Temps de lecture : 5 minutes

Accueil / Économie / PLF 2022 : des mesures fiscales insuffisantes

PLF 2022 : des mesures fiscales insuffisantes

Temps de lecture : 5 minutes

Gros plan

Temps de lecture : 5 minutes

La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a tenu ce mardi une conférence de presse afin de répondre aux questions sociales, économiques et fiscales du Projet de loi de Finances (PLF) 2022. La question de la suppression de la progressivité de l’impôt sur les sociétés (IS) était au centre des discussions. Le point avec Mohamadi El Yacoubi, président du Cercle des fiscalistes du Maroc.

Temps de lecture : 5 minutes

Au lendemain de la présentation du Projet de loi de finances (PLF) 2022 aux élus de la Nation, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a tenu une conférence de presse à Rabat pour aborder plusieurs sujets à caractère social, économique et fiscal. Pour répondre aux questions des journalistes, la ministre était aux côtés de Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget.

Interrogée sur les promesses établies dans le PLF 2022 et qui sont jugées inférieures à celles du programme gouvernemental et des recommandations du Nouveau modèle de développement, la ministre a souligné que «la loi de Finances ne peut être la solution à tous les problèmes et que le projet de Budget 2022 tente de résoudre une équation difficile, dont les variables sont les équilibres macroéconomiques, la relance économique et le social».

De progressivité à proportionnalité

La ministre a évoqué la question de la suppression de la progressivité de l’impôt sur les sociétés (IS). Pour elle, la progressivité de l’IS était une sorte d’innovation locale, mais qui n’a pas abouti à des résultats convaincants. «On doit revenir à la proportionnalité conformément aux meilleurs Benchmarks internationaux», a-t-elle précisé.

Fettah Alaoui a également souligné que la progressivité est une notion qui fonctionne davantage avec un impôt sur le revenu (IR) qu’un IS, notant qu’«il était temps qu’on revienne à la proportionnalité pour permettre d’aller vers le taux unique».

Contacté par LeBrief, Mohamadi El Yacoubi, président du Cercle des fiscalistes du Maroc (CFM), a déclaré que dans le Benchmark international, il y a une tendance à la baisse de l’IS et de la charge fiscale. «Partout dans le monde, l’IS est proportionnel et non pas progressif. Le fait de revenir à la progressivité augmente l’instabilité du système. Dès le départ, le gouvernement n’aurait pas dû l’adopter», estime l’expert.

Lire aussi :PLF 2022 : grand oral réussi pour Nadia Fettah Alaoui

Notre intervenant souligne que,compte tenu de ce contexte particulier de la pandémie, ce changement de la progressivité vers la proportionnalité a une seule signification : l’augmentation de la charge fiscale. «Toutes les sociétés qui ont un bénéfice net supérieur à 300.000 DH seront amenées à payer plus», explique-t-il. Et de noter qu’il aurait été utile de revoir le taux de l’IR.

«Le barème de l’IR n’a pas été touché depuis plusieurs années alors que l’on a un taux marginal de 38%, ce qui est très élevé et excessif. Ils vont certainement le faire, c’est parmi les recommandations des Assises de la fiscalité, mais ils sont en train de retarder l’échéance d’année en année», précise Mohamadi El Yacoubi.

Une baisse “insuffisante” du taux de l’IS

Concernant la baisse de l’IS de 28% à 27% pour les entreprises industrielles dont les bénéfices sont inférieurs à 100 millions de DH (MDH), El Yacoubi estime que celle-ci devrait être plus importante. «C’est clair qu’il y a une orientation d’encourager l’industrie, car c’est un secteur intensif en main d’œuvre et qui crée de la valeur ajoutée, mais ce n’est pas avec un point de pourcentagede baisse qu’ils vont les inciter à investir dans l’industrie», juge le président du CFM.

Pour sa part, Fouzi Lekjaa, ministre délégué chargé du Budget, a mis l’accent sur la nécessité de retrouver les équilibres macroéconomiques après la période de crise de la Covid-19. Il a également souligné que la préoccupation majeure du gouvernement aujourd’hui est de créer des emplois et que cela ne pourrait se réaliser qu’avec un meilleur taux de croissance.

Lire aussi :PLF 2022 : le social au cœur des réformes

«Les points de croissance sont les seuls qui peuvent résoudre cette question, d’où la politique volontariste en matière d’investissement avec l’implication du Fonds Mohammed VI», note Lekjaa.

Rappelons enfin que le projet de loi de Finances 2022 est en cours d’examen à la Chambre des représentants. L’examen va durer un mois avant que le PLF ne soit transféré chez les conseillers. À suivre.

Laissez-nous vos commentaires

Temps de lecture : 5 minutes

La newsletter qui vous briefe en 5 min

Chaque jour, recevez l’essentiel de l’information pour ne rien rater de l’actualité


Et sur nos réseaux sociaux :

Reporting : le Conseil de la concurrence examine les distributeurs de carburants

Le Conseil de la concurrence a validé, le 13 novembre 2023, des accords transactionnels avec neuf entreprises et leur organisation professio…

Le FMI salue la robustesse de l’économie marocaine

Le Conseil d'administration du Fonds monétaire international (FMI) a récemment conclu sa consultation annuelle de 2024 avec le Maroc, réalis…

Dialogue social : accord sur les salaires et la fiscalité pour une meilleure justice sociale

Dans un contexte de négociations intensives et d'attentes fortes, les partenaires sociaux ont franchi une étape importante avec la signature…

Conseil de la concurrence : l’état de la concurrence dans les marchés des fruits et légumes

Le Conseil de la concurrence a récemment mis en lumière une série de dysfonctionnements affectant les marchés de gros de fruits et légumes a…

Agriculteurs français : verts de jalousie, ou rouges de fureur ?

La tomate marocaine fait décidément peur. Pas aux acheteurs, non, ces derniers la consomment généreusement. Son prix accessible, en fait la …

SIAM : le Maroc mise sur l’intelligence artificielle pour améliorer la rentabilité de l’agriculture

Selon l’Organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 30 à 35% de la croissance agricole des pays en voie de dé…

2015-2024 : l’économie poursuit sa croissance malgré des conditions difficiles

L'économie marocaine a fait preuve d’une belle résilience, qui continue de croître. Le pays, a ainsi su surmonter un certain nombre de défis…

SIAM 2024 : pour faire face au changement climatique, le Maroc pourra compter sur l’aide européenne

L’ambassadrice de l’Union européenne (UE) au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a souligné l’importance de la relation entre le Maroc et l’UE …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire