Les médecins du public en grogne contre Fouzi Lekjaa

Avatar de Nora Jaafar
Temps de lecture :

Fouzi Lekjaa, ministre délégué auprès du ministre de l'Economie et des Finances, chargé du Budget

A
A
A
A
A

Fouzi Lekjaa, ministre délégué en charge du Budget, a levé un coin de voile de la réforme du système de santé, notamment la valorisation des ressources humaines. Il a plaidé pour une révision profonde de la fonction publique médicale, en payant les médecins à l’acte pratiqué. Le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP) s’est fortement opposé à cette réforme, dénonçant une logique comptable et une approche purement financière.

Les médecins du public sont de nouveau en colère contre le gouvernement. Cette fois, leur ire intervient à la suite des déclarations de Fouzi Lekjaa, ministre délégué en charge du Budget, lors de la réunion du week-end dernier avec les membres de la Commission des finances à la Chambre des représentants. Au cours de cette rencontre, Lekjaa a présenté les prémices dela réforme du système de santé. Interpellé par les parlementaires au sujet de la hausse des salaires des médecins du public, il a reconnu que le salaire de 7.000 DH par mois pour un médecin au Maroc est «insuffisant». Il a expliqué que même après une revalorisation qui élèverait les salaires à plus de 8.000 DH, ces derniers restent «insuffisants pour les médecins».

Ainsi, le responsable a suggéré de réformer en profondeur la fonction publique médicale et de payer les médecins à l’acte pratiqué. Il a souligné dans ce sens qu’«un médecin ne peut pas être un fonctionnaire»,et qu’il«doit être rémunéré à l’acte pratiqué, avec un seuil minimum et un plafond». «S’il arrive à atteindre 100.000 DH par mois, tant mieux pour lui, s’il préfère travailler peu et gagner 30.000 DH, c’est son choix également», a-t-il précisé.PourLekjaa, il est impossible d’avoir deux structures dans le système de santé, avec un secteur privé qui permet aux médecins d’avoir des rémunérations différentes de leurs confrères du public. Selon lui, il est temps de «rompre avec les anciennes considérations liées à l’échelon, l’échelle, le grade… et aller vers un nouveau système». Le ministre a d’ailleurs annoncé ce week-end que le projet de loi est déjà prêt et devrait faire prochainement son entrée dans le circuit législatif.

Lire aussi :Pass vaccinal, immunité collective, réforme de la Santé… les précisions d’Aït Taleb

La condamnation du SIMSP

Les précisions de Fouzi Lekjaa ont très vite attisé la colère du Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), qui en réponse a adressé une lettre incendiaire le 1er novembre Lekjaa ainsi qu’à Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, et à Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement. «Les médecins reçoivent avec stupéfaction toutes les justifications et arguments fragiles derrière lesquels se cachent les gouvernements successifs pour se désengager de leurs promesses», tonne la correspondance à travers laquelle le SIMSP a lancé : «nous le disons à tous avec clarté : nous condamnons les récentes déclarations du ministre délégué chargé du budget». Et de noter que les justifications de Lekjaasont «infondées» et dissimulent «une logique comptable et une approche purement financière qui ne prend pas en considération la dimension sociale».

El Mountadar Alaoui, secrétaire général du SIMSP, martèlepour sa part : «nous sommes opposés à tout traitement unilatéral de cette réforme, sans faire participer les syndicats pour donner leurs avis». Il précise que ledit syndicat réclame que le gouvernement adopte une approche participative, ajoutant : «nous avons nous-même revendiqué cette réforme. Pourtant, lors de l’intervention du ministre chargé du Budget, il a annoncé que la réforme est prête et qu’elle sera bientôt soumise au Parlement alors que nous ne disposons pas d’informations sur ce nouveau texte». Le SIMSP estime que ce projet pourrait être «dangereux», si son élaborationne prend pas en considération l’avis et les observations des médecins du secteur public.

La réforme du secteur doit émaner des revendications de ses professionnels, estime Alaoui. Il explique que les médecins du public veulent que «les acquis de la fonction publique soient préservés» sur la base des grandes lignes de leurs dossiers revendicatifs. De plus, le SIMSP précise dans sa lettre, son attachement à la mise en place d’un système de salaire fixe suffisamment motivant. Ilévoque aussi l’importance de l’autorisation del’indice 509 avec toutes ses indemnités. Une mesure qui a longtemps été considérée comme une priorité pour les médecins du public, et dont l’application permettra une augmentation des salaires.

Désormais, le syndicat exige l’ouverture «d’un débat national» autour de cette réforme et met en garde«contre toute tentative de l’imposer de manière unilatérale».

Dernier articles
Les articles les plus lu
L’USFP organise son 12e congrès national du 17 au 19 octobre

Politique - l'USFP organise son 12e congrès national, un événement clé pour l'avenir du parti.

Mouna Aghlal - 15 octobre 2025
Transport et mobilité : Abdessamad Kayouh met en avant les transformations majeures du Maroc

Politique - Entre extension du réseau à grande vitesse, développement des hubs aéroportuaires et projets logistiques innovants, le Royaume trace la route d’une mobilité intégrée et stratégique à l’horizon 2035.

Mouna Aghlal - 15 octobre 2025
Talbi El Alami reçoit la représentante du PNUD pour renforcer la coopération

Politique - Rachid Talbi El Alami a rencontré à Rabat la représentante du PNUD, Ilaria Carnevali. Les deux responsables ont discuté du renforcement de la coopération autour de priorités communes, dont le développement durable, la jeunesse et la sécurité alimentaire.

Ilyasse Rhamir - 15 octobre 2025
Rentrée scolaire 2025-2026 : une nouvelle feuille de route contre le décrochage

Politique - Lors d'une réunion, Mohamed Saad Berrada a mis le cap sur une stratégie contre le décrochage scolaire et la réinsertion des NEET.

Mouna Aghlal - 15 octobre 2025
Renforcement de la coopération judiciaire entre Rabat et Bagdad

Politique - Hicham Balaoui et Mohammad Ali Al-Lami discutent d'une coopération efficace pour renforcer la justice entre les deux nations.

Mouna Aghlal - 15 octobre 2025
Maroc-Chine : Aziz Akhannouch reçoit une délégation de la province d’Anhui

Politique - À Rabat, Aziz Akhannouch a reçu une délégation chinoise de haut niveau pour renforcer la coopération économique et énergétique entre le Maroc et la province d’Anhui.

Hajar Toufik - 14 octobre 2025
Voir plus
Sahara : 4 ans pour tout régler ?

Dossier - Le Maroc peut maintenant demander plus : sortir le dossier du Sahara de la quatrième commission de l'ONU, inscrire le Polisario comme organisation terroriste…

Sabrina El Faiz - 25 janvier 2025
Sahara : Guterres appelle à un changement de cap

Politique - L’ONU tire la sonnette d’alarme : le Sahara reste en tension, Guterres appelle les parties à un changement de cap pour éviter l’escalade.

Hajar Toufik - 25 août 2025
Fête du Trône : le Roi adresse un discours à la Nation

Le roi Mohammed VI a adressé, mardi, un discours au peuple marocain à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au Trône. Voici le texte…

Rédaction LeBrief - 29 juillet 2025
Parlement : la diplomatie de l’ombre

Dossier - À l’instar d’un pur-sang arabe, le Parlement avance toujours, rectifiant ses virages au besoin. Immersion dans un univers parallèle.

Sabrina El Faiz - 28 décembre 2024
Le Roi préside à Rabat un Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres à Rabat, validant des réformes importantes, des nominations stratégiques et des conventions renforçant la coopération internationale.

Hajar Toufik - 12 mai 2025
Sahara : pourquoi le Maroc doit agir avant la fin du mandat de Trump ?

Politique - Pour le Sahara, l'heure n'est plus à la négociation, le contexte international offre une fenêtre d'opportunité inédite. Interview avec Pr. Nabil Adel.

Sabrina El Faiz - 24 avril 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire