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Lutte contre la Covid-19 : entre espoir et anomalies

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Alors que le Maroc poursuit sa campagne de vaccination contre la Covid-19, l’enjeu de l’organisation est inédit, par son ampleur, ses inconnues et la sensibilité du sujet. De plus, le Maroc devrait recevoir les premières doses du vaccin de Pfizer ce vendredi, alors qu’il s’apprête à vacciner ses adolescents. Par ailleurs, certaines familles de malades de la Covid-19, désespérées, ont recours à la santé privée, et la facture s’avère très salée.

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Depuis quelques mois, le Maroc s’est lancédans une campagne de vaccination d’une ampleur sans précédent afin de lutter contre la pandémie de Covid-19. Jusqu’ici, 16.034.986 Marocains ont reçu leur première dose alors que 11.299.174 ont été entièrement vaccinés. Alors que la campagne a été élargie aux personnes âgées de 20 ans et plus, nous avons reçu des courrielsindiquant que certains citoyens figurant dans cette tanche d’âge ont vu leur accès au vaccin refusé. «Mon petit fils, qui vient d’avoir 20 ans, est allé se faire vacciner la semaine dernière à Agadir, au centre de Talborjt. Ils n’ont même pas voulu vérifier ses papiers et l’ont renvoyé en lui disant qu’ils ne prenaient pas encore les jeunes de 20 ans», nous a raconté désemparée l’une de nos lectrices. Selon la même source, le jeune homme a été appelé à s’inscrire sur le site avant de revenir, chose qui n’est plus exigée.

Le Royaume, qui arrive en tête des pays africains ayant administré le plus de doses de vaccins anti-Covid-19 à leurs populations, selon le Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC Afrique), a administré les doses de trois sérums, notamment ceux de Sinopharm de Johnson & Johnson et d’AstraZeneca. Il recevra également ce vendredi une première livraison du vaccin développé par le laboratoire américain Pfizer avec son partenaire allemand BioNTech.

Dans le cadre de cet arrivage imminent, le ministère de la Santé annonce qu’il organise une formation pour l’ensemble des professionnels de santé. La formation va couvrir les aspects pratiques relatifs à l’utilisation du vaccin Comirnaty des laboratoires Pfizer-BioNTech. Trois sessions de formation des formateurs régionaux et provinciaux ont été tenues à distance via la plateforme Teams.La première session a eu lieu ce mercredi 11 août tandis que la deuxième et la troisième ont lieu ce jeudi 12 août.

Ce qu’il faut savoir sur le vaccin de Pfizer

Le vaccin Pfizer/BioNTech, premier à être approuvé pour une utilisation d’urgence par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est un sérum à ARNm. Il est administré en deux injections dans les muscles du bras. Initialement, le délai entre les deux doses du vaccin Pfizer était de 35 jours. Désormais, il est possible de décaler les deux doses de seulement 21 jours. ?Le principe actif de l’ARN-Messagervise à donner à l’organisme les informations génétiques nécessaires pour déclencher une protection contre le virus.

Les laboratoires américain et allemand avaient publié très tôt les résultats de la phase 3 des essais cliniques. Dans son communiqué de presse publié le 18 novembre, le duo américano-germanique a assuré que son vaccin était efficace à 95%, sans donner plus de précision. Depuis, une revue médicale très renommée aux États-Unis, The New England Journal of Medicine, a publié l’intégralité des résultats des essais cliniques. Elle avait confirmé ce chiffre, qualifiant le tout de triomphe. Tout au long de l’épidémie, plusieurs études ont démontré que ce sérum réduisait considérablement les risques de développer des formes graves de la maladie. Toutefois, on ne dispose pas pour le moment de données suffisantes concernant l’impact du vaccin Pfizer/BioNTech sur la transmission ou l’excrétion virale.

S’agissant du variant Delta, des études confirment l’efficacité, plutôt conséquente, du vaccin Pfizer. Selon les recherches de l’institut de santé anglais, ce produit reste efficace à hauteur de 88%. Selon les données publiées ce 21 juillet 2021 dans la revue New England Journal of Medicine, les deux doses du vaccin sont suffisantes pour neutraliser cette nouvelle souche. Dans le détail et après analyse des 19.109 cas dont 4.272 avec le variant Delta, l’étude met en évidence qu’une seule dose du vaccin Pfizer ne protège qu’à 35%, contre 88% pour les deux doses.

Les enjeux de la vaccination des ados

La vaccination contre la Covid-19 gagne chaque jour en vitesse. Depuis le week-end dernier, il est désormais possible à chaque citoyen âgé de plus de 20 ans de se faire vacciner. Et prochainement, ce sera au tour des 12-18 ans de pouvoir accéder à la vaccination, comme l’a annoncé le Docteur Said Afif, membre du Comité scientifique de la vaccination anti-Covid à Challenge. En effet, le Maroc serait sur le point d’élargir l’accès au vaccin aux adolescents.

La vaccination de cette tranche d’âge apparaît aux yeux des spécialistes comme un outil supplémentaire sur la voie de l’immunité collective, qui ne sera pleinement effective que lorsque 80% de la population aura été vaccinée. Afif a souligné l’importance incarnée par ce virage amorcée par la campagne : «ce variant Delta touche malheureusement les jeunes, également cette tranche d’âge comprise entre 12 et 17 ans». Les jeunes adolescents transmettent aussi le virus. Car c’est bien la limitation de la transmission qui apparaît comme le principal enjeu de cette nouvelle étape. Ainsi, elle permettrait d’effectuer «une rentrée scolaire dans de bonnes conditions», ajoute Afif. Alors que les cas sévères de Covid-19 chez les moins de 18 ans demeurent rares, l’intérêt sanitaire autour des écoles est cependant double. En effet, l’élargissement de la vaccination aux 12-15 ans protégera les élèves ainsi que leurs parents.

Notons que le vaccin Pfizer-BioNTech est le premier vaccin à avoir été autorisé pour les mineurs. De plus, dans un communiqué publié mi-juillet, Sinopharm avait indiqué avoir terminé les phases I et II de ses essais cliniques chez les 3-17 ans, ces derniers concluant à l’efficacité et la sécurité du vaccin pour cette tranche d’âge. La Chine et les Émirats Arabes Unis vaccinent déjà les jeunes enfants en utilisant ce sérum. Israël, qui essaie d’éviter un nouveau confinement, a également étendu la vaccination aux enfants de 3 à 12 ans.

Anomalies des marchés de santé

Transparency Maroc fait le point sur les anomalies constatées dans la gestion des marchés du secteur de la santé publique durant la pandémie de Covid-19. Selon l’organisation, parmi les irrégularités figure le non-respect de la loi n°84-12 qui dispose l’obligation pour le ministère de la Santé d’enregistrer les entreprises du secteur et leurs produitsen vue de pouvoir opérer dans le secteur. L’ONG déplore également l’existence de marchés concertés passés avec des entreprises non enregistrées auprès du département ainsi que les acquisitions de fournitures hautement sensibles non enregistrées et/ou enregistrées au nom d’autres entreprises. L’ONG déplore aussi une sorte de «favoritisme» qui s’est emparé de la gestion des marchés.

Transparency Maroc dénonce également la concurrence déloyale et la promotion et l’utilisation de matériels sensibles dont l’efficacité n’a pas été prouvée par un comité technique et sans contrôle préalable. «Une grande lacune a été constatée dans les licences d’importation des appareils respiratoires et des appareils d’oxygène à haut débit alors que des solutions alternatives moins onéreuses existent», déplore également l’organisation.

En ce qui concerne les tests sérologiques, «alors que ce test est vendu à près de 40 DH l’unité en France, le ministère s’est permis de l’acheter à 99 DH, soit une surfacturation de 59 DH malgré des dates de péremption qui ne dépassaient pas les 3 mois», précise l’ONG qui estime le montant total du marché des tests sérologiques à213,9 millions de DH.

Les endettés de la Covid-19

Face à un système de santé public débordé et mal en point, les familles de malades de la Covid-19 se tournent rapidement vers la santé privée. Jusqu’à 300.000 DH, 400.000 DH, voire 500.000 DH sont facturés pourune hospitalisation en soins intensifs de quelques semaines, dans un pays où le salaire moyen est de 4.000 DH par mois. C’est la réalité que vient de vivre une famille à Agadir, qui a publié le devis d’une cliniqueprivée, dont le montant se chiffre à 497.550,00 DH.

devis

La direction de cette cliniqueprivée de la ville d’Agadir a publié un communiqué explicatif sur les raisons de ce montant incroyable. La première, selon le communiqué, est que le patient est âgé de 76 ans et que son état très grave de contamination nécessitait son hospitalisation le 11 décembre 2020. Les soins qui lui ont été prodigués ont duré 34 jours au sein de l’établissement hospitalier. Le patient a également bénéficié tout le long de son hospitalisation d’un suivi médical spécial ainsi que des appareils qui consomment une grande quantité d’oxygène, pouvant aller jusqu’à 60 litres par minute. De même, le malade avait grand besoin de différents médicaments à la tarification très élevée. Parmi ces traitements figure Actema IL6, dont le prix d’une seule dose est de 25.000 DH, a-t-on précisé. La clinique précise enfin que ce devis a été accepté par la compagnie d’assurances du patient qui a pris en charge une partie des frais.

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