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Cover chronique METRONOME
Hafid El Jaï Publié le 30/06/25 à 10:44
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Pathétique

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Il fallait vraiment ça. Un ministre, un chef d’État étranger, un forum international organisé du 26 au 29 juin à Istanbul. Et au milieu, un selfie. Pas n’importe lequel : notre ministre du Transport et de la Logistique, qui tend le bras, cale son téléphone, et capture le président turc…

Certains ont commenté : « Ce n’est qu’une photo ». Mais la majorité de nos concitoyens actifs sur les réseaux sociaux ont vivement critiqué le ministre en question. Parce que selon leur vision des choses, à ce niveau de responsabilité, un cliché, ça pèse lourd. Et là, c’est l’image du Maroc qu’on a vue se froisser, pour un sourire mal placé et un post sur la page officielle du ministère.

Geste assumé par le ministre et son cabinet ? Bien sûr que non ! Le fameux selfie a disparu. Supprimé après la bronca. Comme si Internet avait un bouton effacer. Trop tard. La capture tourne encore, les moqueries aussi. Et franchement, qui se souvient du forum ? Des discours sur la mobilité, la connectivité, les corridors ? Personne. Ou si peu. Tout a été englouti par ce « clic » maladroit.

Il y avait pourtant tout autour : un décor soigné, des ministres du monde entier, le président de la République de Turquie posant pour une photo de famille. Le ministre, lui, a choisi sa minute perso. Le trophée. L’instant pour son téléphone.

Et personne pour dire stop ? Aucun conseiller, aucun collaborateur, personne pour murmurer : « Pas maintenant, pas ici » ? Ensuite, ça s’étonne du tollé. Mais c’est logique : on ne joue pas au touriste quand on représente un pays. On ne pique pas un souvenir quand on est censé défendre une image de sérieux.

Alors oui, certains trouvent ça exagéré. Un selfie, ça ne tue personne. Sauf qu’à force d’accumuler ces « petites choses », on finit par ressembler à ce qu’on ne veut pas être : amateur, maladroit, désinvolte. Pathétique, oui.

Qu’on le veuille ou non, un ministre n’est pas un influenceur. On l’a peut-être oublié. On croit qu’un post va rapprocher le citoyen, faire moderne. Mais la crédibilité, elle, se construit dans le silence et le protocole. Pas dans un flash volé entre deux poignées de main.

On efface, on s’excuse à demi-mot, et demain ? Demain, ça recommence, si personne n’apprend. Parce qu’il suffirait d’un rien pour éviter ça. Un selfie de trop, et tout bascule.

Le ministre istiqlalien n’avait vraiment pas besoin de ce bad buzz alors que son parti mise sur ses cadors pour briller, avec les prochaines législatives en ligne de mire.

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