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Le Conseil de la concurrence vient de publier son rapport sur le suivi trimestriel des engagements pris par les neuf sociétés de distribution en gros de carburants au Maroc. Portant sur le 4ᵉ trimestre de 2024, ce document livre une photographie précise de l’évolution du marché du gasoil et de l’essence, de l’importation à la pompe. L’analyse se veut exhaustive, abordant aussi bien les volumes importés, la structure des prix que les marges des opérateurs. Décryptage.
Un marché en croissance, mais sous tension
Le dernier trimestre 2024 s’est distingué par une nette augmentation des volumes importés. En effet, 1,68 million de tonnes de gasoil et d’essence ont été acheminées sur le territoire national, soit une hausse de 15,7% par rapport à la même période en 2023. Pourtant, cette performance en volume contraste avec un recul significatif de la valeur des importations, estimée à 12 MM de DH, en baisse de 11,8%. Ce paradoxe s’explique par une baisse des cours internationaux des produits pétroliers raffinés, particulièrement visible sur les cotations CIF (coût, assurance, fret…). Ainsi, malgré une activité d’importation dynamique, la facture énergétique du pays s’est allégée.
Toutefois, même si les prix ont baissé, l’État a pu tirer plus de recettes fiscales de ces importations, principalement grâce à l’augmentation des volumes. Les recettes issues de la taxe intérieure de consommation (TIC) et de la TVA ont progressé de 11,6% pour atteindre 7,10 MM de DH, dont 5,86 MM de DH proviennent des neuf sociétés suivies. D’ailleurs, la TIC à elle seule a généré 5,34 MM de DH, en hausse de 17,9% par rapport à 2023. Une évolution qui traduit le poids croissant de cette taxe dans le financement des finances publiques, malgré une conjoncture pétrolière globalement baissière.
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Les ventes s’emballent, les revenus reculent
Du côté des ventes, le 4ᵉ trimestre a également connu une embellie. En volume, 2,2 milliards de litres de carburants ont été écoulés, dont 1,9 milliard par les sociétés concernées, marquant une progression de 7,1% sur un an. Le gasoil reste dominant, représentant 84,5% des ventes. Cependant, cette performance volumétrique ne s’est pas traduite en gains financiers. Le chiffre d’affaires global des neuf opérateurs s’est contracté de 12,6%, passant de 20,99 MM de DH à 18,35 MM de DH. La baisse des prix à la pompe y est pour beaucoup : en moyenne, le litre de gasoil a vu son prix reculer de 0,45 DH, tandis que celui de l’essence a baissé de 0,56 DH.
Dans un deuxième temps, le rapport établit un lien clair entre les cotations internationales et les prix de vente au niveau national. Le Conseil rappelle que ces prix sont davantage indexés sur les cotations Platts que sur le prix du baril brut. Ainsi, malgré une cotation CIF en hausse de 0,16 DH/L pour le gasoil, le prix à la pompe a chuté. Cela s’explique par une répercussion différée et partielle des coûts d’achat sur les prix finaux. Les sociétés ont, dans certains cas, ajusté leurs marges pour accompagner la baisse des prix, notamment pour soutenir la consommation.
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Des marges brutes en net recul
Les marges brutes moyennes des opérateurs ont reculé sur ce trimestre : 1,28 DH par litre pour le gasoil, contre 1,46 DH/L au trimestre précédent ; et 1,67 DH/L pour l’essence, contre 2 DH/L. Ces reculs s’inscrivent également sous les moyennes annuelles de 1,35 DH/L pour le gasoil et 1,88 DH/L pour l’essence. L’analyse met en lumière deux temps : une première phase de baisse des marges jusqu’à novembre, suivie d’une légère reprise début décembre. Cependant, cette remontée n’a pas suffi à compenser la perte enregistrée sur l’ensemble du trimestre.
L’étude de la composition du prix de vente à la pompe révèle une ventilation équilibrée entre coûts d’achat, fiscalité et marges. Pour un litre de gasoil vendu à 11,57 DH, le coût d’achat représente 54%, la fiscalité 31%, et la marge de distribution 15%, dont 11 % pour les sociétés de gros, et 4 % pour les stations-service. L’essence, vendue à 13,51 DH/L en moyenne, affiche une structure légèrement différente : 46% de coût d’achat, 38% de taxes, et 16% de marge, dont 12% pour la vente en gros et 4% pour chez les détaillants.
Le rapport signale également une légère hausse du nombre de stations-service. Le réseau est passé de 3.478 à 3.534 unités, dont 2.535 exploitées par les neuf sociétés concernées. Une progression qui reflète une dynamique modérée d’investissement dans la distribution.
Ce 4ᵉ trimestre met en lumière plusieurs tendances, notamment une reprise de la consommation de carburants, une pression à la baisse sur les marges et un effort fiscal soutenu. Si les sociétés de distribution parviennent encore à dégager des marges confortables, la baisse progressive de ces dernières interroge sur la pérennité du modèle économique dans un contexte de volatilité internationale.
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