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Chronique CADENCE
Sabrina El Faiz Publié le 25/04/25 à 10:28
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La Coupe du monde pour les nuls

La crémaillère ne s’est pas faite avec le dos de la cuillère. Il faut dire que les Marocains font rarement dans la dentelle. Deux semaines. Il aura suffi de 15 jours pour que le flambant neuf stade Mohammed V se fasse vandaliser. Un haut-lieu casablancais rénové à coups de centaines de millions, avec caméras de surveillance dernier cri, sièges flambants neufs, peinture fraîche, sol brillant digne d’un hôpital privé. Et bim, retour à l’état sauvage. Merci, au revoir.

Alors oui, on peut faire les outrés. Faire les gros yeux. Pointer du doigt les « voyous ». C’est facile ! Et ça, tout le monde peut le faire, même le plus inculte de vos contacts sur LinkedIn. Mais franchement, qui s’étonne encore ? Quand on arrose du béton au lieu d’arroser les cerveaux, il ne faut pas pleurer quand ça moisit vite. La matière grise ça se maintient, c’est du sport aussi !

Depuis qu’on a décroché le Saint Graal de la co-organisation de la Coupe du monde 2030, c’est All inclusive : stades XXL en devenir, trams qui brillent plus que les bulletins scolaires, tours qui touchent le ciel, mais pas le fond des problèmes… On bétonne à tout-va, on repeint les façades, on réinvente les trottoirs. On veut être la « world class ». Mais avec quels citoyens ?

Parce que pendant qu’on installe des projecteurs sur les pelouses, les écoles publiques, elles, crèvent la dalle. Les classes surchargées, les profs épuisés, les enfants qui n’ont pas de bouquins, ni même de chaises parfois. Mais bon, il faut croire que 2030, prévaut sur l’éducation d’aujourd’hui.

On mise tout sur l’image. Le décor. On prépare le salon pour accueillir les invités, mais on ferme la porte des chambres où s’entassent les vrais problèmes. Sauf qu’un pays, ce n’est pas un plateau télé. Ce n’est pas avec des stades 4 étoiles qu’on forme une jeunesse digne de ce nom.

Alors oui, le stade a été saccagé. Mais ce n’est peut-être pas qu’un acte de vandalisme. C’est peut-être une réponse. Maladroite, violente, mais criante. Une réponse d’une jeunesse qu’on laisse sur le banc de touche pendant que le budget joue en attaque.