Parlement : les enjeux de la session du printemps

Avatar de Hajar Toufik
Temps de lecture :

Parlement : les enjeux de la session du printempsLe Parlement © DR

A
A
A
A
A

Le Parlement entame ce vendredi sa session de printemps, deuxième session de l’année législative 2024-2025. Une session qui s’annonce particulièrement déterminante, avec l’examen de projets de loi porteurs de changements cruciaux dans les domaines social et juridique.

L’agenda parlementaire s’annonce chargé, alors que la législature actuelle entre dans sa quatrième année. Au menu : l’examen de plusieurs projets de loi aux répercussions juridiques, économiques et sociales importantes. À cela, s’ajoute une tension politique croissante à l’approche des échéances électorales de 2026, qui devrait intensifier les affrontements entre la majorité et l’opposition.

Hégémonie

Des dossiers prioritaires

Sur le plan législatif, cette session est marquée par de profondes réformes dans divers domaines, notamment celle tant attendue du Code de la famille (La Moudawana). En effet, le gouvernement a annoncé, lors de son dernier conseil de janvier dernier, la mise en place d’une instance chargée de sa révision, première étape d’un processus législatif qui précède son examen en Chambre des représentants. Il s’agit d’une réforme attendue pour rassurer les femmes et les jeunes générations sur le caractère des droits de famille et sur les questions d’égalité de genre. Le texte est donc censé être discuté après plusieurs séances d’audition des propositions émises par les différents acteurs sociaux, politiques et juridiques qui l’abordent. Le texte devrait être présenté pour débat et vote lors de cette session parlementaire.

Autre dossier qui alimente les discussions : la révision de la procédure pénale, en cours d’examen à la commission de la justice, des droits de l’homme et des libertés. Ce projet de loi n° 03.23 vise à modifier la loi n° 22.01, un texte fondamental dans le fonctionnement de la justice pénale au Maroc. Bien qu’il cherche à moderniser les procédures judiciaires, il divise les opinions en raison de certaines des dispositions du projet qui ne font pas consensus. Les tensions sont principalement exacerbées autour de l’article 3 dudit projet, sur lequel des militants des droits de l’Homme jugent qu’ils seraient dans l’incapacité d’engager des poursuites judiciaires pour des crimes d’atteinte à la finance publique.

La réforme du Code pénal, qui envisage des modifications importantes en matière de peines d’emprisonnement et de peine de mort, fera également l’objet d’un débat très vif au sein du Parlement. Le gouvernement les présente comme indispensables pour faire face aux évolutions de la société marocaine, tandis que les opposants estiment qu’elles risquent de restreindre les libertés individuelles et de créer des discriminations.

En outre, la réforme des retraites est un autre dossier incontournable du moment. Ce chantier a constitué pour les responsables politiques un des grands enjeux des années passées, compte tenu des déboires du système financier et des déficits sans cesse croissants. Ce chantier a pour but d’assurer la pérennité des régimes de retraite tout en garantissant leur équité et leur accessibilité aux générations à venir. Le cœur des débats se situe autour de l’âge de départ à la retraite, des modalités de financement et de l’harmonisation des régimes de retraite, jugés par beaucoup trop hétérogènes et mal adaptés à la réalité économique du Pays.

Par ailleurs, les parlementaires devront également s’attaquer à d’autres textes importants, à savoir le Code du travail et la loi sur les syndicats. Ils devront aussi aborder une réforme plus globale du cadre législatif régissant le droit de grève. Ce dernier point, particulièrement attendu, devrait être intégré dans une réforme plus large du cadre législatif relatif au travail. Il s’agit pour le gouvernement de doter le pays d’un texte équilibré, garantissant à la fois le droit fondamental à la grève et la continuité du service public, dans un esprit de concertation et de compromis.

Peines alternatives : allègement des prisons et place à la réinsertion

D’autres réformes à l’ordre du jour

Le Parlement se penchera aussi sur d’autres projets de loi, dont celui relatif au patrimoine, sujet stratégique dans la mesure où le Royaume est riche d’un patrimoine historique et culturel. Il s’agit du projet de loi n° 33.22 qui vise à «renforcer le cadre législatif» relatif à la protection du patrimoine inscrit dans une dynamique de préservation des sites historiques et de valorisation du patrimoine national.

Autre projet fondamental : celui de l’assurance maladie obligatoire de base, un des volets de la réforme royale de la protection sociale, dont le but est d’étendre l’accès aux soins des populations les plus vulnérables à travers une couverture médicale minimale pour tous les citoyens. Cette réforme constitue un sous-ensemble dans un plan de développement social plus global, mais compte tenu des difficultés organisationnelles et financières à surmonter, elle devra se révéler nécessairement plus opérationnelle.

De son côté, la Chambre des conseillers poursuivra l’examen du projet de loi sur la procédure civile, adopté après de longs débats lors de la session précédente. Ce projet de loi n° 02.23, bien que modifié à plusieurs reprises, continue de soulever des interrogations sur la manière dont il pourrait affecter les relations entre le ministère de la Justice et les avocats. Le texte devrait néanmoins faire l’objet d’une révision finale avant son adoption, avec une attention particulière portée à l’équilibre entre réforme et préservation des droits des justiciables.

Droit de grève : feu vert de la Cour constitutionnelle

Une session sous haute tension politique

Au-delà du contenu des projets de loi, cette session parlementaire se déroule sous un climat politique tendu. À moins de deux ans des législatives, les positions s’endurcissent.

La majorité tente d’afficher son efficacité et son aptitude à faire avancer les réformes structurelles promises depuis le début du mandat. Quant à l’opposition, elle tente d’exercer son rôle de contre-pouvoir en mettant l’accent sur la transparence, la bonne gouvernance et le respect des engagements pris par l’exécutif. Chacun essaye donc de marquer des points, ce qui rendra les discussions encore plus vives, surtout sur les textes à fort enjeu social.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Le ministre ghanéen des Affaires étrangères salue la résolution 2797 du Conseil de sécurité de l’ONU sur le Sahara

Politique - Samuel Okudzeto Ablakwa approuve la résolution 2797 sur le Sahara lors de sa visite à Rabat.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Bourita et son homologue ghanéen unissent leurs forces contre le phénomène des enfants soldats

Politique - À Rabat, Bourita et son homologue abordent la crise des enfants soldats lors de la Conférence sur la Démobilisation et la Réintégration.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Rabat renforce ses liens avec la Tanzanie à travers la diplomatie parlementaire

Politique - Le Maroc et la Tanzanie renforcent leurs liens à travers une visite officielle, promouvant la coopération africaine.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Le CSPJ met en lumière ses actions en matière de droits humains

Politique - Le CSPJ renforce la protection des droits humains et des libertés individuelles, agit sur la scène internationale et réduit la détention préventive pour consolider la justice au Maroc.

Mouna Aghlal - 20 novembre 2025
Le Conseil de gouvernement adopte une série de textes structurants

Politique - Réuni à Rabat, le Conseil de gouvernement a entériné plusieurs décisions majeures : modernisation de la profession de Adoul, examen d’un accord militaire avec l’Éthiopie et validation de multiples nominations à des postes stratégiques dans divers départements ministériels.

Ilyasse Rhamir - 20 novembre 2025
Chambre des conseillers : séance plénière sur la justice spatiale ce mardi

Politique - La Chambre des conseillers consacre ce mardi une séance plénière aux questions orales adressées au Chef du gouvernement, avec un focus sur la justice spatiale et le développement territorial.

Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025
Voir plus
Sahara : 4 ans pour tout régler ?

Dossier - Le Maroc peut maintenant demander plus : sortir le dossier du Sahara de la quatrième commission de l'ONU, inscrire le Polisario comme organisation terroriste…

Sabrina El Faiz - 25 janvier 2025
Sahara : Guterres appelle à un changement de cap

Politique - L’ONU tire la sonnette d’alarme : le Sahara reste en tension, Guterres appelle les parties à un changement de cap pour éviter l’escalade.

Hajar Toufik - 25 août 2025
Fête du Trône : le Roi adresse un discours à la Nation

Le roi Mohammed VI a adressé, mardi, un discours au peuple marocain à l’occasion du 26e anniversaire de son accession au Trône. Voici le texte…

Rédaction LeBrief - 29 juillet 2025
Parlement : la diplomatie de l’ombre

Dossier - À l’instar d’un pur-sang arabe, le Parlement avance toujours, rectifiant ses virages au besoin. Immersion dans un univers parallèle.

Sabrina El Faiz - 28 décembre 2024
Le roi Mohammed VI adressera un discours à son peuple ce soir

Politique - Le Ministère de la Maison Royale, du Protocole et de la Chancellerie annonce que le roi Mohammed VI adressera un discours à son peuple.

Rédaction LeBrief - 31 octobre 2025
Le Roi préside à Rabat un Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres à Rabat, validant des réformes importantes, des nominations stratégiques et des conventions renforçant la coopération internationale.

Hajar Toufik - 12 mai 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire