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Hausse des prix : le malaise social se poursuit

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À l’appel de plusieurs syndicats et partis de gauche, des manifestations ont eu lieu samedi dernier dans plusieurs villes du Royaume. Dans la rue, les manifestants ont protesté contre la hausse des prix des denrées alimentaires. Histoire de mettre encore plus la pression sur le gouvernement de Aziz Akhannouch, confronté à des attentes fortes des Marocains. Unejournée de grève nationale dans la fonction publique est même annoncée pour le 18 avril prochain.

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L’inflation continue sa progression au Maroc. Elle se situerait, selon le Haut-commissariat au Plan (HCP), à 9,4% au premier trimestre (T1) 2023. Et si dans un premier temps, la hausse était portée par l’énergie, c’est l’alimentaire qui pèse désormais le plus, avec la montée en flèche des prix des produits alimentaires (+18,2%) en plein mois sacré du Ramadan.

Cette situation grignote largement le pouvoir d’achat des Marocains, d’autant que les salaires eux n’augmentent pas. Les citoyens sont donc en train de faire face à un épisode d’inflation historique et affichent un état d’esprit négatif, malgré les mesures prises par le gouvernement.

Inquiets sur leur niveau de vie, les Marocains sont descendus une nouvelle fois dans les rues pour exprimer leur inquiétude. Des manifestations de colère ont été organisées samedi dernier, notamment à Casablanca, Rabat, Marrakech et Tanger pour protester contre l’escalade des prix des denrées alimentaires, à l’appel du Front social une coalition de partis de gauche, de syndicats et d’ONG de défense des droits de l’homme.

«La hausse des prix est une honte», «notre pays est agricole, mais les légumes y sont chers» ont scandé les manifestants qui se sont rassemblés en masse dans les différentes places fixées pour les sit-in.

«Nous dénonçons la politique du gouvernement qui avait promis d’être un gouvernement de l »État social’ mais qui s’avère être celui des disparités sociales», a déclaré à l’AFP Abdelkader Amri, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail (CDT).

Lire aussi : Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?

Grève dans la fonction publique

Visiblement, le mois d’avril s’annonce chaud bouillant. Une journée de grève nationale dans la fonction publique a été décidée par la CDT pour le 18 avril prochain, à l’issue d’une réunion de son bureau exécutif.

La centrale syndicale a indiqué dans un communiqué que cette grève sera accompagnée de sit-in de protestation. Objectif : amener le gouvernement à respecter ses engagements dans le cadre de l’accord du 30 avril 2022, notamment l’augmentation générale des salaires, la révision des tranches de l’impôt sur le revenu, l’introduction d’un nouveau grade et le lancement de dialogues sectoriels en vue de parvenir à des résultats concrets.

Le syndicat déplore par ailleurs le contexte national de crise «résultant de la hausse des prix des matières première et la baisse du pouvoir d’achat des citoyens» et met en garde le gouvernement contre les tensions qui pourraient en découler. Il dénonce surtout l’«indifférence de l’exécutif en lui reprochant de ne pas donner suite à la lettre adressée au chef du gouvernement au sujet de l’application de l’accord du 30 avril 2022».

La CDT a appelé enfin à poursuivre la mobilisation pour faire de la fête du travail, le 1er mai prochain, une journée de colère à l’échelle nationale.

Pour sa part, l’Union marocaine du travail (UMT) a aussi publié un communiqué, dans lequel il a fait savoir qu’il suit de près la situation actuelle qu’il qualifie de «bouillonnante» en raison «de l’augmentation exorbitante du coût de la vie et de la hausse vertigineuse des prix des produits de base et des services».

La plus ancienne centrale syndicale marocaine a livré un certain nombre de recommandations destiné au gouvernement. On cite : l’annulation graduelle de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur les produits de première nécessité et la réduction du taux des taxes intérieures de consommation (TIC). L’UMT appelle aussi à l’augmentation générale des salaires ainsi qu’à la réduction de l’impôt sur le revenu.

Lire aussi : Ramadan et inflation : le citoyen mis à mal

L’exécutif sous pression

Même si ce n’est pas le ressenti des Marocains, mais des mesures ont été mises en place par le gouvernement pour faire face à cette flambée des prix. Cependant, ces mesures, qui ne se font pas encore sentir sur les prix des produits de grande consommation, sont critiquées, jugées insuffisantes et mal ciblées, car dans ce contexte, où la confiance apparaît relativement faible, la mise en place d’une aide exceptionnelle, à l’instar de celle octroyée aux transporteurs, ne saurait être une réponse suffisante d’une problématique bien plus structurelle.

Et parce que les ingrédients sont réunis pour faire sauter la marmite sociale, le gouvernement multiplie les réunions et les annonces. Il se dit même prêt à prendre de nouvelles mesures s’il le faut pour maintenir les prix des produits alimentaires à des niveaux raisonnables. La dernière hypothèse retenue est celle d’une possible levée de la TVA sur les semences et les produits phytosanitaires, de façon à améliorer la productivité et les marges des agriculteurs.

Cette mesure fait partie des principaux points ayant marqué la réunion du 7 avril dernier entre Aziz Akhannouch et les professionnels de l’écosystème agricole. Le point a été également fait sur l’approvisionnement du marché national, la préservation de l’équilibre des chaines de production et la lutte contre les intermédiaires et spéculateurs.

Enfin, une importante réunion est prévue jeudi prochain, à la veille de l’ouverture de la session du printemps de la 11e législature (2021-2026). Elle rassemblera les trois leaders des partis de la majorité, à savoir Aziz Akhannouch, Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du PAM, et Nizar Baraka, secrétaire général de l’Istiqlal. Ces derniers discuteront des moyens de faire face à cette flambée des prix.

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