Économie marocaine : performance ou stagnation ?

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PLF 2026 : le Maroc trace sa voie vers l’émergenceImage d'illustration © depositphotos

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Le rapport « Real Sizes of Arab Economies between 2017 and 2023 » de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (ESCWA) dresse une analyse détaillée des économies arabes, mettant en lumière leur taille réelle et leur évolution. Le Maroc y occupe une place notable avec une contribution économique significative. Focus sur les données relatives au Royaume, révélant sa position économique, ses dépenses et son niveau de vie comparé à ses voisins arabes.

Le rapport « Real Sizes of Arab Economies between 2017 and 2023 » publié par l’ESCWA fournit des indicateurs décisifs sur les économies arabes, basés sur les parités de pouvoir d’achat (PPA). Ces données permettent de comparer la taille réelle des économies, les niveaux de revenu et les dépenses des ménages, en éliminant les distorsions causées par les taux de change. Le Maroc, l’une des économies majeures de la région, y occupe une place importante.

Le rapport explore les performances économiques des pays arabes, notamment celles du Royaume entre 2017 et 2023, en mettant l’accent sur leur contribution régionale, leurs dépenses et leur évolution en matière de bien-être matériel.

La taille de l’économie marocaine

Selon le rapport, le Maroc est la sixième plus grande économie arabe en termes de PIB basé sur les PPA, avec une contribution de 4,57% au PIB régional en 2021. Son PIB en PPA s’élevait à 323 milliards de dollars cette année-là, contre 570 milliards pour l’Algérie et 1.717 milliards pour l’Arabie saoudite. Bien que le Maroc ne figure pas parmi les trois premières économies de la région, il maintient une position stable, devançant des pays comme le Qatar et le Koweït.

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En comparaison avec les taux de change du marché, le PIB du Maroc apparaît nettement plus important lorsqu’il est mesuré en PPA, soulignant ainsi la sous-évaluation de sa monnaie. Cette différence reflète le pouvoir d’achat plus élevé des Marocains par rapport à ce que suggèrent les conversions traditionnelles.

Dépenses et consommation des ménages

Le rapport révèle que la consommation effective des ménages (AIC) représente 68% du PIB marocain en 2021, un chiffre supérieur à la moyenne des pays à revenu élevé comme le Qatar (30%) mais inférieur à des pays à revenu intermédiaire comme l’Égypte (88%). Cela indique que les Marocains consacrent une part importante de leur revenu à la consommation, reflétant des niveaux de vie modérés.

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En termes de dépenses spécifiques :

– Alimentation : le Maroc représente 7% des dépenses régionales en alimentation, derrière l’Égypte (44%) et l’Arabie saoudite (12%).

– Santé : le pays contribue à hauteur de 2% aux dépenses régionales en santé, un chiffre relativement faible comparé à l’Égypte (51%).

– Éducation : avec 6% des dépenses régionales, le Royaume se situe dans une position médiane.

Ces données montrent que le Maroc alloue une part significative de son PIB aux besoins essentiels, mais reste en retrait dans certains domaines comme la santé.

Revenu par habitant et bien-être matériel

En 2021, le revenu par habitant du Maroc en PPA s’élevait à 8.500 dollars, un niveau inférieur à la moyenne régionale (16.929 dollars) et bien en dessous des pays du Golfe comme le Qatar (106.491 dollars). Le Maroc se classe ainsi au 12e rang régional pour le revenu par habitant, derrière des pays comme la Jordanie et la Tunisie.

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Cependant, le bien-être matériel, mesuré par la consommation effective par habitant, place le Maroc dans une position plus favorable. Avec un indice de 120 (base 100 pour la moyenne mondiale), le pays dépasse des voisins comme l’Irak (118) et la Mauritanie (139), mais reste loin derrière les Émirats arabes unis (248).

Niveau des prix et compétitivité

Le Maroc est l’un des pays les moins chers de la région, avec un indice de niveau des prix (PLI) de 70 en 2021 pour le PIB total, contre 100 pour la moyenne mondiale. Ce chiffre le place derrière des pays comme la Jordanie (72) mais devant l’Égypte (39). Cette relative modération des prix renforce la compétitivité économique du Maroc, notamment dans les secteurs du tourisme et de l’exportation.

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Toutefois, certains postes de dépenses affichent des niveaux de prix plus élevés :

– Éducation : le PLI atteint 73, proche de la moyenne mondiale.

– Santé : avec un PLI de 68, le Maroc est moins cher que certains pays comme le Koweït (188) mais plus onéreux que la Syrie (33).

Ces disparités soulignent les défis persistants en matière d’accessibilité aux services essentiels.

Évolution entre 2017 et 2023

Entre 2017 et 2021, le PIB du Maroc en PPA a augmenté de 15%, passant de 280 à 323 milliards de dollars. Cependant, les prévisions pour 2023 suggèrent un ralentissement, avec une légère baisse attendue. Cette tendance contraste avec la croissance soutenue de pays comme l’Égypte (+38% sur la même période).

Le revenu par habitant a également progressé, mais à un rythme plus lent que la moyenne mondiale. En 2023, le Maroc devrait maintenir sa position dans le tiers inférieur du classement régional, avec des défis persistants en matière de réduction des inégalités et d’amélioration du pouvoir d’achat.

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Le rapport « Real Sizes of Arab Economies between 2017 and 2023 » met en lumière la position du Maroc comme économie stable, mais modeste dans le paysage arabe. Si le pays affiche des performances solides en matière de consommation et de compétitivité des prix, des efforts restent nécessaires pour améliorer le revenu par habitant et l’accès aux services essentiels. Les données de l’ESCWA offrent ainsi une base précieuse pour orienter les politiques économiques et sociales du royaume dans les années à venir.

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