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Cover chronique METRONOME
Hafid El Jaï Publié le 05/05/25 à 10:58
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Motion de censure

Un an après une tentative avortée, l’opposition parlementaire revient à la charge. Cette fois, la motion de censure pourrait aller jusqu’au bout. Le PJD a officialisé sa participation à l’initiative, validée lors de la première réunion de son secrétariat général après son dernier congrès. Un ralliement qui change la donne.

Le PJD y voit un « exercice démocratique essentiel », susceptible de ranimer le débat national et de confronter l’exécutif à ses engagements non tenus. Il dénonce une gestion autoritaire et centralisée des réformes, des abus de pouvoir répétés, des conflits d’intérêts persistants, et surtout, un refus manifeste de transparence dans le scandale des subventions à l’importation du bétail. Ce dossier, marqué par des soupçons d’enrichissement et de favoritisme, symbolise pour beaucoup l’échec d’une gouvernance opaque et désincarnée.

L’article 105 de la Constitution encadre strictement cette procédure : « la Chambre des représentants peut mettre en cause la responsabilité du gouvernement par le vote d’une motion de censure. Elle doit être signée par au moins un cinquième des députés, votée à la majorité absolue, et ne peut être soumise au vote qu’après trois jours francs. En cas d’adoption, elle entraîne la démission collective du gouvernement. Aucune nouvelle motion n’est ensuite recevable pendant un an ».

L’épisode manqué de 2024, miné par l’absence de coordination et des rivalités internes, a laissé des séquelles. Mais cette fois, l’opposition – l’USFP, le PPS, le MP et désormais le PJD – semble avoir tiré les leçons du passé. Elle dispose du nombre requis pour le dépôt. Le vrai défi sera d’en faire un moment politique, au-delà du simple calcul arithmétique.

« Le Parlement ne peut rester un théâtre d’ombres », insiste un député déchaîné lors de la dernière séance des questions orales. Dans un contexte de défiance grandissante, cette initiative pourrait relancer une dynamique parlementaire en berne. Elle vise à remettre la responsabilité politique au centre du jeu, dans un système où la majorité confisque les institutions.

Si la motion échoue, elle exposera les fragilités persistantes de l’opposition. Si elle réussit à créer un sursaut, elle aura montré que le Parlement peut encore secouer l’exécutif.