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La sécurité hydrique toujours menacée

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Le Royaume fait face à une sécheresse sévère pour la sixième année consécutive, mettant en péril l’agriculture et réduisant les réserves d’eau à des niveaux critiques. Des images satellites révèlent l’ampleur des transformations du paysage, accentuées par un déficit pluviométrique de 58% par rapport à l’année dernière. Quant à Nizar Baraka, ministre de l’Équipement et de l’Eau, il souligne l’importance d’une gestion de l’eau plus rationnelle et de stratégies d’adaptation pour faire face à cette crise hydrique prolongée. Détails.

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La problématique de l’accès à l’eau reste au cœur des débats, touchant aussi bien les sphères médiatiques, politiques qu’économiques. Avec une sixième année consécutive de sécheresse affectant le pays, les répercussions se font sentir à tous les niveaux, engendrant des impacts sévères.

Lire aussi : Sécheresse méditerranéenne : des prévisions alarmantes

Une vue depuis l’espace

La sécheresse persistante qui frappe le Maroc se révèle clairement à travers une image récente du satellite Copernicus Sentinel, mettant en lumière les transformations drastiques du paysage marocain. Cette situation critique, sans signe d’amélioration imminent, met à rude épreuve le secteur agricole, déjà confronté à un stress hydrique important.

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Les conséquences de ces longues périodes de sécheresse ne se limitent pas à une réduction des réserves d’eau et à des répercussions économiques, notamment une diminution de la production agricole. Le phénomène altère également de vastes étendues de territoire, comme le démontre la photographie récente de la région de Casablanca, capturée depuis l’espace.

L’Observatoire européen de la sécheresse (EDO), sous l’égide du Centre commun de recherche de la Commission européenne, dans son étude sur la sécheresse en Méditerranée, souligne les effets dévastateurs du déficit pluviométrique et de l’augmentation des températures. L’image satellitaire illustre les conséquences des épisodes de sécheresse qui touchent l’Europe depuis plus de deux ans et l’Afrique du Nord depuis six ans, engendrant des pénuries d’eau et freinant le développement de la végétation.

Le rapport met en évidence que, bien que la crise hydrique concerne tout le bassin méditerranéen, les situations les plus préoccupantes et prolongées sont observées au Maroc, en Algérie et en Tunisie. La région méditerranéenne, déjà affectée par des températures élevées, des vagues de chaleur et un manque de précipitations, fait face à des conditions de sécheresse extrême, avec des répercussions majeures même en hiver.

L’EDO attire l’attention sur le risque d’aggravation de cette situation critique avec l’arrivée du printemps, qui pourrait voir des températures encore plus élevées des deux côtés de la Méditerranée, exacerbant les effets de la sécheresse. Les implications de cette crise prolongée suscitent de vives inquiétudes, notamment en termes d’impact sur l’agriculture, les écosystèmes, l’accès à l’eau potable et la production énergétique.

Défis et mesures face à la sécheresse au Maroc

Cette situation critique, avec des réservoirs à leur plus bas niveau, le remplissage moyen des barrages avoisinant seulement 24%, a contraint les autorités à instaurer diverses restrictions et mesures d’économie d’eau. Le secteur le plus touché reste l’agriculture, confronté à des interdictions de cultures dans certaines zones et à des limites strictes sur l’irrigation dans d’autres, comme le souligne le rapport.

Pour mesurer l’impact sur l’agriculture, l’Observatoire européen de la sécheresse (EDO) a fait appel à l’indicateur combiné de sécheresse (CDI), qui évalue la sécheresse en prenant en compte les précipitations, l’humidité du sol et le stress végétal. Les résultats sont préoccupants, montrant une situation alarmante fin janvier, sans perspective d’amélioration. Le manque de pluie et les températures records de janvier 2024 ont eu des répercussions négatives sur les cultures d’hiver et les vergers, limitant leur croissance dans la région méditerranéenne.

Les projections suggèrent une augmentation de la fréquence et de la gravité des sécheresses à l’échelle mondiale, le bassin méditerranéen étant particulièrement vulnérable à une baisse des précipitations. Selon ces experts, aucune amélioration n’est en vue à court terme, ce qui souligne l’urgence de développer des stratégies d’adaptation pour atténuer les impacts de la sécheresse. Parmi les mesures préconisées figurent les investissements dans des systèmes d’alerte précoce, l’optimisation des technologies de gestion de l’eau, le choix de cultures plus résilientes à la sécheresse et l’amélioration de l’accès aux ressources hydriques. Ces actions sont jugées importantes pour renforcer la préparation et la résilience face à ces défis climatiques.

Lire aussi : Six années consécutives de sécheresse, un problème «structurel» pour le Royaume

Optimisme à Rabat-Salé-Kénitra

Contrairement aux autres zones agricoles, la situation hydrique dans la région de Rabat-Salé-Kénitra s’avère moins alarmante, grâce notamment aux précipitations récentes qui favorisent la campagne agricole 2023-2024. Ces pluies ont eu un effet bénéfique sur la production céréalière, essentielle pour la région.

Selon des informations fournies par la Direction régionale de l’Agriculture (DRA) de Rabat-Salé-Kénitra, les pluies ont permis d’atteindre un cumul pluviométrique moyen de 156 mm au 23 février, en hausse par rapport aux 65 mm enregistrés deux mois plus tôt. Bien que ce total reste inférieur aux 190 mm de l’année précédente à la même période, l’augmentation substantielle est un signe positif pour l’agriculture locale.

Ces précipitations ne profitent pas uniquement au taux de remplissage des barrages, comme celui de Sidi Mohamed Benabdellah, mais elles sont aussi une bouffée d’oxygène pour les exploitations agricoles de la région. Elles influencent positivement tant la production végétale que l’élevage.

La DRA souligne l’impact favorable de ces conditions météorologiques sur plusieurs cultures, notamment les céréales d’automne, les légumineuses, les cultures fourragères, le maraîchage hivernal et le couvert végétal des parcours. La région se distingue également par une riche diversité de cultures arboricoles, incluant les agrumes, les fruits rouges et les oliviers.

Ces pluies sont de plus essentielles pour le développement des jeunes plants et pourraient améliorer les caractéristiques organoleptiques des produits en cours de croissance, d’après la DRA. Ce climat favorable est donc un atout pour l’agriculture de Rabat-Salé-Kénitra, offrant un certain optimisme pour le reste de la campagne agricole.

Stratégies et initiatives gouvernementales face au défi climatique

Quant au ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka a mis en lumière, au cours d’une récente rencontre, les enjeux auxquels le Maroc est confronté en matière de gestion de l’eau, exacerbés par le changement climatique et une baisse des précipitations, atteignant un déficit de 58% par rapport à l’année précédente. Malgré les pluies récentes, la situation reste critique, avec les réserves des barrages n’atteignant que 4 milliards de mètres cubes, soit un taux de remplissage de 25%, une légère hausse par rapport aux 23,4% enregistrés fin janvier.

Face à cette réalité alarmante, le ministre a souligné l’urgence d’une mobilisation collective, rappelant les actions d’urgence engagées par le gouvernement pour une gestion plus rationnelle de l’eau, devenue de plus en plus rare. Il a également fait référence à la stratégie nationale d’eau, guidée par la vision du Roi, visant une politique intégrée et durable de l’eau, en tenant compte des défis climatiques et en impliquant tous les acteurs, publics comme privés.

Baraka a évoqué les efforts substantiels pour accroître les capacités de stockage, avec 18 grands barrages en construction et l’interconnexion des réserves existantes, notamment via les «autoroutes de l’eau». Il a également mentionné l’importance capitale de ces projets pour éviter des pénuries d’eau, comme ce fut le cas pour Casablanca en décembre dernier, grâce aux transferts d’eau entre bassins.

En outre, le ministre a mis l’accent sur le développement du dessalement de l’eau de mer, avec un objectif ambitieux de décupler la capacité pour atteindre 1,4 milliard de mètres cubes d’ici à 2030, contribuant ainsi à couvrir 50% des besoins en eau potable des zones côtières, tout en misant sur les énergies renouvelables pour réduire les coûts.

La valorisation des eaux usées figure aussi parmi les priorités, dans le but de réduire la pression sur les barrages et de répondre aux besoins en eau potable et d’irrigation. Cette initiative implique une collaboration étroite avec divers ministères et acteurs locaux, soulignant la nécessité d’une gestion concertée et responsable de l’eau par tous les secteurs de la société.

 

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