Un navire pétrolier au quai du Port de Mohammedia © DR
À en croire l’agence Reuters, la Russie s’efforce actuellement de réorienter ses approvisionnements en énergie, en augmentant les livraisons vers la Turquie et le Maroc, afin d’atténuer les effets du nouvel embargo imposé par l’Union européenne (UE). Alors que les clients les plus évidents pour remplacer les pays européens semblent être les géants asiatiques comme la Chine ou l’Inde, devenus les plus gros clients du pétrole russe depuis le début de la guerre, il n’en demeure pas moins que Pékin comme New Delhi souhaite s’approvisionner en pétrole brut et non pas en produits pétroliers raffinés. Ces deux États disposent d’importantes capacités de raffinage. Il y a donc moins de marchés de remplacement pour l’excédent de carburant russe.
Il faut savoir qu’en 2022, avant le début de la guerre en Ukraine, l’UE importait plus de la moitié de ses besoins en gasoil de Russie. Les pays de l’UE étaient les principaux acheteurs de gasoil russe, pour près de 700.000 barils par jour. Malgré une forte diminution depuis un an, plus d’un quart des importations de gasoil en Europe venait toujours de Russie début 2023, soit un volume quotidien de 450.000 barils. Comment cette situation pourrait profiter au Maroc ?
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Un filon à exploiter
Pour Bloomberg, le Maroc et la Turquie vont tirer profit de cet embargo et augmenter leurs importations de produits pétroliers raffinés de Russie à des prix compétitifs. Le leader américain de l’information économique et financière soutient que le Royaume a fortement augmenté ses importations de produits pétroliers russes. En janvier 2023, la part de gasoil russe dans les importations totales de gasoil au Maroc, a atteint 45% du total des importations. Un volume inédit dans le flux énergétique entre la Russie et le Maroc. Dans le même sillage, Bloomberg précise que cette intensification des flux vers la Turquie et le Maroc peut être liée à des opérations d’import de gasoil russe en Europe par l’intermédiaire du Maroc. Ce qui n’est pas illégal au vu de l’embargo effectif depuis le 5 février. Si le Maroc joue l’intermédiaire, il pourra profiter doublement de cet embargo en s’assurant des expéditions régulières de produits pétroliers et une manne financière par les opérations d’import/export. Il faudra juste que la logistique soit au rendez-vous pour réceptionner du gasoil de Russie et le réexpédier vers le Vieux Continent.
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Diesel, quand tu nous tiens !
90% des véhicules du marché automobile marocain roulent au diesel. Que ce soient les véhicules particuliers, utilitaires, de transport en commun ou de transport de marchandises, le diesel reste le carburant prédominant. De ce fait, l’augmentation de son prix se répercute directement sur les ménages, mais aussi indirectement par la hausse du coût du transport et par ricochet des produits de grande consommation. Le litre de gasoil est vendu aujourd’hui à 13,97 DH. D’où le soutien apporté par le gouvernement aux professionnels du transport. L’exécutif se veut aussi rassurant par rapport à la disponibilité du gasoil, essence, gaz et autres. La ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali, a indiqué ce jeudi, que la disponibilité des produits énergétiques est assurée de manière régulière, notant que les stocks atteignent 30 à 60 jours de consommation. Dans une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion interministérielle de haut niveau de veille et de suivi de l’approvisionnement des marchés et des prix, la ministre a fait état de stocks de 30 jours pour la majorité des produits énergétiques, et dépassant 60 jours pour certains de ces produits.
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Selon les données de Refinitiv, les livraisons de diesel russe ont atteint 735.000 tonnes en 2022, après seulement 66.000 tonnes en 2021. En janvier 2023, elles ont culminé à près de 140.000 tonnes. Si le Maroc disposait d’une raffinerie, il profiterait doublement de l’embargo européen pour importer du pétrole brut russe à un prix très avantageux, comme le font l’Inde et la Chine. Quoi qu’il en soit, depuis le nouvel embargo imposé le 5 février, le Maroc n’a pas communiqué sur son intention d’appliquer les sanctions de l’UE ou pas. S’il veut poursuivre la coopération avec la Fédération de Russie, il doit convaincre ses partenaires européens de sa démarche commerciale. Sinon, le Royaume pourrait se tourner vers les raffineurs indiens pour contourner cet embargo.
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