Le Maroc bat un record historique d’exportation d’asperges
Des asperges © DR
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La saison 2024-2025 marque un tournant majeur pour la filière. Pour la cinquième année consécutive, le Maroc établit un nouveau record d’exportation d’asperges, avec près de 968 tonnes expédiées pour une valeur totale de 6,6 millions de dollars. Ce chiffre impressionnant, en hausse de 47% par rapport à la saison précédente, illustre non seulement la vitalité du secteur, mais aussi son potentiel stratégique à moyen terme. Derrière ce succès se déploie un ensemble d’initiatives concertées : amélioration des rendements, prolongation de la saison de production grâce aux technologies agricoles, conquête de nouveaux marchés et montée en gamme de l’offre marocaine.
Une croissance soutenue et régulière
Ce nouveau record marque une progression de 47% par rapport à la saison précédente, confirmant une tendance haussière continue. Depuis cinq ans, les exportations d’asperges affichent un taux de croissance annuel moyen de 70%, une performance remarquable dans un secteur agricole mondial souvent soumis à l’instabilité des marchés et aux aléas climatiques.
Il convient de souligner que, bien que l’asperge ne fasse pas partie des piliers traditionnels de l’agriculture d’exportation marocaine, contrairement aux tomates ou aux poivrons, sa progression constante met en lumière un secteur en pleine structuration. Le Maroc semble miser intelligemment sur des créneaux de niche où la demande internationale est forte et où la concurrence reste maîtrisable.
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L’un des défis majeurs de la culture de l’asperge réside dans sa forte saisonnalité. Jusqu’à récemment, les pics d’exportation marocains se concentraient exclusivement sur les mois de mars et d’avril. Cependant, la saison 2024-2025 a marqué un tournant grâce à l’introduction de technologies agricoles modernes, qui ont permis d’étendre la campagne jusqu’en mai et de démarrer les expéditions dès le mois d’octobre.
Cette maîtrise croissante du calendrier de production confère au Maroc un net avantage compétitif : en élargissant sa fenêtre d’approvisionnement, le pays parvient à mieux répondre à la demande fluctuante des marchés internationaux et à se positionner comme une alternative crédible face à des concurrents européens dont la saison de production reste plus rigide.
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La percée européenne : la Belgique en tête
Le Maroc ne se contente pas de produire davantage. Il diversifie aussi activement ses débouchés. L’une des réussites marquantes de cette saison a été l’affirmation de la Belgique comme principal marché d’exportation. Plus de 62% des volumes d’asperges marocaines exportés ont été destinés à ce pays, consolidant une percée amorcée dès la saison précédente.
L’Espagne, qui avait montré des signes de recul l’an dernier, a renoué avec la croissance, redevenant le deuxième marché en importance. La France et le Royaume-Uni ont, pour leur part, maintenu un niveau d’importation stable, témoignant d’une fidélité des clients dans ces pays.
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En revanche, on note l’absence remarquée des Pays-Bas cette saison. Ce retrait pourrait être dû à une concurrence accrue ou à des arbitrages logistiques et commerciaux défavorables au marché néerlandais. Reste à voir si cette tendance se confirmera à l’avenir ou s’il s’agit d’un simple accident de parcours.
Au-delà du continent européen, le Maroc a également franchi une nouvelle étape stratégique cette saison : l’ouverture de quatre nouveaux marchés. Pour la première fois, des expéditions ont été réalisées vers les Émirats arabes unis, le Canada, l’Arabie saoudite et la Turquie.
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Parmi ces nouveaux venus, les Émirats se sont rapidement hissés dans le top trois des importateurs d’asperges marocaines, preuve de l’attrait croissant du produit sur les marchés du Golfe. Cette diversification géographique renforce la résilience du secteur face à d’éventuelles crises régionales et ouvre la voie à une consolidation durable à l’international.
En tout, les asperges marocaines ont été expédiées vers neuf pays cette saison, contre sept la saison précédente, une expansion géographique modeste mais significative.
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Une montée dans les classements mondiaux
Cette dynamique commerciale ne passe pas inaperçue sur la scène mondiale. En 2023, le Maroc figurait au 19e rang mondial des exportateurs d’asperges. Un an plus tard, il occupe désormais la 15e place. Si la tendance actuelle se poursuit, le royaume chérifien pourrait bien continuer son ascension et se positionner parmi les dix premiers exportateurs mondiaux d’ici à quelques années.
Il est important de noter que la concurrence dans le secteur est particulièrement forte, dominée notamment par le Pérou, le Mexique, l’Espagne et les États-Unis. Toutefois, le Maroc bénéficie de plusieurs atouts : proximité géographique avec l’Europe, climat favorable, main-d’œuvre qualifiée, et désormais, une logistique d’exportation bien rodée.
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Ce succès ne doit rien au hasard. Il s’inscrit dans une stratégie plus large de valorisation de l’agriculture marocaine, entamée depuis plus d’une décennie avec le Plan Maroc Vert et aujourd’hui prolongée par la nouvelle vision Génération Green 2020-2030. L’objectif est de faire de l’agriculture un moteur de croissance économique, de création d’emplois et d’exportations à forte valeur ajoutée.
L’exemple de l’asperge illustre parfaitement cette ambition : un produit peu connu, cultivé de manière confidentielle il y a encore quelques années, devient progressivement un emblème de la capacité marocaine à innover et à conquérir des marchés de plus en plus exigeants.
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Pour maintenir cette dynamique, les producteurs marocains devront continuer à miser sur l’innovation variétale, l’irrigation intelligente et le respect des normes sanitaires internationales. À mesure que le produit gagne en notoriété, les attentes des consommateurs, notamment en Europe du Nord, se concentreront sur la qualité gustative, la fraîcheur et la traçabilité.
Il est également probable que la culture d’asperges bio, encore marginale aujourd’hui, devienne un levier de différenciation pour les années à venir. Le développement de circuits courts pour les marchés de proximité, notamment en Afrique de l’Ouest, pourrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives régionales.
La spectaculaire progression des exportations d’asperges marocaines est bien plus qu’une simple performance agricole. Elle symbolise un changement de paradigme dans la stratégie d’exportation du royaume, basé sur la diversification, l’adaptation technologique et l’ouverture vers de nouveaux marchés.
Si le Maroc parvient à maintenir ce rythme de croissance, tout en consolidant la qualité et la durabilité de sa production, l’asperge pourrait bien devenir dans un futur proche un véritable pilier de l’agriculture d’exportation marocaine, aux côtés des incontournables tomates, poivrons et agrumes. Un pari qui semble déjà largement gagné.
L’endettement pour les vacances est devenu, chez beaucoup, une évidence presque banale. On ne s’en vante pas forcément, mais on ne s’en cache plus.
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