Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?
Image d’illustration. © DR
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La récente sortie médiatique du Haut-commissaire au plan, Ahmed LAHLIMI, continue de faire jaser. Elle a alimenté encore plus la polémique autour de la décision du Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) prise lors de sa première réunion trimestrielle de l’année 2023, le 21 mars. La banque centrale a augmenté le taux directeur de 50 points de base à 3%. BAM a dit vouloir «prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix». Dans ses projections, BAM a estimé que l’inflation ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%.
Mais pour M. LAHLIMI, la politique monétaire ne peut résoudre le problème de l’inflation. Le patron de l’institution chargée de la production statistique, de planification, de prospective, d’analyse et de prévision, a pointé du doigt le problème de l’offre, soulevé dans le communiqué de presse de la BAM. Les journalistes attendaient de pied ferme le Wali de la BAM pour plus d’explications Mais le point de presse de Abdellatif JOUHARI a été annulé pour des raisons personnelles, assure son équipe.
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Deux approches contradictoires
LAHLIMI parle d’un problème d’offre, citant par exemple les prix des produits alimentaires qui sont produits localement, et qui demeurent chers à cause de la sécheresse qui a frappé le Maroc durant les deux dernières années et l’année actuelle qui est à moitié sèche. Pour lui, si l’offre était abondante, les prix des produits locaux auraient baissé. Cette lecture invalide l’approche de M. JOUHARI puisque la première augmentation du taux directeur opérée fin décembre n’a pas porté ses fruits. Bien au contraire, à chaque fois qu’on augmente le taux directeur, on porte atteinte à la dynamique d’investissement et aux réformes menées par l’exécutif.
Sur ce volet, les économistes sont divisés. Certains penchent pour le diagnostic établi par M. LAHLIMI alors que d’autres soutiennent les décisions de M. JOUHARI. Pour ces derniers, l’inflation est purement monétaire et résulte du fait qu’il y a plus de monnaie en circulation que de produits. En parallèle au relèvement du taux directeur, ils préconisent que le gouvernement révise sa politique dépensière. Officiellement, le ministère des Finances n’a pas encore réagi aux propos de M. LAHLIMI. Mais l’un des membres du gouvernement Akhannouch, en l’occurrence Mohamed Mehdi Bensaïd, invité de la Fondation Lafqui Titouani, a déclaré que le gouvernement interagirait positivement avec les remarques émanant tant du HCP que de BAM. Le ministre a rappelé que le gouvernement disposait de ses propres indices et que sa gestion de crise était d’ailleurs louée par différentes institutions internationales.
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Que peut réellement faire le gouvernement ?
Au lieu de rentrer dans une guerre des chiffres avec BAM, le HCP et d’autres organismes, le gouvernement doit mener une politique budgétaire rigoureuse afin de stabiliser de l’économie en complément de la politique monétaire. Pour financer ces dépenses supplémentaires, il faudra chercher des moyens d’augmenter les revenus et de rationaliser les dépenses. Il existe plusieurs mesures que le gouvernement peut prendre pour faire face à l’inflation :
- Contrôle : le gouvernement peut mettre en place des contrôles de prix pour limiter la hausse des prix des biens et des services. Cela peut aider à protéger les consommateurs contre l’inflation, mais cela peut également créer des pénuries et des distorsions sur le marché.
- Réglementation : le gouvernement peut réglementer les entreprises pour empêcher les monopoles et les cartels de fixer des prix excessifs. Cela peut aider à maintenir une concurrence saine sur le marché et à limiter l’inflation.
- Croissance : le gouvernement peut encourager la croissance économique pour augmenter la production et la création d’emplois, ce qui peut réduire la pression sur les prix. Cela peut être réalisé en investissant dans les infrastructures par exemple.
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Dans ce contexte de changements économiques rapides et de multiples chocs, un nouvel interventionnisme de l’État est en train d’émerger. Cela reflète la faillite des marchés à saisir les nouvelles opportunités et le besoin pour l’État de prendre en charge de nouvelles préoccupations. Ce nouvel interventionnisme est déjà en place aux États-Unis et en Europe sous la forme de nouvelles politiques commerciales et industrielles. Le gouvernement marocain réussira-t-il à prendre ce nouveau virage ?
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