Accueil / Coups de plume
Mbaye Gueye Publié le 07/05/25 à 10:43
Temps de lecture

Un mal pour un bien 

C’est peut-être un mal pour un bien ! L’administration de Donald Trump a décidé de supprimer la contribution américaine au Fonds africain de développement (FAD) pour l’année prochaine. Ce guichet de prêts concessionnels du Groupe de la Banque africaine de développement bénéficiait d’un engagement de 588 millions de dollars de la part de l’administration Biden lors de la dernière reconstitution en 2022.

Le FAD contribue à promouvoir le développement économique et social dans les pays africains les moins développés, en octroyant des financements concessionnels dédiés à la mise en œuvre de projets et de programmes, et une assistance technique pour mener des études et des activités de renforcement des capacités. Les États-Unis sont, derrière la France et l’Allemagne, le troisième contributeur bilatéral du FAD. Depuis 40 ans, le pays de l’Oncle Sam a joué un rôle stratégique dans le financement de projets essentiels.

Cette décision vient refroidir les ambitions de la BAD. En effet, lors des Markets Days de l’Africa Investment Forum (AIF), tenu à Rabat en décembre dernier, le président sortant, Akinwumi Adesina, a rappelé l’urgence de combler le déficit en infrastructures à l’horizon 2030, estimé à 400 milliards de dollars.

Si certain craignent que ce retrait des États-Unis ne provoque un effet domino poussant certains bailleurs à revoir leur contribution à la baisse, cette décision pourrait également représenter une occasion de repenser le modèle de financement. Au rythme actuel, la BAD n’atteindrait jamais l’objectif qu’elle s’était fixée pour 2030. Cependant, la décision américaine peut être considérée comme une aubaine pour la nouvelle équipe dirigeante, qui pourrait chercher de nouveaux partenariats et revoir en profondeur ses modèles de financement.

En tout cas, la BAD détient son destin en main pour changer les choses lors de son assemblée annuelle, qui se tiendra du 26 au 30 mai, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Durant cette rencontre, l’institution élira un nouveau président pour un mandat de cinq ans et définira de nouvelles stratégies.