Accueil / Société

UM6P Science Week: l’intelligence artificielle en médecine, entre espoirs et craintes

Temps de lecture

UM6P Science Week: l'intelligence artificielle en médecine, entre espoirs et craintesTraduction: Médecine: façonner un futur avec l'IA © LeBrief.ma

Le troisième jour de la Semaine de la science (Science Week) à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) a été consacré à l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans le domaine médical. Entre les craintes liées à la possibilité d’être remplacé et l’espoir de nouveaux traitements pour des maladies jusqu’ici incurables, trois médecins sont intervenus ce mercredi pour clarifier les enjeux et dissiper les malentendus.

L’IA est en train de révolutionner de nombreux secteurs, et la médecine n’échappe pas à cette transformation. Lors de la Science Week qui s’est déroulée à l’UM6P de Benguerir, trois experts médicaux, notamment Intissar Haddiya, professeure de néphrologie à l’université Mohammed Ier de Oujda, Mohamed Bennani, ophtalmologue, et Hassan Chelly, professeur en ORL, ont offert un aperçu global sur les avancées, les espoirs et les craintes liés à l’intégration de l’IA dans le domaine médical. Ces trois perspectives mettent en lumière les défis et les opportunités que présente cette technologie, tout en soulignant la nécessité d’une collaboration entre l’humain et la machine.

L’IA en ophtalmologie : une révolution dans le diagnostic

Mohamed Bennani, ophtalmologue, décrit comment l’IA a transformé la pratique de l’ophtalmologie, en particulier dans le diagnostic des maladies oculaires. Selon lui, “l’IA a permis d’automatiser des tâches complexes, comme l’analyse des images de la rétine, chose qui a considérablement amélioré la précision et la rapidité des diagnostics”. Dans ce contexte, il cite l’exemple de l’IA qui peut désormais détecter des anomalies invisibles à l’œil nu, comme les premiers signes de la rétinopathie diabétique, une complication courante du diabète qui peut conduire à la cécité si elle n’est pas traitée à temps.

D’ailleurs, Mohamed Bennani souligne que “l’IA ne remplace pas les ophtalmologistes, mais les augmente« . En effet, l’IA permet aux médecins de se concentrer sur les cas les plus complexes, tout en automatisant les tâches routinières comme la prise de rendez-vous, la saisie des données médicales et la génération de rapports. Cela libère du temps pour les médecins, qui peuvent ainsi consacrer plus d’attention à leurs patients. Cependant, Bennani met en garde contre les limites de l’IA, notamment le fait que les algorithmes sont souvent entraînés sur des populations spécifiques comme les populations asiatiques, ce qui peut limiter leur applicabilité à d’autres groupes ethniques.

Lire aussi: Elon Musk dévoile Grok 3 : une IA ambitieuse au cœur des tensions politiques et technologiques

L’IA en néphrologie : un outil précieux pour la médecine personnalisée

Intissar Haddiya, professeure de néphrologie, aborde l’impact de l’IA dans le traitement des maladies rénales. Elle explique que l’IA peut aider à prédire l’évolution de la maladie rénale chronique et à personnaliser les traitements en fonction des caractéristiques individuelles des patients. Citant comme exemple, l’IA peut analyser des données massives pour identifier les patients à risque d’insuffisance rénale aiguë ou prédire la réponse à un traitement spécifique.

Dr. Haddiya souligne également l’importance de l’IA dans la gestion des dialyses. Les machines de dialyse équipées d’IA peuvent ajuster en temps réel les paramètres de traitement en fonction des besoins du patient, réduisant ainsi les complications liées à une dialyse mal adaptée. Cependant, elle met en garde contre les défis liés à la qualité des données et à la sécurité des informations médicales. Les algorithmes d’IA doivent être entraînés sur des données de haute qualité et sécurisées pour éviter des erreurs potentiellement dangereuses.

Enfin, Intissar Haddiya insiste sur le fait que l’IA ne remplacera pas les néphrologues, mais les aidera à améliorer leurs performances. Elle souligne que le jugement clinique et l’empathie humaine restent essentiels pour gérer des patients souvent anxieux et souffrant de multiples comorbidités. L’IA peut fournir des diagnostics et des recommandations, mais c’est au médecin de prendre les décisions finales et de rassurer les patients.

Lire aussi: L’intelligence artificielle au Maroc : opportunités, défis et perspectives pour 2025

Les craintes et les espoirs de l’IA en médecine

Hassan Chelly, professeur en ORL, aborde les craintes et les espoirs liés à l’intégration de l’IA en médecine. Reconnaissant le potentiel de l’IA dans la transformation la pratique médicale en automatisant des tâches fastidieuses, en améliorant la précision des diagnostics et en personnalisant les traitements. Par exemple, “l’IA peut analyser des images radiologiques en quelques secondes, détecter des lésions cancéreuses à un stade précoce, et même prédire des maladies avant l’apparition des symptômes” indique-t-il.

Cependant, Dr. Chelly met en garde contre les risques associés à l’IA, notamment les erreurs médicales, les biais algorithmiques et les questions éthiques. Expliquant, dans ce sens, que l’IA est entraînée sur des données historiques, ce qui peut introduire des biais culturels ou sociaux. Par exemple, un algorithme entraîné sur des données provenant d’une population spécifique pourrait ne pas être applicable à d’autres groupes. De plus, il y a un risque que les médecins deviennent trop dépendants de l’IA, ce qui pourrait nuire à leur jugement clinique.

Lire aussi: Intelligence artificielle : un professeur marocain récompensé à New York

Hassan Chelly insiste également sur l’importance de la relation médecin-patient, qui ne peut pas être remplacée par une machine. Selon lui, l’empathie, la communication et la confiance sont des éléments clés de la pratique médicale, et l’IA ne peut pas reproduire ces qualités humaines. Il conclut en affirmant que l’IA ne remplacera pas les médecins, mais les aidera à améliorer leurs performances et à se concentrer sur l’essentiel : les patients.

Les interventions de ces trois experts montrent que l’IA a le potentiel de transformer la médecine en améliorant la précision des diagnostics, en personnalisant les traitements et en automatisant les tâches routinières. Cependant, ils soulignent également les limites et les risques associés à cette technologie, notamment les biais algorithmiques, les erreurs médicales et les questions éthiques. Enfin de compte, l’IA est un outil puissant, mais c’est aux médecins de guider son utilisation pour le bien des patients.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Kénitra : une tonne de drogue saisie, le chauffeur en fuite

Société - Les forces de la police judiciaire de Kénitra, en collaboration avec la DGST, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue.

Ilyasse Rhamir - 27 mars 2025

DGAPR : panier-repas pour les détenus dès le 2ᵉ jour de Aïd Al-Fitr

Société - À l’occasion de Aïd Al-Fitr, les détenus bénéficieront d’une dérogation exceptionnelle leur permettant de recevoir un panier-repas de leurs proches.

Hajar Toufik - 27 mars 2025

Aïd Al-Fitr : forte affluence sur les autoroutes, ADM alerte

Société - À l’occasion de Aïd Al-Fitr, ADM prévoit un trafic dense sur l’autoroute et invite les automobilistes à anticiper leur trajet.

Ilyasse Rhamir - 27 mars 2025

Ramadan 1446 : la HACA alerte sur l’excès de publicité

Société - La HACA met en garde contre l’excès de publicités nuisant à l’expérience des spectateurs et plaide pour des pratiques éthiques.

Ilyasse Rhamir - 27 mars 2025

Vidéo – Sidi Moumen : des jeunes au service des plus démunis

Société - Des jeunes de Sidi Moumen se mobilisent pour offrir des repas aux plus démunis et accompagner les personnes isolées.

Ilyasse Rhamir - 27 mars 2025

Vidéo-Errahma : 10 blessés dans l’explosion de bonbonnes de gaz

Société - Une explosion de gaz à Nouaceur fait 10 blessés, dont trois gravement, et provoque l'effondrement partiel d'une maison.

Hajar Toufik - 27 mars 2025
Voir plus

Métier passion au Maroc, la réalité derrière le rêve

Dossier - Sommes-nous tous voués à souffrir ? Quand on aime son métier passion, on ne compte apparemment pas ses heures.

Sabrina El Faiz - 18 janvier 2025

Héritage, la succession qui déchire

Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.

Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024

Notes de route du Sahara

Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.

Rédaction LeBrief - 4 avril 2024

L’INDH : 18 ans après, quel bilan ?

Société - Lancé en 2005 par le roi Mohammed VI, l’Initiative nationale pour le développement humain souffle aujourd’hui ses 18 bougies.

Hajar Toufik - 18 mai 2023
Voir plus

Un commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire