Saber Rebai : « Saad Lamjarred est un artiste haut en couleurs »

Avatar de Ayoub JouadiAvatar de Sabrina El Faiz
Temps de lecture :

Saber Rebai : « Saad Lamjarred est un artiste haut en couleurs »Saber Rebai lors de la conférence de Mawazine à Rabat, le 27 juin 2025 © Ayoub Jouadi / LeBrief

A
A
A
A
A

C’est un Saber Rebai en grande forme qui s’est présenté, ce jeudi à Rabat, devant un parterre de journalistes, de fans et de curieux, venus assister à sa conférence dans le cadre du festival Mawazine. Regard chaleureux, blagues à mi-voix et un petit mot en franc-darija bien senti pour faire plaisir à la salle. L’artiste, ravi d’être là, avait des choses à dire. De la musique, à la mémoire, en passant par… un certain Saad Lamjarred.

On a tous vu ces conférences de presse où les artistes se contentent de dérouler leurs réponses comme une checklist : « Oui, je suis content d’être là. Oui, le public marocain est formidable. Oui, vive la musique ». Sauf que là, Saber Rebai a crevé les écrans. Ou plutôt, crevé les micros.

Je ne peux pas passer une journée sans penser à ma mère 

Instant émotions. « Je ne peux pas passer une journée, une heure, sans penser à elle », confie-t-il, visiblement touché. Une mère qui, selon lui, « l’a porté, soutenu, élevé, prié pour lui de la terre jusqu’au ciel ». On sent bien que le chanteur ne joue pas un rôle. C’est l’homme qui parle, pas l’artiste.
Puis, il enchaîne avec une autre figure tutélaire : son père. « Mon père, c’était ma première école. Il m’a appris l’art, la musique, le goût du beau. Il me chantait des chansons. Il a cru en moi avant moi ». La salle est suspendue à ses mots. Parce que dans un festival qui enchaîne les stars et les flashs, on n’est pas habitués à entendre parler de patience, d’éducation, de transmission.

Et puis, paf : Saad Lamjarred

Vidéo © Ayoub Jouadi / LeBrief

Saber Rebai ne cherche pas à éviter le sujet. Au contraire, il l’attrape à bras-le-corps. Interrogé sur son avis sur l’interprète de « Lm3allem » il répond du tac au tac : « Saad ? C’est un ami. Un artiste haut en couleurs. Il n’est pas comme les autres. Il a du charisme, il est multiforme, il peut chanter dans plusieurs styles. Il ne laisse pas indifférent ».

Là, la salle commence à s’agiter. On sait que le nom de Saad Lamjarred, au Maroc comme ailleurs, provoque des réactions épidermiques ou cardiaques, selon l’amour qu’on lui porte. L’homme est au cœur de polémiques judiciaires, c’est un fait. Mais Saber Rebai, lui, choisit de parler musique. Il évoque leur amitié, leurs échanges, leur envie, avortée, de faire un duo ensemble. Et ce concert, pendant la période Covid, où ils ont chanté à deux voix Sahar Essabah, avec RedOne. « On veut faire une autre chanson ensemble. Quelque chose de fort, de musicalement noble ».

Lire aussi : Mawazine 2025 : une programmation prestigieuse pour la 20e édition

Mais Rebai n’est pas venu à Rabat uniquement pour parler de copains chanteurs. Il a aussi le cœur serré quand il évoque la Palestine. « Même si on chante, même si on monte sur scène, on ne doit pas oublier. Ne serait-ce qu’avec une parole, une allusion, un symbole. On doit rappeler qu’on pense à eux ».

Il ne s’improvise pas politique, mais il insiste : « On n’a peut-être pas les moyens de changer les choses, mais au moins, on ne doit pas les oublier ». Une parole sincère, loin du buzz, qui touche droit au but.

Maroc, football, fierté arabe

Parce que c’est aussi un Rebai fier qui prend la parole. Fier de voir le Maroc briller sur la scène internationale, notamment après la participation du pays à la Coupe du monde. « C’est une fierté pour nous, pour le monde arabe. Après le Qatar, c’est le Maroc qui montre que quand les pays arabes travaillent sérieusement, ils peuvent se hisser au sommet ».

Il en profite pour envoyer un petit tacle (gentil) à la FIFA : « C’est une reconnaissance. Une façon de dire qu’on existe, qu’on est capables ».

Évidemment, on ne quitte pas un chanteur sans lui parler… de chansons. Pas de date encore pour un nouvel album, mais des envies, oui. Des projets, aussi. Et surtout une conviction « la musique, ce n’est pas juste des notes. C’est ce qui nous relie à nos racines, à nos luttes, à nos émotions ».

Dernier articles
Les articles les plus lu
Le film marocain « Carved By the Wind » primé au festival Écrans Noirs

Culture - Le long métrage « Carved By the Wind » de la réalisatrice marocaine Layla Triqui a décroché l’Écran d’Or au festival panafricain Écrans Noirs à Yaoundé.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2025
Théâtre Riad Sultan : lancement de la saison culturelle à Tanger

Culture - Entre pièces, concerts, lectures et ateliers pour tous les âges, le Théâtre Riad Sultan s’affirme comme un espace de rencontre et de création au cœur de la vie culturelle de Tanger.

Ilyasse Rhamir - 29 septembre 2025
27e édition du festival « Jazz à Rabat » : un pont musical entre cultures

Culture - La 27e édition du festival « Jazz à Rabat » s’ouvre dans une ambiance festive, mêlant jazz contemporain et traditions marocaines.

Ilyasse Rhamir - 26 septembre 2025
Rabat : le site de Chellah s’illumine avec l’édition 2025 de « Nostalgia »

Culture - À Rabat, le site de Chellah s’illumine du 25 au 28 septembre avec « Nostalgia », un spectacle mêlant patrimoine, drones et expériences visuelles inédites.

Hajar Toufik - 25 septembre 2025
Le Maroc accueille la 4e édition du congrès mondial du Flamenco

Culture - Découvrez les temps forts de la 4e édition du congrès mondial du Flamenco, un événement incontournable au Maroc.

Mouna Aghlal - 24 septembre 2025
Claudia Cardinale, légende du cinéma italien, s’éteint à 87 ans

Culture - Décès de Claudia Cardinale, légende du septième art, à 87 ans, entourée de ses enfants en France. Un hommage à sa carrière exceptionnelle.

Mouna Aghlal - 24 septembre 2025
Voir plus
Mawazine 2025 : l’heure du bilan

Culture - Mawazine 2025 fête ses 20 ans entre concerts réussis, controverses médiatisées et défis organisationnels.

Hajar Toufik - 30 juin 2025
Casa Music Week : retard, désorganisation, discrimination

Culture - L’édition 2025 de la Casa Music Week, événement très attendu par les amateurs de musique urbaine et pop au Maroc, ne laissera pas que de bons souvenirs.

Rédaction LeBrief - 23 juin 2025
Aux frontières du réel et de la fiction dans le roman social : le cas « Houris »

%customterm(topic)% - L’affaire entourant Kamel Daoud et son roman Houris illustre les tensions qui surgissent lorsque fiction et réalité s’entrelacent.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024
Appropriation d’un caftan fassi : le Maroc saisit l’UNESCO contre l’Algérie

Culture - Le Maroc a déposé une plainte officielle auprès de l'UNESCO, accusant l'Algérie d'appropriation culturelle.

Hajar Toufik - 21 mai 2024
L’Morphine : clashé, attaqué, mais jamais effacé

Culture - L'Morphine n'est pas lisse, il est brut. Pas cynique, mais lucide. Il fait du rap comme d'autres font des berceuses rébarbatives.

Sabrina El Faiz - 27 juin 2025
Maroc : carrefour des arts

Culture - Une année haute en couleurs ! D'ailleurs, le Maroc ne rate pas une occasion de faire briller les siennes sur la scène culturelle. 

Mbaye Gueye - 31 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire