Image d'illustration. DR Depositphotos
La mendicité reste un phénomène omniprésent au Maroc, mêlant pauvreté, exploitation et déviances organisées. En 2023, le ministère de l’Intérieur a révélé des chiffres alarmants qui témoignent de l’ampleur du problème et de sa complexité croissante. Face à cette réalité, les autorités marocaines ont déployé une approche sécuritaire et sociale, visant à endiguer ce fléau tout en offrant des solutions aux plus vulnérables.
Une problématique aux multiples visages
Entre janvier et septembre 2023, 2.514 affaires liées à la mendicité ont été enregistrées, menant à l’arrestation de 2.557 individus, selon Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur. Parmi eux, 181 sont des étrangers, principalement issus d’Afrique subsaharienne, tandis que 518 mineurs figurent parmi les interpellés. Ces chiffres révèlent une facette complexe de la mendicité, allant bien au-delà des simples actes de survie individuelle.
Les autorités mettent également en lumière l’existence de réseaux organisés, exploitant souvent des enfants ou se livrant à une mendicité dite «professionnelle». Ce type de pratique, structuré et orchestré, transforme la mendicité en une activité illégale lucrative, aggravant la situation des victimes impliquées, notamment les mineurs.
Lire aussi : Mendicité : les propositions du CESE pour y remédier
Au-delà des cas d’exploitation, des actes déviants tels que des demandes agressives, des menaces ou même des violences sont rapportés. Ces comportements, qui ternissent davantage l’image des espaces publics, nécessitent une vigilance accrue de la part des forces de l’ordre.
Une réponse sécuritaire intégrée
Pour faire face à cette problématique, le Maroc a adopté une stratégie sécuritaire intégrée, mobilisant plusieurs corps des forces de l’ordre, notamment la police judiciaire, les services de sécurité publique, les renseignements généraux et les autorités locales. Cette coordination permet de cibler différents aspects du phénomène :
1. Mendicité organisée : Les réseaux exploitant des enfants ou des adultes vulnérables font l’objet d’enquêtes spécifiques.
2. Zones sensibles : Les autorités concentrent leurs efforts sur des lieux stratégiques comme les gares routières, les mosquées ou encore les sanctuaires religieux.
3. Périodes à risque : Pendant le mois de Ramadan ou les fêtes religieuses, où la mendicité connaît une recrudescence, des campagnes d’interventions renforcées sont mises en place.
Cette stratégie repose également sur des moyens techniques, tels que l’utilisation de caméras de surveillance et la mise en place de patrouilles régulières. Ces dispositifs permettent un suivi en temps réel des zones sensibles et facilitent les interventions rapides en cas de trouble à l’ordre public.
Une approche répressive et sociale
Bien que l’action sécuritaire soit au cœur de la lutte contre la mendicité, le ministère de l’Intérieur insiste sur la nécessité d’une double approche, mêlant répression et réintégration sociale.
Sur le plan répressif, les récidivistes et les membres de réseaux criminels sont traduits en justice, conformément aux dispositions du Code pénal. Cependant, pour les mineurs et certaines personnes en situation de grande précarité, une approche plus humaine est privilégiée. Les forces de l’ordre travaillent en collaboration avec le parquet et d’autres acteurs sociaux pour offrir des solutions adaptées, comme :
Lire aussi : Mendicité : l’exploitation des enfants continue
• La prise en charge des mineurs : Les enfants impliqués dans la mendicité sont orientés vers des structures d’accueil spécialisées.
• L’accompagnement des personnes vulnérables : Des mesures sont mises en place pour favoriser leur réinsertion sociale notamment par l’accès à des services d’aide sociale ou des programmes de formation.
Cette approche réformiste vise à traiter les causes profondes de la mendicité tout en répondant aux situations spécifiques rencontrées sur le terrain.
Enjeux et perspectives
La lutte contre la mendicité au Maroc ne se limite pas à une question d’ordre public. Elle soulève des défis sociaux majeurs, tels que la pauvreté, le chômage et l’absence de dispositifs efficaces de protection sociale. À Marrakech, par exemple, où la mendicité est particulièrement visible en raison de l’affluence touristique, les autorités cherchent à préserver l’attractivité de la ville tout en garantissant un cadre de vie sécurisé pour les habitants.
Cependant, cette approche globale nécessite une collaboration accrue entre les acteurs publics et privés, ainsi qu’une sensibilisation de la société civile. Des campagnes d’information sur les dangers de donner directement aux mendiants, notamment aux enfants, pourraient contribuer à réduire l’exploitation. Par ailleurs, des initiatives locales, telles que des programmes d’insertion professionnelle ou des centres d’accueil, pourraient renforcer les efforts des autorités.
Lire aussi : Ministère de l’Intérieur : les gouverneurs mobilisés contre la mendicité
La mendicité au Maroc, bien qu’étroitement liée aux problématiques économiques et sociales, dépasse souvent le cadre de la simple précarité. En combinant des mesures répressives et sociales, le gouvernement tente de répondre à un phénomène qui touche des milliers de personnes et qui influence directement la vie publique. Toutefois, pour garantir des résultats à long terme, il est impératif d’investir davantage dans des solutions préventives, notamment en matière de protection de l’enfance et d’inclusion sociale. Cette approche permettra non seulement de réduire la mendicité, mais aussi de renforcer la cohésion sociale et la sécurité publique au Maroc.
Un Casque bleu marocain tué dans un accident en RDC
Afrique, Société - Un nouveau drame frappe la Monusco : un Casque bleu marocain et un interprète congolais meurent dans un accident en pleine zone de conflit.
Hajar Toufik - 14 mai 2025Casablanca : arrestation d’un Suédois visé par une notice rouge d’Interpol
Société - Recherché par la Suède pour des agressions sexuelles, un ressortissant suédois d’origine turque a été arrêté à son arrivée à l’aéroport de Casablanca.
Hajar Toufik - 14 mai 2025Essaouira : huit morts dans un accident impliquant un autocar
Société - Un accident tragique s’est produit à l’aube près de Tamanar, lorsqu’un autocar a violemment percuté une voiture, faisant 8 morts et 24 blessés.
Hajar Toufik - 14 mai 2025Affaire Escobar du Sahara : Latifa Raâfat cible de cyberharcèlement
Société - Dans l’affaire «Escobar du Sahara», une déclaration de Saïd Naciri relance l'attention sur Latifa Raâfat, aujourd’hui prise dans une tourmente médiatique inattendue.
Hajar Toufik - 14 mai 2025Saisie de près de 14.000 comprimés d’ecstasy au port de Nador
Société - Les douanes du port de Nador ont déjoué une tentative de trafic de 13.980 comprimés d’ecstasy, cachés dans un camion en provenance d’Europe.
Mouna Aghlal - 14 mai 2025Le notariat marocain célèbre un siècle d’histoire et se projette vers l’avenir
Société - Le notariat marocain fête ses 100 ans, institué en 1925 par le dahir du sultan Moulay Youssef. À Rabat, une cérémonie a réuni notaires et officiels pour saluer les progrès réalisés dans ce domaine.
Mouna Aghlal - 14 mai 2025Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !
Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.
Sabrina El Faiz - 12 avril 2025IA : avons-nous encore un libre arbitre ?
Dossier - Confiance dans les GPS, les avis en ligne ou des suggestions d'algorithme, nous déléguons notre libre-arbitre à des logiques invisibles.
Sabrina El Faiz - 3 mai 2025Métier passion au Maroc, la réalité derrière le rêve
Dossier - Sommes-nous tous voués à souffrir ? Quand on aime son métier passion, on ne compte apparemment pas ses heures.
Sabrina El Faiz - 18 janvier 2025Les funérailles de Chama Zaz
Khansaa Bahra - 1 octobre 2020Héritage, la succession qui déchire
Société - L'heure n'est pas aux comptes, et pourtant les familles se divisent pour l'indivisible. Immersion dans un héritage déchirant.
Sabrina El Faiz - 9 novembre 2024Notes de route du Sahara
Société - Très impressionnante, l'histoire de sa vie fait d'elle un personnage romanesque. A son premier voyage dans le Sahara, Isabelle Eberhardt, reporter, voyageuse et aventurière, tombe amoureuse de cette terre et de ses gens.
Rédaction LeBrief - 4 avril 2024