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Guerre au Proche-Orient : la trêve qui traîne

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Nous y sommes presque. L’accord de trêve débutera demain matin pour quatre jours dans la bande de Gaza. Les premiers otages seront, eux, libérés dans l’après-midi. Mais l’arrestation aujourd’hui du directeur de l’hôpital Al-Shifa risque-t-elle de rebattre les cartes ?

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L’accord de trêve conclu mercredi entre Israël et le Hamas prévoyant la libération de 50 otages retenus dans la bande de Gaza en échange de 150 prisonniers palestiniens et un cessez-le-feu de quatre jours, censé entrer en vigueur ce jeudi a été reporté.

Celui-ci débutera vendredi à 7 heures du matin (5 heures GMT) et les 13 premiers captifs seront libérés à 16 heures (14 heures GMT) , a annoncé cet après-midi même le ministère qatari des Affaires étrangères. «Les otages issus des mêmes familles seront regroupés», a fait savoir Majid al-Ansari, porte-parole du ministère des Affaires étrangères du Qatar. «Évidemment, chaque jour inclura un certain nombre de civils, comme convenu, pour un total de 50 sur les quatre jours.»

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Par ailleurs, Al-Ansari a déclaré aux journalistes qu’il ne pouvait pas révéler combien de prisonniers palestiniens seraient libérés vendredi. «Mais je peux vous dire que l’accord est réciproque, donc nous nous attendons à une libération également du côté israélien… suite à la libération des otages vers 16 heures à Doha», a-t-il précisé.

D’ici là, il n’y aura «pas de pause» dans les combats, a précisé à l’Agence France-Presse (AFP) un autre responsable israélien. Dans son dernier bilan, non actualisé, le ministère gazaoui de la Santé fait état de 14.128 Palestiniens, dont 5.840 enfants, morts depuis le 7 octobre dernier dans les raids israéliens.

Si cette trêve doit permettre en outre l’entrée d’un «plus grand nombre de convois humanitaires et d’aides (quelque 200 à 300 camions), y compris du carburant», la situation à Gaza fait craindre le pire.

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Un médecin «terroriste» ?

Ce matin, le docteur Muhammad Abu Salmiya, directeur de l’hôpital al-Shifa, a été arrêté avec plusieurs autres cadres soignants par l’armée israélienne, a déclaré Khaled Abou Samra, chef de service, à l’AFP. Il a par la suite été transféré au Shin Beth [le service de renseignement intérieur] pour interrogatoire. Car pour Tsahal, «après le massacre du Hamas le 7 octobre, les terroristes du Hamas ont cherché refuge à l’intérieur de l’hôpital, certains d’entre eux emmenant avec eux des otages israéliens», indique le communiqué conjoint de l’armée et du renseignement intérieur israéliens.

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Cette opération a eu lieu «après que de nombreuses preuves ont été révélées selon lesquelles l’hôpital, sous sa direction directe, servait de quartier général à l’organisation terroriste Hamas», complètent les deux institutions de sécurité israéliennes. «Dans l’hôpital, (…) il y avait de nombreuses activités terroristes (…). Une décision concernant son maintien en détention sera prise conformément aux conclusions de l’enquête et à l’implication du directeur de l’hôpital dans des activités terroristes.» Les conclusions de l’interrogatoire détermineront «son degré d’implication dans des activités terroristes» et «s’il sera soumis à un interrogatoire plus approfondi».

Le Hamas a «fermement» dénoncé l’arrestation d’Abu Salmiya et celle de ses collègues. «Nous appelons le Comité international de la Croix-Rouge et les organisations internationales à travailler à leur libération immédiate.»

Mardi, le directeur de l’établissement hospitalier avait raconté à l’AFP avoir reçu un «ordre» d’évacuation, le 18 novembre, après avoir dit en avoir refusé un précédent, alors que l’armée israélienne assurait avoir évacué des centaines de patients et de déplacés d’Al-Shifa à la «requête» du même médecin.

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Depuis des jours, les soldats fouillent pièce par pièce l’établissement. Plusieurs médecins ont raconté à l’AFP avoir été personnellement emmenés par des soldats israéliens lors de ces fouilles, généralement conclues par la mise à feu d’explosifs dans les rez-de-chaussée et souterrains de l’hôpital.

Cette arrestation, qui intervient à la veille de l’entrée en vigueur de l’accord de trêve, risque-t-elle de changer la donne ?

Dans l’attente d’une libération

Pour le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, il y encore de nombreux défis à relever avant de la libération des otages. «Nous espérons faire sortir le premier groupe, et après cela, nous nous engageons à faire sortir tout le monde», a-t-il déclaré ce jeudi. Mais cette libération de 50 Israéliens est conditionnée par la libération de 150 Palestiniens détenus dans les prisons de l’État hébreu.

Pour les familles qui les attendent, il y a un mélange d’enthousiasme et d’anticipation concernant cette «pause humanitaire» et en particulier la libération attendue des prisonniers palestiniens. Interrogés par Al Jazeera, certains disent qu’ils ne peuvent tout simplement pas croire que tout se passera sans problème. «Que même si les gens sont libérés, ils seront probablement de nouveau arrêtés». C’est une dynamique qu’ils ont vue se produire à maintes reprises.

Sur plus de 7.200 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, un tiers ont été arrêtés depuis le début de la guerre, et rien qu’au cours des dernières 24 heures, 90 personnes supplémentaires ont été arrêtées lors de raids israéliens en Cisjordanie occupée. Pour la population palestinienne «tant qu’Israël maintiendra son occupation et sa politique consistant à faire ce qu’il veut dans les communautés palestiniennes, aucune de ces libérations ne sera d’une durée suffisante ; aucune liberté permanente n’est garantie, non seulement pour ceux qui sont libérés maintenant, mais aussi pour les résidents de ces communautés palestiniennes».

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De son côté, le ministre de la Sécurité nationale d’Israël, Itamar Ben-Gvir a affirmé que «célébrer la libération des prisonniers palestiniens équivaut à soutenir le Hamas». «C’est quelque chose dont Israël accuse souvent les Palestiniens, et c’est exactement la raison pour laquelle certains d’entre eux ont été arrêtés en premier lieu», a commenté la journaliste Sara Khairat. «Ben-Gvir a également récemment visité l’une des prisons israéliennes et a veillé à ce que l’hymne national israélien soit diffusé sur des haut-parleurs pour que les prisonniers puissent l’entendre. Il y a eu des vidéos montrant les forces israéliennes obligeant les détenus à écouter cela, ce qui, dans d’autres pays, constitue dans une certaine mesure une forme de torture», a-t-elle poursuivi.

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