Vidéo – Asmaa Khamlichi : de la danse à la production, le parcours d’une artiste résiliente
Photo prise lors de l’interview exclusive avec Asmaa Khamlichi © LeBrief
A
A
A
A
Ancienne danseuse, actrice emblématique et désormais productrice, Asmaa Khamlichi incarne une génération d’artistes qui ont façonné le cinéma marocain avec passion. Née à Casablanca et d’origine rifaine, elle découvre très jeune la rigueur de la scène au sein du Ballet Théâtre Zinoun, avant d’être repérée par des réalisateurs étrangers. Aujourd’hui, elle signe son premier long-métrage en tant que productrice, Résilience, un drame social tourné à Casablanca, qui interroge la relation entre hommes et femmes dans la société moderne. Entre sincérité et lucidité, Asmaa Khamlichi se confie à LeBrief sur son parcours, sa vision du cinéma et la force tranquille qui la guide depuis toujours.
De la scène à la caméra : une vocation forgée dans la discipline
C’est une scoliose, diagnostiquée dans l’enfance, qui pousse Asmaa Khamlichi vers la gymnastique, puis la danse. Dix ans passés sur les planches du Ballet Théâtre Zinoun forgent sa grâce et sa rigueur. « C’était une école de vie, pas seulement une école d’art », confie-t-elle.
C’est sur scène qu’elle attire l’attention de cinéastes étrangers et amorce une carrière d’actrice. Très vite, elle enchaîne les tournages au Maroc et à l’international, avant d’obtenir ses premiers rôles principaux. « Pour moi, le cinéma n’était pas une fin, mais une continuité. Servir mon pays à travers l’art, c’est ce qui m’a toujours animée », explique-t-elle.
Lire aussi : La Fête du Cinéma célèbre sa 2ᵉ édition en septembre
Une actrice exigeante, loin des clichés
Derrière son sourire calme, Asmaa Khamlichi cache une rigueur intransigeante. Elle a toujours choisi ses rôles avec discernement, refusant les stéréotypes et les facilités : « Après certains succès, on a voulu m’enfermer dans une image. J’ai préféré refuser des propositions plutôt que de me trahir ».
Formée au contact de maîtres cultivés comme Zinoun ou Nabil Lahlou, elle insiste sur la valeur de l’entourage artistique : « On devient ce que l’on fréquente. Les grands esprits m’ont façonnée ».
Cette exigence s’étend à sa vision du métier : « Être actrice, c’est s’oublier pour comprendre l’autre. L’ego n’a pas sa place. On sert une œuvre, pas soi-même ».
Quant au phénomène des influenceurs dans le cinéma, elle tranche : « Je ne suis pas contre les autodidactes, à condition qu’ils se forment. La notoriété ne remplace jamais le talent ».
Asmaa El Khamlichi se lance dans la coproduction avec Résilience, le nouveau film de Mohamed Karrat
Le cinéma marocain, entre renouveau et déséquilibres
Vingt ans de carrière offrent à Khamlichi un recul rare sur l’évolution du 7e art national. Si elle salue la relance des salles et le soutien de l’État, elle pointe aussi les déséquilibres persistants : « On a besoin de plus de scénaristes, de vrais directeurs artistiques, de structures solides ».
Elle évoque avec émotion la période des années 2000, marquée par des figures comme Noureddine Saïl, qu’elle qualifie de « philosophe du cinéma ».
Aujourd’hui encore, elle milite pour un cinéma marocain exigeant et sincère, porté par les jeunes talents : « On voit éclore de nouveaux réalisateurs brillants. Le Maroc regorge d’énergie créative. Il faut juste leur donner les moyens de s’exprimer ».
« Résilience », un film sur la force et la fragilité humaines
Avec Résilience, Asmaa Khamlichi passe derrière la caméra… tout en y restant devant. Coproduit avec Mohamed El Karrat, le film plonge dans l’intimité d’un couple contemporain et interroge les fractures entre générations, valeurs et sensibilités.
« Je voulais parler de ce que beaucoup vivent sans oser le dire. Le film aborde les tensions entre hommes et femmes, les non-dits de notre société ».
Le choix du titre s’est imposé comme une évidence : « La résilience, c’est ce que nous portons toutes. Nos mères, nos grands-mères ont survécu à tant de choses sans jamais se plaindre ».
Durant le tournage, l’artiste a elle-même vécu cette notion : « Je suis tombée malade deux jours, mais j’ai continué. C’était ma propre résilience ».
Quand elle a découvert le film achevé, l’émotion a pris le dessus : « J’ai pleuré deux jours. Pour une fois, je ne me jugeais pas. Je regardais juste le film, comme une spectatrice ».
Une productrice passionnée et perfectionniste
Khamlichi revendique une approche bienveillante mais ferme de la production : « Produire, c’est d’abord accompagner, comprendre, aider le film à exister ».
Elle salue son équipe, jeune et investie, qu’elle compte retrouver pour ses prochains projets : « On ne change pas une équipe qui gagne ».
Pour elle, produire au Maroc n’est pas une épreuve, mais une mission : « Rien n’est facile, mais tout devient possible quand on aime ce qu’on fait ».
Le plus grand défi ? Concilier la gestion, la création et l’interprétation. « J’étais actrice et productrice en même temps, mais j’avais le privilège de choisir un sujet qui me parle profondément ».
Une femme accomplie, tournée vers l’avenir
Lorsqu’on lui demande si elle se sent aujourd’hui accomplie, elle répond avec sérénité : « La réussite, ce n’est pas l’arrivée, c’est le chemin. Être bien dans sa peau, c’est le vrai succès ».
Son message aux jeunes générations se veut inspirant : « Ne vous comparez pas à ce que vous voyez sur les réseaux. La vie, ce n’est pas un montage parfait. Derrière chaque réussite, il y a du travail, du courage et parfois des chutes ».
Entre deux tournages, elle pratique le sport, le yoga et cultive une hygiène de vie qu’elle considère comme « un acte de respect envers soi-même ».
Déjà, elle pense à son prochain film, et vient de participer à une série saoudienne, Shabab Al Bomb, suivie par des millions de téléspectateurs. « Je voulais donner la meilleure image possible de la femme marocaine à l’étranger ».
À travers Résilience, Asmaa Khamlichi livre bien plus qu’un film : une déclaration d’amour à la persévérance, à la dignité et à l’art. « La résilience, conclut-elle, ce n’est pas qu’un mot. C’est une façon de vivre, de continuer malgré tout ».
Une leçon de courage et d’élégance, portée par une artiste qui, sans bruit, trace une route exemplaire.
Culture - Marrakech s’illumine au rythme du flamenco avec De Barrios à Lorca, un spectacle unique mêlant virtuosité musicale et intensité scénique.
Ilyasse Rhamir - 6 octobre 2025Culture - Le ministère de la Culture ouvre les candidatures pour la 56e édition du Prix du Maroc du Livre, couvrant plusieurs catégories et genres littéraires.
Hajar Toufik - 6 octobre 2025Culture - La 14ᵉ édition du festival Andaloussiat Tanger s’est ouverte par l’annonce du Prix national « Dar Al Âla », sacrant l’orchestre « Maghani wa Ma‘ani » de Fès.
Hajar Toufik - 3 octobre 2025Culture - Le nouveau film Résilience, une œuvre engagée du réalisateur marocain Mohamed Karrat, s'impose comme une fenêtre sur la condition des femmes au Maroc.
Mouna Aghlal - 2 octobre 2025Culture - Le Centre cinématographique marocain (CCM) a révélé les films retenus pour la 25e édition du Festival national du film, prévu à Tanger du 17 au 25 octobre.
Ilyasse Rhamir - 2 octobre 2025Culture - Découvrez l'album « Amzrouy – l’histoire » du groupe Ighouliden, un mélange captivant de mémoire et de modernité.
Mouna Aghlal - 1 octobre 2025Culture - Mawazine 2025 fête ses 20 ans entre concerts réussis, controverses médiatisées et défis organisationnels.
Hajar Toufik - 30 juin 2025Culture - L’édition 2025 de la Casa Music Week, événement très attendu par les amateurs de musique urbaine et pop au Maroc, ne laissera pas que de bons souvenirs.
Rédaction LeBrief - 23 juin 2025%customterm(topic)% - L’affaire entourant Kamel Daoud et son roman Houris illustre les tensions qui surgissent lorsque fiction et réalité s’entrelacent.
Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024Culture - Le Maroc a déposé une plainte officielle auprès de l'UNESCO, accusant l'Algérie d'appropriation culturelle.
Hajar Toufik - 21 mai 2024Culture - L'Morphine n'est pas lisse, il est brut. Pas cynique, mais lucide. Il fait du rap comme d'autres font des berceuses rébarbatives.
Sabrina El Faiz - 27 juin 2025Culture - Une année haute en couleurs ! D'ailleurs, le Maroc ne rate pas une occasion de faire briller les siennes sur la scène culturelle.
Mbaye Gueye - 31 décembre 2024