Le président français Emmanuel Macron et le dirigeant américain Donald Trump se sont rencontrés à la Maison-Blanche, à Washington, le 24 février 2025 © REUTERS
Le 24 février, trois ans jour pour jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, Emmanuel Macron s’est rendu à Washington pour une rencontre capitale avec Donald Trump. L’objectif : défendre la position européenne face à un président américain en quête d’une sortie rapide du conflit.
Mais dès son arrivée, le ton était donné. Entre un accueil glacial et des déclarations contrastées, ce face-à-face entre les deux dirigeants a mis en lumière les tensions croissantes entre les États-Unis et leurs alliés européens sur la question ukrainienne.
Un accueil glacial pour Macron
Dès son arrivée à la Maison-Blanche, Emmanuel Macron a dû faire face à un Donald Trump visiblement peu enclin aux gestes de courtoisie. Ce dernier a délégué l’accueil du président français à Abigail Jones, chef du protocole, évitant ainsi toute poignée de main devant les caméras. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont interprété ce geste comme une mise à l’écart volontaire du chef d’État français, renforçant l’image d’un Trump dominant et peu soucieux du protocole diplomatique.
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Lors de leur rencontre dans le Bureau ovale, l’ancien président américain n’a pas hésité à ironiser sur leur précédente rencontre à Paris en 2017, évoquant de manière moqueuse leur dîner à la Tour Eiffel avec Brigitte Macron. Une attitude qui a contrasté avec la gravité du sujet central de cette réunion : l’avenir de l’Ukraine et le rôle des États-Unis dans le conflit.
Trump prône une paix rapide, Macron défend l’intégrité de l’Ukraine
Lors de la conférence de presse commune, Donald Trump a réitéré son ambition de mettre fin à la guerre «dans les prochaines semaines». Selon lui, un cessez-le-feu rapide est nécessaire pour éviter une «Troisième Guerre mondiale». Il a insisté sur ses échanges avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, affirmant que «les deux camps veulent la paix».
En revanche, Emmanuel Macron a tenu un discours bien différent. Il a rappelé que «la paix ne peut pas signifier la capitulation de l’Ukraine», soulignant que toute solution devait garantir la souveraineté du pays.
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Il a également mis en avant les «138 milliards d’aide européenne» apportés à Kiev, en réponse aux critiques de Donald Trump sur le rôle des alliés européens.
Sur la question des territoires ukrainiens occupés par la Russie, Trump s’est montré évasif. «Nous verrons», a-t-il déclaré, laissant entendre qu’il n’excluait pas une cession de territoires en échange d’un accord de paix. Une position inacceptable pour les Européens, qui considèrent l’intégrité territoriale de l’Ukraine comme non négociable.
Aussi, les États-Unis ont voté contre une résolution euro-ukrainienne condamnant l’agression russe de 2022 et appelant à la restitution des territoires occupés par la Russie, relate un journal quotidien belge. « Washington s’est joint à 17 autres votes négatifs, dont la Russie, la Biélorussie et la Corée du Nord, marquant un revirement spectaculaire sur la scène diplomatique ».
Un accord sur les minerais ukrainiens en préparation
Parallèlement aux discussions sur la guerre, les États-Unis et l’Ukraine sont sur le point de finaliser un accord sur l’exploitation des minerais critiques ukrainiens. Cet accord donnerait à Washington un accès privilégié à ces ressources stratégiques en échange d’une protection renforcée de Kiev.
Donald Trump a souligné l’importance de cet accord, mettant en avant les «300 milliards de dollars» d’aides américaines versées à l’Ukraine sous forme de dons et d’armes, alors que l’Europe, selon lui, privilégie des prêts à Kiev. De son côté, Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de garantir la sécurité énergétique et économique de l’Ukraine dans un cadre plus large de coopération transatlantique.
Les Européens prêts à envoyer des troupes ?
Autre point de discorde, la possibilité d’un engagement militaire européen en Ukraine. Emmanuel Macron a évoqué la nécessité de garanties de sécurité après un éventuel cessez-le-feu, n’excluant pas l’envoi de troupes européennes pour surveiller l’application de la paix.
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Cette déclaration a suscité des réactions contrastées. Donald Trump, qui prône un désengagement progressif des États-Unis en Europe, n’a pas immédiatement répondu à cette proposition. De son côté, Vladimir Poutine pourrait voir d’un mauvais œil toute présence militaire occidentale en Ukraine, même sous une forme pacifique.
L’OTAN et la pression américaine sur l’Europe
Donald Trump a profité de cette rencontre pour rappeler aux Européens leur obligation d’augmenter leurs dépenses militaires au sein de l’OTAN. Depuis plusieurs années, il critique le fait que les États-Unis assument une part disproportionnée du financement de l’alliance.
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Emmanuel Macron a reconnu que les Européens devaient «faire davantage» pour leur propre sécurité, tout en insistant sur la nécessité d’une coopération transatlantique équilibrée. La question du rôle futur des États-Unis dans l’OTAN reste donc en suspens, notamment si Trump devait revenir à la Maison-Blanche après l’élection présidentielle américaine.
Zelensky bientôt à Washington ?
Alors que Trump mène des discussions avec Poutine sans impliquer directement Kiev, Emmanuel Macron a insisté sur l’importance de la participation ukrainienne aux pourparlers de paix. En réponse, Donald Trump a annoncé une possible visite de Volodymyr Zelensky à la Maison-Blanche «cette semaine ou la suivante».
Cette annonce pourrait marquer un tournant dans les négociations, même si l’approche américaine reste floue quant aux conditions d’un accord final.
Un fossé diplomatique persistant
Ce sommet entre Emmanuel Macron et Donald Trump a mis en évidence les fractures profondes entre les États-Unis et l’Europe sur le dossier ukrainien. Tandis que Trump cherche à conclure rapidement un accord, quitte à faire des concessions à la Russie, Macron et les Européens insistent sur la nécessité de garantir une paix durable et respectueuse de la souveraineté ukrainienne.
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Si la rencontre a permis de clarifier les positions, elle n’a pas résolu les désaccords fondamentaux. L’avenir du soutien occidental à l’Ukraine reste incertain, et le rôle que joueront les États-Unis dans ce conflit dépendra en grande partie de l’issue de la prochaine élection présidentielle américaine.
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