L’intégration de l’année juive dans les célébrations marocaines : un pas vers l’équité culturelle
La célébration de l’année hégirienne incarne le socle islamique fondamental de l’identité marocaine, tandis que la commémoration de l’année grégorienne illustre l’ouverture du Royaume au monde moderne et son interaction avec la culture occidentale. La célébration de l’année amazighe, quant à elle, honore des racines ancestrales profondes liées à l’identité amazighe, un pilier fondamental du tissu social marocain. Bien que ces festivités témoignent d’une reconnaissance certaine de la diversité culturelle marocaine, elles révèlent néanmoins des lacunes criantes si elles n’incluent pas toutes les composantes ayant façonné la civilisation marocaine.
La justice culturelle exige une reconfiguration méthodique qui place toutes les composantes historiques de l’identité nationale sur un pied d’égalité. Dans ce contexte, il est impératif d’intégrer la célébration du Nouvel An juif, non seulement en tant qu’événement religieux, mais en tant que pilier de la mémoire collective marocaine, qui reconnaît les Juifs marocains comme une partie intégrante de l’histoire nationale. Les Juifs marocains ne représentent pas simplement une page de l’histoire effacée ; ils sont un levier culturel et social ayant laissé une empreinte indélébile dans les arts, le commerce, la pensée et la politique, enrichissant ainsi la mosaïque civilisationnelle du Maroc.
La célébration du Nouvel An juif revêt une signification culturelle et civilisationnelle d’une ampleur égale à celle des autres fêtes nationales. Elle constitue une affirmation de la pluralité réelle qui sous-tend l’identité marocaine et offre une occasion de souligner que la civilisation marocaine n’est pas une simple somme d’influences islamiques, arabes ou amazighes, mais un amalgame riche intégrant les influences juives qui ont cohabité harmonieusement avec les autres composantes à travers les siècles.
Dans cette perspective, il devient impératif de revisiter le concept d’“électivité culturelle”, qui risque de marginaliser certaines composantes au profit d’autres. Le Maroc, fier de son patrimoine civilisationnel varié, est appelé à adopter des politiques culturelles plus inclusives, fondées sur une justice historique et culturelle authentique. Ces politiques doivent se manifester dans des pratiques festives, éducatives et médiatiques qui permettent à chaque composante de s’exprimer et de participer activement à la construction de l’identité nationale.
L’intégration du Nouvel An juif dans le calendrier des célébrations nationales ne serait pas une simple adjonction ; ce serait une avancée majeure vers la construction d’une identité marocaine inclusive, transcendante et véritablement universelle. Le Maroc, face à l’exigence d’une reconnaissance de toutes ses composantes culturelles, doit se positionner comme un modèle de gestion de la diversité culturelle, en évitant toute marginalisation et en favorisant l’épanouissement de chaque composante dans le cadre d’une citoyenneté partagée et égalitaire.
Ainsi, il est évident que la célébration du Nouvel An juif marocain ne relève pas d’une demande périphérique, mais constitue une étape cruciale dans l’engagement du Maroc en faveur de la justice culturelle et de l’équité civilisationnelle. C’est une affirmation de l’histoire et une reconnaissance du fait que le Maroc a toujours été et continuera d’être un bastion de la pluralité et de la coexistence harmonieuse entre ses diverses composantes.
En conclusion, la justice culturelle n’est pas une simple question symbolique ou protocolaire ; elle est le fondement d’une société harmonieuse qui reconnaît et valorise toutes ses composantes. L’inclusion du Nouvel An juif aux côtés des autres célébrations serait une déclaration puissante de l’engagement du Maroc envers une véritable diversité culturelle, une diversité qui embrasse toutes ses composantes comme parties intégrantes d’une identité nationale unique, multidimensionnelle et riche de significations civilisationnelles.
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