Ukraine : une trêve sous conditions, Poutine impose ses nuances

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Ukraine : une trêve sous conditions, Poutine impose ses nuancesVladimir Poutine lors des élections russes, dimanche 17 mars 2024 © Natalia KOLESNIKOVA / POOL / AFP

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Alors que les ministres des Affaires étrangères du G7 sont réunis au Canada pour discuter d’un éventuel cessez-le-feu en Ukraine, Moscou se dit prêt à une trêve… mais pas sans garanties. Vladimir Poutine pose ses conditions et insiste sur la nécessité de prendre en compte les intérêts russes. Entre avancées militaires et négociations diplomatiques, le Kremlin veut s’assurer que cette pause ne soit pas une simple opportunité pour Kiev de se renforcer.

La guerre en Ukraine dure depuis plus de trois ans, et les efforts diplomatiques pour y mettre fin se multiplient. Une nouvelle initiative, portée par Washington, propose un cessez-le-feu de 30 jours. Vladimir Poutine s’est dit « pour », mais avec des « nuances ». Derrière ces réserves, le Kremlin cherche à garder le contrôle sur le rythme des négociations et sur le terrain militaire.

Pendant que les discussions s’intensifient, les combats se poursuivent, notamment dans la région russe de Koursk, où l’armée de Moscou avance. Face à cette dynamique, Volodymyr Zelensky dénonce une « manipulation » et craint que la Russie n’exploite cette trêve pour renforcer ses positions.

Un cessez-le-feu, mais à quel prix ?

D’un côté, Washington et ses alliés poussent pour une trêve immédiate afin de stabiliser le front et alléger la pression sur l’Ukraine. De l’autre, la Russie insiste sur des garanties : comment s’assurer que l’Ukraine ne profite pas de cette pause pour se réarmer avec l’aide occidentale ?

« Nous sommes pour, mais il y a des nuances », a déclaré Vladimir Poutine. Il pose plusieurs conditions : assurer un contrôle strict de la trêve, éviter qu’elle ne soit une occasion pour Kiev de renforcer ses capacités militaires, et surtout, discuter avec Washington. « Nous devons en parler avec nos partenaires américains, peut-être appeler le président Trump », a-t-il ajouté, soulignant ainsi l’importance des négociations bilatérales avec les États-Unis.

Lire aussi : Ukraine : silence du Kremlin face à l’offre américaine de trêve

Son conseiller diplomatique, Iouri Ouchakov, a critiqué le plan proposé par Washington, le jugeant déséquilibré en faveur de l’Ukraine. « Seule l’approche ukrainienne est décrite », a-t-il affirmé, plaidant pour une révision du document afin d’inclure les intérêts russes.

L’offensive militaire continue

Malgré ces discussions, le terrain dicte encore la cadence des négociations. Poutine a clairement indiqué que les « prochaines étapes » dépendraient des avancées militaires russes dans la région de Koursk, où les forces de Moscou ont récemment repoussé les troupes ukrainiennes.

L’Ukraine, en réaction, a ordonné l’évacuation de huit localités proches de la frontière russe, en raison de l’intensification des combats. Dans ce contexte, les doutes sur la sincérité de la volonté de cessez-le-feu de Moscou persistent. Volodymyr Zelensky accuse Poutine de vouloir « faire traîner les choses » pour prolonger la guerre sous couvert de négociations.

Lire aussi : Ukraine : l’Arabie saoudite réaffirme son engagement pour une paix équitable

De son côté, Moscou refuse catégoriquement l’envoi de troupes européennes en Ukraine en tant que force d’interposition, une idée soutenue par certains pays de l’UE et le Royaume-Uni. La porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a averti que cela serait vu comme une « confrontation directe » avec la Russie, menaçant de « répondre par tous les moyens disponibles ».

Trump et le jeu des alliances

L’autre acteur décisif de ces discussions est Donald Trump. Le président américain, fraîchement locataire de la Maison-Blanche pour la deuxième fois, suit de près les négociations. Il a jugé « très décevant » un éventuel rejet russe du plan de trêve, mais a aussi trouvé « très prometteuses » les déclarations de Vladimir Poutine, tout en notant qu’elles n’étaient « pas complètes ».

Lire aussi : Poutine prêt à négocier, mais rejette l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan

Depuis la reprise du dialogue entre Moscou et Washington, avec des rencontres en Arabie saoudite et en Turquie, la Russie mise sur une relation plus directe avec les États-Unis pour façonner l’issue du conflit. Une dynamique qui inquiète Kiev, craignant que la guerre en Ukraine ne devienne une simple variable d’ajustement dans le rapport de force entre les grandes puissances.

Des échanges fructueux entre Trump et Poutine pour un cessez-le-feu

Le président américain, Donald Trump, a révélé avoir eu, aujourd’hui, une série de discussions « très productives » avec Vladimir Poutine, portant sur un cessez-le-feu entre la Russie et l’Ukraine. Sur les réseaux sociaux, Trump a qualifié ces pourparlers de « bons » et a exprimé son optimisme quant à la possibilité de mettre un terme à ce conflit meurtrier. Selon lui, un accord de paix pourrait enfin voir le jour.

Lire aussi : Trump et Poutine s’accordent sur des négociations immédiates pour mettre fin à la guerre en Ukraine

Trump a également évoqué la situation dramatique des troupes ukrainiennes encerclées par les forces russes à Koursk, soulignant qu’il avait demandé à Poutine d’épargner leurs vies. Ces échanges interviennent après que Poutine a donné son accord pour un cessez-le-feu de 30 jours, une initiative proposée par les États-Unis et acceptée par l’Ukraine. Le président russe a confirmé son soutien à cette trêve, exprimant l’espoir qu’elle ouvrirait la voie à une paix durable en réglant les causes profondes de la guerre.

Vers une paix durable ou une pause stratégique ?

Le Kremlin affirme que son objectif est une « paix durable », et non une trêve temporaire qui permettrait à l’Ukraine de renforcer ses défenses. Mais dans les faits, la Russie continue son offensive et conditionne toute avancée diplomatique à ses gains sur le terrain.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky appelle les alliés de son pays à ne pas tomber dans le piège d’un faux cessez-le-feu qui donnerait du temps à la Russie pour consolider ses positions. Il exhorte à maintenir la pression sur Moscou, dénonçant les « manipulations » du Kremlin.

Au final, cette proposition de trêve semble avant tout être un outil de communication et de négociation, plus qu’un véritable pas vers la fin du conflit. Tant que les combats se poursuivront et que les conditions posées par Poutine resteront inacceptables pour Kiev, la paix en Ukraine restera une perspective lointaine.

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