À Beyrouth, Carlos Ghosn a décidéde profiter de sa première sortie médiatique, depuis son arrestation en 2018, pourdénoncerle système juridique japonais et exposer les contours de son arrestation. Il a affirmé qu’il était victimed’un complot visant à l’évincer de la plus puissante alliance automobile du monde, rapporte Euronews. « Pour la première fois depuis le début de ce cauchemar, je peux me défendre et parler librement », a-t-il déclaré. Il a précisé que l’objectif de sa conférence n’était pas de raconter la façon dont il a fui le Japon. « Je ne peux pas parler de ma fuite, car si je le fais je vais exposer beaucoup de personnes à des problèmes. Un jour, peut-être, vous connaîtrez la réalité. Dans vingt ans, je pourrai peut-être confirmer ou infirmer ces informations ! », a-t-il expliqué, indique 20minutes. Il a souligné que sa sortie visait à blanchir son nom et d’expliquer pourquoi il « n’aurait jamais dû être arrêté en premier lieu ». Notons que Ghosn a été appréhendé il y a plus d’un an à Tokyo,où ilest poursuivi pourmalversations financières. Il a également été accusé d’avoir falsifié les montants de ses revenus pendant des années et d’avoir détourné 5 millions de dollars de l’argent de Nissan vers un concessionnaire automobile qu’il contrôlait.
Selon Bloomberg, depuis le début de cette affaire, l’ancien titan de l’industrie automobile a démenti tout acte répréhensible. Ce mercredi, il a critiqué le système de justice pénale du Japon, qui, selon lui, « viole les principes les plus fondamentaux de l’humanité ». Ghosn a affirmé que sa détention était le résultat d’un complot, dont le principal objectif était de le détrôner de la présidence de l’empire automobile qu’il avait construit avec Nissan (NSANF), Renault (RNLSY) et Mitsubishi Motors. « J’étais arrêté pour des revenus différés, qui n’avaient pas été décidés nivalidés » par le conseil d’administration. En d’autres termes, Ghosn considère qu’il n’avait aucune obligation de déclarer les revenus incriminés. Selon lui, ce n’est « pas une affaire pénale, pas un délit non plus, et en aucun cas cela ne justifie une arrestation », souligne Le Figaro. La même source rapporte que Ghosn a révélé les noms des personnes impliquées dans cette affaire, notamment le PDG de Nissan de l’époque, Hiroto Saikawa, l’ancien responsable de la communication et des relations avec le gouvernement de Nissan, Hitoshi Kawaguchi, ainsi qu’un autre cadre de l’entreprise japonaise, Hidetoshi Imazu.
La chaine CNN indique que moins de 24 heures avant le début de cette conférence, l’équipe de défense de Ghosn a publié une déclaration fustigeant l’enquête de Nissan sur son ancien patron, affirmant qu’elle ne cherchait pas à révéler la vérité, mais qu’elle était plutôt « menée dans le but spécifique et prédéterminé de le faire tomber ». Ghosn, a pour sa part,dénoncé à Beyrouth une « collusion » entre Nissan et le procureur japonais. « La collusion entre Nissan et les procureurs est à tous les niveaux », a-t-il lancé. « Quand j’ai demandé à mes avocats (…) ils ont dit qu’ils craignaient que cinq ans s’écoulent peut-être au Japon avant que je n’obtienne un verdict », a-t-il ajouté. « Il n’y avait aucune chance que je sois traité équitablement. Imaginez que vous vous retrouvez dans une situation comme la mienne, où (…) vous avez 99,4 % de chances d’être inculpé », a expliqué Ghosn. Nissan, qui à ce jourrefuse de commenter les allégations de son ancien patron, a confirmé qu’elle poursuivrait « une action en justice appropriée » contre Ghosn.
Rappelons que Ghosn a réussi à s’échapper du Japon malgré les conditions strictes de sa mise en liberté sous caution, notamment l’obligation de rester dans le pays. La ministre japonaise de la Justice, Masako Mori, a confirmé le dimanche 5 janvierqu’il avait quitté le pays « clandestinement par des méthodes illégales », rapporte Reuters. Elle a ordonné au ministère de l’Immigration de son pays de « renforcer davantage » les règles de sortie du territoire « afin que cette situation ne se reproduise pas ».
De son côté, le Liban a annoncé la semaine dernière que Ghosnétait entré légalement dans le pays, rapporte L’Orient Le Jour. Le géant déchu de l’industrie automobileest citoyen de France, du Brésil et du Liban, précise la même source. Trois de ses passeports avaient été confisqués et détenus par son équipe de défense japonaise pour l’empêcher de fuir le pays. Mais Junichiro Hironaka, son avocat, a révélé le samedi dernier que son client avait un deuxième passeport français. Il a déclaré que le passeport en question était caché dans une boîte verrouillée, que seuls ses avocats y avaient accès.
Par ailleurs, interrogé sur la demande d’arrestation remise à son encontre au Liban par Interpol, Ghosn a répondu qu’on « peut combattre une notice rouge » d’Interpol. « Je ne me considère pas comme un prisonnier au Liban, je suis ravi d’être ici », a-t-il déclaré, expliquant être « prêt à rester sur le long terme au Liban », rapporte Le Parisien.
Enfin, frustrés par la fuite spectaculaire de Ghosn,les procureurs japonais ont émis le mardi 7 janvier un mandat d’arrêt contre sa femme, Carole Ghosn. Ces derniers l’accusent d’avoir présenté un faux témoignage lors d’une audience devant le tribunal remontantà avril 2019. Elle a assisté au côté de son mari à la conférence de presse de ce mercredi.Ghosn a fortement nié que les membres de sa famille auraient contribué à sa fuite et a conclu la conférence en disant : « Je n’avais pas d’autre choix que la fuite pour me protéger et protéger ma famille.Cette fuiteétait la décision la plus difficile de ma vie », rapporte Le Figaro.
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