Une «année blanche» dans le secteur oléicole et des agriculteurs au bord de la faillite
Tribune
Mohamed SlimPrésident du Centre marocain de l'Information, l'Environnement et des Énergies Vertes
Les agriculteurs des provinces d’Al Haouz et El Kelâa des Sraghna ont constaté le retard de floraison des oliviers sur leurs domaines, mettant en garde contre les répercussions négatives de cette affaire sur la récolte des oliviers, lors de la saison en cours, surtout après la hausse sans précédent des prix de ce produit vital au cours de la saison dernière.
Dans le même contexte, l’Association régionale des producteurs d’olives de la région Marrakech-Safi a adressé une lettre à ce sujet au nom des producteurs d’olives de la région aux directions régionales du ministère de l’Agriculture, confirmant que les oliviers, cette année, et après la difficile année passée, n’ont pas fleuri, et ce, pour des raisons inconnues. Et malgré les souffrances rencontrées par les agriculteurs pour la préserver, la production fût plus faible que l’année dernière, d’où la perte d’emplois pour un grand nombre d’agriculteurs, la perte de travail pour la main d’œuvre restante de ce secteur, dans la région de Marrakech-Safi, ainsi que la destruction des oliviers restants.
La lettre avertissait également que les agriculteurs qui produisent des olives, après moult souffrance et patience, sont au bord de la faillite, d’autant plus que les oliviers de toutes sortes ont produit au cours de l’année 2023 seulement un dixième de leur produit normal, en raison des années successives de sécheresse et des problèmes d’irrigation. Une situation qui a conduit à la faiblesse du produit et à la destruction d’un grand nombre d’oliviers, notamment ceux irrigués par l’eau de pluie des vallées, en plus de la difficulté d’entretien du reste des arbres. D’autant plus que les producteurs n’ont bénéficié d’aucun prêt ni subvention dans ce domaine.
En conclusion de sa lettre, l’association a appelé à l’intérêt du ministère à élaborer un plan urgent pour faire face au danger qui pèse sur cette agriculture nationale, ainsi qu’à la situation difficile des agriculteurs, soulignant la nécessité d’établir des contacts avec les Instituts régionaux de recherche agronomique pour déterminer avec précision et scientifiquement les véritables raisons de la non-floraison des oliviers cette année, que certains associent à la sécheresse et au changement climatique, qui nuit à l’olivier en priorité, et donc à l’agriculteur qui le produit.
L’association a également appelé à soutenir les producteurs d’olives avec des engrais gratuits et en quantité suffisante, tout en leur accordant des subventions financières pour couvrir les frais d’entretien des oliviers, qui oscillent entre 25.000 et 30.000 dirhams par hectare annuellement, soulignant que sans cette subvention, l’agriculteur ne sera pas capable de prendre soin de ses arbres et ils seront voués à la destruction.
L’association met également l’accent sur la nécessité de faciliter les procédures d’exploitation et d’approfondissement des puits pour les oliveraies agricoles en coordination avec les intérêts du ministère de l’Équipement et de l’Eau, notant que la plupart de ces puits sont hérités des pères et des grands-pères, comme en témoigne le fait que certains des arbres productifs ont plus de 150 ans. Les concernés ont également appelé à accélérer la construction de barrages collinaires pour limiter les pertes d’eau après les pluies, ce qui contribuera certainement à reconstituer la nappe phréatique.
Marouan, propriétaire d’un domaine spécialisé dans la production d’olives dans la province d’Al Haouz, s’est plaint des difficultés auxquelles sont confrontés les travailleurs de ce secteur. Après la faible production de l’année dernière, la production a continué à baisser, atteignant seulement 5% de la production annuelle, en échange de coûts élevés liés à la facture énergétique et à la main d’œuvre, au traitement et à la fertilisation… sachant que les producteurs ont souvent atteint des étapes tragiques, ce qui nécessite une action des autorités responsables pour les soutenir, ne serait-ce que partiellement… Soulignant que beaucoup ont, à la lumière de cette amère réalité, eu recours au déracinement des oliviers et à leur vente comme bois de chauffage pour les bains et les fours, ce qui s’est clairement reflété par une baisse significative des prix du bois de chauffage. Le prix du bois d’olives varie normalement jusqu’à 3 dirhams le kilogramme, mais à présent, il ne dépasse même pas les 30 centimes par kilogramme, en raison de l’abondance d’arbres déracinés.
Marouan a également estimé que la hausse actuelle des prix des olives à plus de 18 dirhams le kilogramme est principalement due à la détérioration de la récolte, soulignant que les prix de l’huile d’olive augmenteront de plus en plus au cours de la saison en cours et peuvent même atteindre plus de 150 dirhams le litre. Le jeune agriculteur a souligné la nécessité pour le ministère de l’Agriculture d’être attentif à la situation des agriculteurs et de les soutenir d’une manière ou d’une autre pour surmonter la crise actuelle. D’autant plus qu’un grand nombre d’entre eux doivent d’importantes sommes d’argent aux institutions de crédit et sont même incapables de rembourser ces prêts dans les circonstances actuelles, ce qui renforce ce qui a été évoqué précédemment. La menace de faillite est là, bien sûr, confirme Marouan.
À son tour, le parlementaire Kamal Ben Khaled, dans son intervention à la Chambre des conseillers suite à une question qu’il a adressée au ministre de l’Agriculture, a averti que les attentes indiquent que le prix d’un litre d’huile d’olive pourrait atteindre 150 dirhams, en raison du manque de production, fortement affecté par la sécheresse et les faibles précipitations. Également avec la spéculation dans ce secteur, Ben Khaled a appelé à la nécessité de faire face à la rareté, à la spéculation et aux prix élevés dont souffre la chaîne de production d’olives.. soulignant que le secteur oléicole connaît ce problème grave et que « les gens profitent aujourd’hui de cette rareté et jouent avec les prix« , appelant à la nécessité de mener une intervention forte pour éviter de graves conséquences sur les prix pendant cette période et l’année à venir, mais aussi sur les usines et les unités de production, d’autant plus qu’environ 65 unités industrielles dans le domaine de l’olive sont aujourd’hui considérées comme menacées de faillite, selon Ben Khaled, conseiller du Rassemblement national des indépendants (RNI).
Pour référence, la crise du déclin de la production oléicole est une crise mondiale et pas seulement marocaine. Cela a été confirmé par la première Conférence mondiale sur l’huile d’olive, qui s’est tenue fin juin dernier à Madrid avec la participation de 300 personnes. Parties, qui ont confirmé la baisse de la production mondiale de 3,42 millions de tonnes en 2021-2022 à 2,57 millions de tonnes en 2022-2023, soit une baisse d’environ un quart, qui devrait continuer à diminuer en 2023-2024 à 2,41 millions de tonnes. Le ministère de l’Agriculture, et derrière lui bien-sûr le gouvernement, va-t-il s’engager à soutenir les agriculteurs et les producteurs de ce secteur à travers des initiatives participatives qui ne coûteront pas un bras ? Ou choisira t-il une autre politique au risque de voir l’ensemble des oliviers déracinés ?
Entre vérité et désinformation pour les réserves de biosphère
C’est le cas du Parc de l’Anti-Atlas Occidental, au centre du Maroc, un projet qui devait renforcer le réseau des aires protégées du Royaume, mais dont l’adoption a été reportée — non pas à cause d’un défaut inhérent, mais en raison d’une « logique du repli », comme je l’ai exprimé dans une lettre ouverte adressée au Chef du Gouvernement. Quand les intentions environnementales sont déformées Le projet du Parc de l’Anti-Atlas vise à protéger un patrimoine biologique unique, et…
Par Mohammed Tafraouti, Activiste environnemental, spécialiste des questions oasiennes et du développement durableL’intelligence humaine au défi des machines intelligentes
Une étude récente publiée dans The Quarterly Review of Biology explore cette idée vertigineuse : les interactions quotidiennes avec l’IA, qu’il s’agisse d’algorithmes de recommandation, d’assistants virtuels ou d’applications de rencontres pourraient, à terme, modifier certains traits de notre espèce. Taille du cerveau, durée d’attention, personnalités dominantes, comportements sociaux… autant de dimensions susceptibles d’évoluer sous pression technologique, comme elles l’ont été, jadis, sous pression naturelle. Faut-il s’en inquiéter ? Pas forcément. Mais il est urgent de s’interroger. Car l’IA ne…
Par Intissar Haddiya, Médecin et auteure marocainePollution et déchets : l’ONU établit une commission scientifique et politique mondiale
Troisième volet de la trilogie pour sauver la planète : une nouvelle commission onusienne sur la pollution aux côtés du climat et de la biodiversité La directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), Inger Andersen, a déclaré : « Aujourd’hui, nous avons fait l’histoire. Dans une avancée majeure pour la protection des populations et de la planète, les pays se sont accordés sur une nouvelle commission mondiale des sciences et politiques pour soutenir la gestion rationnelle des…
Par Mohammed Tafraouti, Activiste environnemental, spécialiste des questions oasiennes et du développement durableLa réforme législative de la profession de commissaire de justice selon la loi n° 46.21
Elle marque ainsi la fin d’une étape juridique précédente ayant duré plus de deux décennies, durant lesquelles la profession était régie par les dispositions de la loi n° 81.03. Bien que cette dernière ait constitué, à son époque, une référence réglementaire importante, les mutations de la justice moderne et les contraintes professionnelles et sociétales qui en ont découlé ont rendu nécessaire une refonte de l’architecture juridique de la profession, en vue de sa rationalisation et de son adaptation aux principes…
Par Yassine Kahli, Conseiller juridique et chercheur en sciences juridiquesSommet de Nice pour les Océans : des vagues d’espoir secouées par les vents de la contradiction
Alors que les énergies fossiles sont à l’origine du changement climatique, de l’acidification des océans et de la perturbation des écosystèmes marins, aucune mention n’y a été faite dans la déclaration finale de Nice. Ce silence n’est pas anodin : il illustre le poids des intérêts industriels et l’influence des lobbys pétroliers et gaziers, toujours actifs dans des projets maritimes aux conséquences écologiques majeures. Selon le Centre pour le droit environnemental international (CIEL), cette omission constitue « un échec total…
Par Mohammed Tafraouti, Activiste environnemental, spécialiste des questions oasiennes et du développement durable.Le conseil d’administration peut-il influencer la performance financière des entreprises ?
Nous chercherons à comprendre comment ce mécanisme de gouvernance peut influencer la performance des entreprises. Par ailleurs, le conseil d’administration se caractérise par plusieurs attributs susceptibles d’avoir un impact sur cette performance. On distingue principalement quatre dimensions clés : la structure, la taille, la composition, ainsi que la présence de comités spécialisés. La structure du conseil d’administration La structure du CA est souvent abordée dans la littérature sur la gouvernance des entreprises. Il s’agit bien évidemment de la forme de…
Par Nabaouia Idrissi, Enseignante chercheuse à l’ISGA CasablancaLes océans au seuil de l’espoir
Dans un monde en proie à des déséquilibres environnementaux accélérés, ce chiffre représente bien plus qu’un progrès technique : il incarne une volonté politique collective de sauver le « trésor bleu » au bord du précipice. BBNJ : un traité clé pour préserver la haute mer Officiellement intitulé « Accord dans le cadre de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer relatif à la conservation et à l’utilisation durable de la diversité biologique marine des zones…
Par Mohammed Tafraouti, Activiste environnemental, spécialiste des questions oasiennes et du développement durableLettre ouverte au président du Conseil de la région de Souss-Massa
À Monsieur le président du Conseil Régional de Souss-Massa Objet : Appel urgent à la mise en œuvre de la convention pour la protection des oasis de Tata Monsieur le Président, Suite à l’incendie dramatique qui a frappé hier l’oasis Agadir Lehna dans la province de Tata, causant des pertes importantes en palmiers et autres arbres fruitiers, je me permets de vous adresser cette lettre ouverte en tant qu’acteur engagé dans la défense de l’environnement oasien. Cela fait maintenant près…
Par Mohammed Tafraouti, Activiste environnemental, spécialiste des questions oasiennes et du développement durable.Aux frontières du réel et de la fiction dans le roman social : le cas « Houris »
Cependant, cette pratique pose une question délicate : où s’arrête l’inspiration et où commence l’appropriation illégitime d’une histoire personnelle ? L’affaire entourant Kamel Daoud et son roman Houris illustre les tensions qui surgissent lorsque fiction et réalité s’entrelacent. Lauréat du prix Goncourt 2024, Daoud se voit reproché d’avoir utilisé, sans consentement, le récit d’une survivante de la guerre civile algérienne, ancienne patiente de son épouse psychiatre. Si l’écrivain réfute ces accusations en invoquant la fiction comme territoire libre, cette controverse…
Par Intissar Haddiya, Médecin et auteure marocaineLes tendances et les défis du marché immobilier au Maroc
Dans les grandes agglomérations, les tendances sont tout aussi disparates. À Casablanca, l’IPAI a reculé de 1%, avec des baisses de 0,5% pour les biens résidentiels, de 2,7% pour les terrains, et de 2,2% pour les actifs professionnels. La ville a également enregistré une contraction significative de 30,1% des transactions, notamment pour les terrains (-41,7%) et les locaux professionnels (-33,3%). À Rabat, les prix ont diminué de 0,6% globalement, avec une baisse notable de 7,5% des actifs professionnels, mais les…
Par Karim Mabrour, Fondateur et CEO de MKM ImmobilierLe Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif
Le rôle du Maroc s’étend bien au-delà de la simple défense de son intégrité territoriale face aux revendications désuètes du Polisario, il incarne une riposte systématique aux menaces qui gangrènent la stabilité de l’Europe, du Sahel et du Maghreb. La position géostratégique du Maroc, à la croisée de l’Atlantique, de la Méditerranée et du Sahel, confère au pays une fonction essentielle dans l’architecture sécuritaire mondiale. Les services de renseignement marocains, notamment la Direction Générale de la Surveillance du Territoire (DGST)…
Par Faiçal Marjani, Acteur associatifL’intégration de l’année juive dans les célébrations marocaines : un pas vers l’équité culturelle
La célébration de l’année hégirienne incarne le socle islamique fondamental de l’identité marocaine, tandis que la commémoration de l’année grégorienne illustre l’ouverture du Royaume au monde moderne et son interaction avec la culture occidentale. La célébration de l’année amazighe, quant à elle, honore des racines ancestrales profondes liées à l’identité amazighe, un pilier fondamental du tissu social marocain. Bien que ces festivités témoignent d’une reconnaissance certaine de la diversité culturelle marocaine, elles révèlent néanmoins des lacunes criantes si elles n’incluent…
Par Faiçal Marjani, Acteur associatifGreen Impact Expo & Summit, un carrefour mondial pour une mobilité durable
Une ambition qui dépasse les frontières Au-delà de l’exposition et des conférences, le Green Impact Expo & Summit porte une vision : celle de créer une communauté marocaine de la mobilité durable, où chaque acteur, qu’il soit industriel, institutionnel, académique ou citoyen peut contribuer à construire les solutions de demain. Cet événement incarne une dynamique unique, où la collaboration transcende les simples enjeux commerciaux pour embrasser une responsabilité collective envers l’avenir de notre planète. Dans un contexte où les politiques…
Par Omar Amarouch, Chargé des partenariats et de la commercialisation du Green Impact Expo & Summit,Asynchroni-Cités : quand les rythmes urbains se désaccordent
Dans ces environnements urbains, les rythmes de vie, les infrastructures et les dynamiques sociales ne sont plus en phase, créant une fragmentation de l’expérience urbaine. L’urbanisation rapide, souvent motivée par des impératifs économiques plutôt que par une vision cohérente de la ville, conduit à un désaccord entre les différents éléments qui composent la cité. Les transports fonctionnent à une cadence différente de celle des besoins résidentiels, les espaces de travail ne s’intègrent pas harmonieusement aux zones de loisirs, et les…
Par Mohammed Hakim Belkadi, Consultant architecte des écosystèmes urbains prédictifs et des milieux interconnectés expert judiciaireLe Maroc exige de l’ONU une action décisive pour contrer les manœuvres déstabilisatrices dans la région
Ce régime, dont les pratiques empiètent systématiquement sur la souveraineté des nations voisines, s’appuie en interne sur une propagande mensongère visant à alimenter la haine, à détourner ses citoyens de leurs véritables aspirations, et à les priver de leur droit légitime au développement, à la justice sociale, et à la prospérité. Son objectif est évident : manipuler l’opinion publique pour la maintenir captive de projets idéologiques en décalage complet avec les besoins et les droits réels de ses citoyens. Après…
Par Faiçal Marjani, Acteur associatifGreen Impact Expo & Summit 2025 : une programmation scientifique pour penser la mobilité durable de demain
Une réflexion scientifique pour une mobilité durable La programmation scientifique du Green Impact Expo & Summit repose sur une approche transversale qui intègre les dimensions économiques, sociales et environnementales de la mobilité. L’objectif est clair : élaborer des solutions innovantes adaptées aux territoires et aux besoins des populations, tout en répondant aux impératifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le Maroc, acteur clé de cette dynamique, s’est fixé un objectif ambitieux de réduction de 45% de…
Par Mehdi Amarouch, Directeur du programme Green Impact Expo & Summit