Chaque année, Aïd al-Adha se prépare avec délice, amour et impatience. La famille se réunit, et tout Marocain qui se respecte pue les grillades pendant plusieurs jours. Mais ces dernières années, avouons-le, le rituel s’est déroulé sous le signe de l’inflation. C’est ainsi, que le 26 février 2025 un message royal a été lu à la nation, les Marocains sont exhortés d’être raisonnables. Dans l’Histoire du pays, ce n’est pas la première fois que cela arrive. 1963, 1981, 1996… Retour sur ces dates fatidiques.

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Aïd al-Adha, pour un Musulman, ce n’est pas seulement une célébration gourmande. Il s’agit avant tout de la mise en lumière de la foi et de la générosité, elle résonne comme un écho lointain au sacrifice, symbole d’abnégation et de dévotion. Pourtant, certaines années, l’Histoire a imposé une parenthèse à ce rituel ancestral, rappelant que la religion s’accorde aussi aux réalités économiques.

Le Maroc ne célébrera pas Aïd al-Adha comme d’habitude cette année. Dans un message royal du 26 février 2025, le roi Mohammed VI a appelé les Marocains à renoncer au sacrifice, invoquant les difficultés économiques et la baisse du cheptel national.

Le Roi a souligné que le sacrifice du mouton, bien qu’important, demeure une tradition (Sounna) et non une obligation. Son maintien dans un contexte de forte pression sur le marché du bétail et sur le pouvoir d’achat des ménages risquerait de fragiliser de nombreuses familles.

Parallèlement, et pour ceux qui se posent la question, aucune annonce officielle ne remet en cause les jours fériés de la fête. Bien que le sacrifice soit annulé, la célébration garde son caractère spirituel et familial, marqué par la prière, le partage et la solidarité. Il est donc probable que les jours de repos soient conservés.
Le message royal encourage à privilégier l’entraide et les dons aux plus démunis. Une occasion de célébrer autrement, en mettant en avant les valeurs de générosité et de cohésion sociale.

1963 : la guerre et la survie

En cette année marquée par la Guerre des sables, conflit armé entre le Maroc et l’Algérie, le pays s’enfonce dans une crise économique et sociale. L’urgence n’est pas à la célébration, mais à la survie. Le sacrifice du mouton, pratique ancrée dans la tradition, devient un luxe inaccessible pour nombre de familles. Devant l’austérité imposée par la guerre, les autorités décident d’annuler Aïd al-Adha pour éviter un fardeau supplémentaire aux citoyens.

1981 : Aïd al-Adha face à la sécheresse

Le Maroc traverse à cette époque une crise climatique sans précédent. Une sécheresse ravageuse décime les troupeaux et fait grimper les prix du bétail. Le pays, déjà fragilisé par des tensions sociales croissantes, doit faire face à une révolte du pain à Casablanca, démontrant la détresse d’une population à bout de souffle. L’État prend alors une mesure radicale : annuler le sacrifice afin de préserver les ressources et éviter une crise alimentaire plus grave.

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1996 : une décision sage

Quatre décennies après l’indépendance, le Maroc n’en a pas fini avec les aléas climatiques. La sécheresse persiste, laissant le pays exsangue. Les autorités, soucieuses d’éviter une flambée des prix et de protéger les agriculteurs, décident à nouveau de suspendre le sacrifice. Si la décision suscite d’abord des interrogations, elle est finalement acceptée, révélant une prise de conscience collective sur la nécessité d’adapter les rites aux circonstances.

2025 : Un appel à la raison

Cette année, le Maroc ne connaîtra pas une annulation pure et simple du rituel, mais une exhortation à la retenue. Dans son message adressé à la nation le 26 février 2025, le roi Mohammed VI invite les Marocains à renoncer au sacrifice. La raison ? Une crise climatique persistante, une économie en tension et un cheptel en forte régression.

Le Souverain invite son peuple à perpétuer l’esprit de la fête par d’autres gestes : l’aumône, l’entraide et la gratitude envers Dieu.

L’Histoire l’a prouvé à plusieurs reprises : Aïd al-Adha, loin d’être figé, s’adapte aux contingences du moment. Ce n’est pas un renoncement, mais une réinterprétation de ses valeurs profondes. En 2025, comme hier, les Marocains célébreront leur foi, non par le sang versé, mais par la compassion et la fraternité.

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