Accueil / Coups de plume
Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 16/05/25 à 10:33
Temps de lecture

Tuerie pour une chaussette

On connaissait les crimes passionnels, les crimes crapuleux, les crimes d’honneur, même les crimes d’ennui ! Mais alors là, les crimes pour une chaussette. C’est une première. En tout cas au Maroc !

Comment on peut nommer ça au juste ? Crime de la lessive mal partagée ? Du textile mal distribué ? Et entre frères en plus ! Non, non, ce n’est pas une blague, ce sont des faits. Un homme a tué son frère à Kser El Kébir pour avoir porté sa chaussette. Et le tueur en question, ne serait pas inconnu des forces de l’ordre. Un tableau de précédents.

On est figés, choqués, certes, mais, sans vouloir se faire l’avocat du diable, ce n’est pas l’objet qui tue, c’est tout ce qu’il y a derrière. Combien en sont là, comme ce présumé coupable, à bout, enfermés dans des colères intériorisées pendant des années, dans des frustrations qui s’accumulent ? Ce sont de véritables bombes à retardement. Ce frère-là n’a pas tué pour une chaussette. Il a explosé pour des années de tension, d’incompréhensions, de misère intérieure peut-être. Et comme toujours, c’est l’entourage qui en paye les pots cassés.

Est-ce qu’on va vraiment continuer à traiter ces histoires comme de simples faits divers, à classer dans la colonne « bizarreries marocaines », comme si c’était une anomalie isolée qui subvenait une fois de temps en temps ? Ou est-ce qu’on va se mettre les yeux en face des trous. La santé mentale, au Maroc, c’est encore tabou. Un luxe réservé aux riches, une honte pour les autres.

Mettons de vrais moyens dans la santé mentale, dans l’écoute, dans la prévention. Et surtout, arrêtons de rire nerveusement. Ce qui s’est passé est terrible. Pas risible. Terrible. Aujourd’hui c’est à Kser El Kébir, demain ça pourrait être sur votre palier.

pub