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Rougeole : « Il ne faut pas faire la comparaison avec la Covid-19 »

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Il ne faut pas faire la comparaison avec le Covid-19 et la rougeoleImage d’illustration. DR

La santé publique au Maroc est confrontée à un défi majeur : la recrudescence inquiétante de la rougeole. Longtemps maîtrisée grâce aux campagnes de vaccination, cette maladie virale connaît aujourd’hui une résurgence alarmante, touchant gravement les jeunes enfants et les populations vulnérables. Au-delà des chiffres préoccupants et des drames humains, cette situation soulève d’importantes questions sur l’efficacité des programmes de vaccination, l’impact durable de la pandémie liée à la Covid-19 sur les systèmes de santé, et les défis liés à la lutte contre la désinformation. Éclairage.

Depuis l’automne 2023, le Maroc fait face à une recrudescence inquiétante de la rougeole, une maladie virale pourtant maîtrisée grâce à la vaccination. Cette situation, qualifiée d’épidémie par les autorités sanitaires, soulève de vives préoccupations et met en lumière l’importance cruciale de la couverture vaccinale. Toutefois, face au nombre croissant de cas, notamment parmi les enfants. Certaines rumeurs inquiétantes sur un possible reconfinement commencent à circuler sur les réseaux sociaux.

Une propagation alarmante : les chiffres clés

Les chiffres communiqués par le Ministère de la Santé et de la Protection Sociale sont alarmants. Depuis octobre 2023, le Maroc a enregistré une augmentation significative des cas de rougeole à travers toutes les régions du pays. Selon les données les plus récentes, le nombre de cas recensés dépasse les 25.000, avec malheureusement plus de 120 décès associés, principalement chez les enfants de moins de cinq ans et les adultes de plus de 37 ans. Cette propagation rapide a conduit à un taux d’incidence élevé, avec une moyenne de 52,2 cas pour 100.000 habitants. La région de Souss-Massa a été l’une des premières touchées par cette résurgence, avant que le virus ne se propage à l’ensemble du territoire.

Dans ce contexte, le Pr. Jaafar Heikel, épidémiologiste et spécialiste en maladies infectieuses, explique que les deux facteurs principaux de cette recrudescence sont la baisse de l’immunité et la réduction de la vaccination chez les enfants en âge de se faire vacciner. Pourtant, les enfants marocains sont à 97% protégés contre toutes les maladies infectieuses de l’enfance, mais une baisse notable a été observée concernant la vaccination contre la rougeole, ajoute-t-il. Les raisons de ce phénomène s’expliquent par « un certain scepticisme post-Covid ». En effet, la même source dit que les parents pensent que les vaccins sont moins efficaces ou moins utiles. Dans ce sens, Mohammed El Youbi, directeur de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies, déplore le fait que les mouvements des anti-vaccins que connaissent plusieurs pays ont atteint le Maroc.

Lire aussi: La DGAPR se mobilise face à la propagation de la rougeole

Une baisse de la couverture vaccinale

La rougeole est une maladie hautement contagieuse, mais elle est efficacement prévenue par la vaccination. Historiquement, le Maroc maintenait une couverture vaccinale élevée, dépassant les 95%, ce qui permettait de contrôler la circulation du virus. Cependant, plusieurs facteurs ont contribué à une baisse de cette couverture. Concrètement, « cette recrudescence très importante de la maladie est liée exclusivement à l’accumulation d’un effectif important de personnes non vaccinées, ayant permis la propagation très facile du virus des malades vers ces personnes réceptives, étant donné que c’est le virus le plus transmissible; un seul malade contamine 18 personnes en moyenne autour de lui« , explique Mohammed El Youbi.

Il est important d’ajouter que cette situation reflète l’impact de la Covid-19 sur les systèmes de santé, y compris les programmes de vaccination de routine. Les restrictions de mouvement, la réorientation des ressources vers la gestion de la Covid-19 et la peur de la contamination dans les centres de santé ont entraîné un retard dans les vaccinations, laissant une partie de la population vulnérable. Sans oublier, les disparités géographiques et sociales, l‘accès aux services de santé et à la vaccination qui n’est pas uniforme sur l’ensemble du territoire marocain. Les zones rurales ou isolées rencontrent des difficultés d’accès aux soins, ce qui entraîne une couverture vaccinale plus faible et une vulnérabilité accrue face aux épidémies.

Lire aussi: Rougeole : le ministère lance une campagne de sensibilisation

Toutefois, il est important de ne pas faire la comparaison avec la pandémie liée à la Covid-19. Dans ce sens, le directeur de l’épidémiologie et de lutte contre les maladies indique « le confinement était nécessaire pour réduire le risque de sa propagation à son minimum, en attendant de mieux le connaitre ainsi que la maladie et les symptômes qu’elle engendre, ce qui n’est pas du tout le cas pour celui de la rougeole!« 

La recrudescence de la rougeole au Maroc est un rappel brutal de l’importance cruciale de la vaccination pour la protection de la santé publique. Cette épidémie met en évidence les conséquences néfastes d’une baisse de la couverture vaccinale et souligne la nécessité de renforcer les efforts de vaccination de routine, de lutter contre la désinformation et d’améliorer l’accès aux services de santé pour tous. Seule une action collective et coordonnée permettra de maîtriser cette épidémie et de prévenir de futures résurgences.

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