mérite d’être patient, parce que, franchement, il était temps, non ?