Enseignement : des réformes urgentes face à un système en crise
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L’enseignement reste l’un des piliers fondamentaux du développement au Maroc, pourtant il peine encore à relever les défis liés à la qualité, l’accès et l’équité. Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes a passé au crible la performance du système éducatif, révélant des lacunes importantes tant au niveau des infrastructures que dans la mise en œuvre des programmes.
Le document met en évidence une inefficacité persistante des politiques éducatives malgré les budgets considérables alloués au secteur. Le rapport souligne également les inégalités régionales qui entravent l’accès à une éducation de qualité, en particulier dans les zones rurales.
Une gouvernance inefficace et des infrastructures inadaptées
La Cour pointe en premier lieu les défaillances structurelles dans la gestion du secteur de l’enseignement, avec une gouvernance fragmentée et un manque de coordination entre les différentes institutions. Les efforts pour améliorer l’infrastructure scolaire se heurtent souvent à des retards dans la réalisation des projets, à des erreurs de planification et à une répartition inégale des ressources.
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En milieu rural, la situation est particulièrement préoccupante. Le rapport fait état de nombreux établissements vétustes, dépourvus des équipements de base comme l’accès à l’eau potable, à l’électricité ou encore des sanitaires adaptés. Ces conditions déplorables contribuent directement au décrochage scolaire, en particulier chez les filles. En zones urbaines, si les infrastructures sont globalement meilleures, la surcharge des classes reste un problème récurrent qui affecte directement la qualité de l’enseignement. La Cour recommande une cartographie précise des besoins pour optimiser la construction et la réhabilitation des établissements scolaires, en ciblant en priorité les régions les plus vulnérables.
Des programmes scolaires inadaptés et un système peu performant
Le rapport met en lumière des programmes éducatifs obsolètes, qui peinent à répondre aux besoins d’un marché de l’emploi en constante évolution. L’absence d’un lien concret entre les contenus pédagogiques et les compétences requises pour l’insertion professionnelle contribue au chômage des diplômés, devenu un phénomène préoccupant. Les matières enseignées manquent souvent de dimension pratique et d’ouverture sur les nouvelles technologies, pourtant essentielles dans le monde actuel.
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Par ailleurs, les évaluations menées montrent que le niveau des élèves reste largement en dessous des standards internationaux. Les enquêtes de performance révèlent des lacunes alarmantes en lecture, en mathématiques et en sciences, en particulier chez les élèves du primaire. Cette situation est aggravée par le manque de formation continue des enseignants, souvent peu préparés à adopter des méthodes pédagogiques modernes. L’institution appelle à une refonte des programmes scolaires pour les adapter aux exigences du XXIe siècle, tout en mettant l’accent sur l’innovation pédagogique et la valorisation des compétences pratiques.
L’équité dans l’accès à l’éducation : un défi majeur
L’un des constats les plus marquants du rapport est l’accentuation des inégalités régionales dans l’accès à une éducation de qualité. Les régions rurales et enclavées continuent de souffrir d’un défaut d’infrastructures, de pénurie d’enseignants et d’un manque criant de ressources pédagogiques. Le taux de décrochage scolaire dans ces régions reste élevé, notamment en raison des distances à parcourir pour accéder aux écoles et de la pauvreté des ménages.
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Les femmes et les filles, en particulier, sont les plus affectées par ces obstacles. Malgré les efforts consentis à travers des programmes de soutien, comme les cantines scolaires ou les aides financières, leur impact reste limité en raison d’une mauvaise gouvernance et d’un suivi insuffisant. La Cour recommande la mise en place d’une stratégie ciblée pour lutter contre ces inégalités, en privilégiant les investissements dans les régions les plus démunies et en instaurant des programmes de soutien adaptés aux réalités locales.
La nécessité de renforcer la gouvernance et le suivi des réformes
Le rapport insiste sur l’importance de renforcer la gouvernance du système éducatif pour garantir une meilleure efficacité des politiques publiques. Il déplore l’absence de mécanismes de suivi et d’évaluation rigoureux des réformes engagées. Les programmes lancés ces dernières années, tels que la vision stratégique de l’éducation 2015-2030, ont produit des résultats mitigés en raison d’un manque de coordination et d’une exécution souvent partielle.
La Cour propose ainsi la mise en place d’une culture de la performance, fondée sur des indicateurs clairs et mesurables pour évaluer l’impact des réformes. Il appelle également à une meilleure implication des acteurs locaux dans la gestion des établissements scolaires et dans l’adaptation des politiques éducatives aux besoins spécifiques des territoires. Cette démarche devrait permettre de garantir une allocation plus équitable des ressources et d’améliorer l’efficacité globale du système.
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Le secteur de l’enseignement au Maroc traverse une période critique, marquée par des défis structurels profonds. Le rapport de la Cour des comptes met en évidence les principales défaillances : des infrastructures vétustes, des programmes inadaptés, une gouvernance inefficace et des inégalités persistantes dans l’accès à l’éducation.
Face à ces constats, la Cour des comptes propose des réformes audacieuses pour reconstruire un système éducatif plus inclusif, moderne et performant. Cela passe par un investissement accru dans les infrastructures, une refonte des programmes pédagogiques, une formation continue des enseignants et une meilleure gouvernance des ressources publiques. À travers ces actions, le Maroc pourra relever le défi de garantir une éducation de qualité à tous ses citoyens, essentielle pour stimuler le développement économique et social du pays.
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