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Statu quo du taux directeur : les TPME marocaines crient leur détresse

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Réuni, mardi 26 septembre, sous la présidence de Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), le Conseil de la Banque centrale a décidé de maintenir le taux directeur à 3%, après trois hausses successives d’un total de 150 pbs. Cette décision risque de malmener la trésorerie des TPE-PME, déjà mise à rude épreuve par les effets prolongés de la Covid-19, de la sécheresse, et de l’inflation. Le point avec le président de la Confédération marocaine des TPE-PME, Abdellah El Fergui.

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Le 26 septembre, Bank Al-Maghrib (BAM) a tenu son troisième Conseil de l’année dans un contexte difficile marqué par les conséquences du séisme et la pression sur les budgets de l’État. Au cours de sa réunion, le Conseil a décidé de maintenir le taux directeur à 3%, après trois hausses successives d’un total de 150 points de base (pbs).

Lors d’un point de presse à Rabat, le wali de la Banque centrale, Abdellatif Jouahri, a indiqué que la décision du Conseil de BAM d’opter pour un statu quo sur le taux directeur s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, elle prend en considération la tendance à la baisse de l’inflation et le niveau élevé d’incertitude lié à la situation économique mondiale. De plus, cette décision tient compte du contexte national suite au récent séisme à Al Haouz.

Jouahri a également souligné que cette décision est motivée par les prévisions pour 2024, qui se rapprochent de l’objectif de la Banque centrale. En ce qui concerne la conjoncture internationale, il a noté la difficulté de prévoir son évolution, notamment en ce qui concerne les prix du pétrole, en raison des fluctuations de la production par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+), avec la Russie.

Lire aussi : BAM : voici les prévisions macroéconomiques pour les prochains mois

Perspectives économiques favorables

Le Conseil de BAM a noté une forte décélération de l’inflation, qui est passée de 10,1% en glissement annuel en février à 5% en août. Cette amélioration a été favorisée par les mesures gouvernementales, la réduction des pressions extérieures et le resserrement de la politique monétaire.

De plus, le Conseil a mis en avant des prévisions de croissance économique de 2,9% pour l’année 2023, suivies d’une augmentation à 3,2% en 2024. Ces projections ne prennent pas en compte les conséquences du séisme d’Al Haouz ni les retombées des mesures de reconstruction et de relance annoncées.

Lire aussi : Conseil de BAM : faut-il s’attendre à une stabilité du taux directeur ?

TD inchangé : ce qu’en pensent les TPE-PME

Contacté par la rédaction de LeBrief, Abdellah El Fergui, président de la Confédération des Très petites entreprises (TPE) et Petites et moyennes entreprises (PME), nous a donné son avis sur le TD inchangé. Il a affirmé qu’ «au regard des perspectives économiques favorables, nous attendions que BAM abaisse le taux directeur d’au moins 1% pour atteindre 2% au lieu de 3% actuellement afin de faciliter l’accès des TPE-PME aux crédits bancaires». Selon lui, les augmentations successives du taux directeur «ont entravé le financement des TPE-PME, tout en favorisant le financement des grandes entreprises».

«Le gouverneur de BAM, a justifié cette décision en expliquant qu’il souhaitait disposer du recul nécessaire pour évaluer l’impact du séisme sur le budget de l’État et la dette du Trésor, malgré les résultats satisfaisants obtenus jusqu’à présent», a-t-il noté.

Et, de souligner qu’ «il aurait été opportun de profiter de cet élan de solidarité envers les victimes du séisme du 8 septembre en abaissant le taux directeur. Cela aurait permis aux TPE-PME des régions touchées d’obtenir les moyens financiers, en particulier des crédits bancaires, pour participer à l’immense chantier de reconstruction de l’Atlas et des villes environnantes».

En maintenant le taux directeur à 3%, a-t-il poursuivi, Bank Al-Maghrib «ne permet qu’aux grandes et moyennes entreprises de participer à ce projet de reconstruction d’Al Haouz». «Pour nos TPE, en particulier celles des régions les plus touchées, cela aurait été un moyen de relance après la crise de la Covid-19, la sécheresse, l’inflation et un taux directeur maintenu à 3%», a déploré notre interlocuteur.

Lire aussi : Situation des TPE-PME : la Confédération lance un cri d’alarme

Quelles répercussions sur les TPME ?

Le président de la Confédération des TPE/PME soutient que la décision de BAM de maintenir un taux directeur élevé ne tient pas compte de l’impact sur les 7 millions de TPE au Maroc, qui représentent plus de 97% du total des entreprises marocaines. Sans oublier «les nombreuses faillites en cascade de ces TPE, avec plus de 20.000 en 2021, 25.000 en 2022 et plus de 250.000 menacées de faillite, il faut également prendre en compte les TPE des provinces touchées par le séisme du 8 septembre».

À cette occasion, «nous demanderons à Jouahri, lors du prochain Conseil en décembre, de réduire le taux directeur d’au moins 1% afin de donner un souffle d’oxygène aux millions de TPE», confirme notre interlocuteur.

Par ailleurs, «nous sollicitons la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, pour que son ministère à travers Tamwilcom et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) lance un programme de financement similaire à celui mis en place pendant la pandémie de Covid, mais cette fois-ci spécialement aux TPE des provinces directement touchées par le séisme, ou indirectement affectées par les effets de la crise au cours des prochains mois, lorsque l’activité économique connaît une baisse significative, ce que l’on appelle communément  »la basse saison » au Maroc», a-t-il conclu.

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