Foncier public : pari gagnant pour la relance économique ?

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PLF 2026 : le foncier public au service de la relance de l’investissementImage d'illustration © Depositphotos

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Dans la continuité du Projet de Loi de Finances 2026, l’État renforce la valorisation de son patrimoine foncier pour stimuler l’investissement productif. En 2024, près de 49.000 hectares du domaine privé ont été mobilisés. Immersion dans ces territoires.

Le Projet de Loi de Finances (PLF) 2026, comme les précédents, tend à faire du foncier public un levier de l’investissement national. La Direction des Domaines de l’État (DDE) met à disposition du secteur productif un patrimoine foncier structurant. Au titre de l’exercice 2024, la DDE a soutenu 242 projets couvrant près de 49.000 hectares, pour un investissement global dépassant 56 milliards de dirhams et la création attendue de plus de 37.000 emplois.

D’ailleurs, l’esprit du PLF 2026 s’aligne sur une logique de rationalisation et d’efficacité des dépenses publiques, où chaque dirham investi doit générer un impact économique tangible. Dans cette perspective, la mobilisation du foncier public s’inscrit dans une approche intégrée visant à :

  • Renforcer la compétitivité des territoires.
  • Soutenir les secteurs à forte valeur ajoutée.
  • Accompagner la transition énergétique et sociale.

Les 242 projets validés en 2024 ont permis de canaliser plus de 56 milliards de dirhams d’investissements, dont 94% approuvés dans le cadre de la gestion déconcentrée. Cette approche traduit la volonté du gouvernement d’ancrer la décision au niveau régional, conformément à la réforme des Centres régionaux d’investissement (CRI) et aux objectifs de la régionalisation avancée.

La location du foncier domanial est désormais privilégiée sur la cession, afin d’éviter la spéculation et d’assurer une utilisation productive et contrôlée des terrains.

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L’énergie, moteur de la transformation verte

La politique foncière nationale répond aussi à la trajectoire verte que le PLF 2026 consacre comme pilier transversal. Le secteur de l’énergie concentre plus de 81% des superficies allouées en 2024, soit 15.664 hectares pour six projets majeurs, représentant 7,1 milliards de dirhams d’investissement et 480 emplois directs.

La région de Laâyoune-Sakia El Hamra capte à elle seule l’essentiel de cette superficie, illustrant la montée en puissance des projets d’énergies renouvelables (éolien et solaire) inscrits dans la Stratégie nationale de transition énergétique. Les parcs éoliens de Boujdour et solaires de Guelmim témoignent de cette ambition, tandis que la réservation de 30.000 hectares pour l’hydrogène vert ouvre la voie à une nouvelle ère industrielle bas carbone.

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L’industrie demeure le cœur battant de la politique d’investissement publique. En 2024, 45 projets industriels ont bénéficié du foncier de l’État, couvrant 685 hectares pour un investissement de 24,6 milliards de dirhams et 25.000 emplois attendus. Les régions de Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra concentrent plus de 70% des superficies mobilisées. Cette dernière accueille notamment un projet intéressant en l’usine de fabrication de batteries et de matériaux de recyclage à Kénitra, pour 14 milliards de dirhams d’investissement.

L’agro-industrie confirme quant à elle sa montée en puissance, soutenue par 29 projets sur 1.574 hectares, représentant 830 millions de dirhams d’investissement et 3.000 emplois. Dans un Maroc engagé dans la souveraineté alimentaire, ces projets renforcent la chaîne de valeur agricole et favorisent la transformation locale des produits. Les régions du Sud, notamment Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab, concentrent près des deux tiers de ces investissements.

Tourisme, formation et services : l’investissement humain en action

Le tourisme continue de bénéficier d’une dynamique soutenue, avec 33 projets approuvés pour 450 hectares mobilisés et 16 milliards de dirhams d’investissement. A ce propos, la région de Casablanca-Settat, concentre 380 hectares et plus de 2.000 emplois prévus.

Parallèlement, l’État a alloué 228 hectares au secteur de l’enseignement et de la formation, avec 15 projets et 5,3 milliards de dirhams d’investissement. Les services, enfin, totalisent 68 projets pour 515 millions de dirhams, confirmant leur rôle transversal dans la relance économique.

Lire aussi : Le Maroc franchit le cap des 20 millions de nuitées touristiques à fin août

La ventilation régionale des projets met en lumière une répartition différenciée mais stratégique :

  • Dakhla-Oued Eddahab concentre 61% des superficies mobilisées (près de 30.000 ha), avec une forte diversification sectorielle.
  • Laâyoune-Sakia El Hamra suit avec 72 projets totalisant 6 milliards de dirhams.
  • Casablanca-Settat et Rabat-Salé-Kénitra se distinguent par la valeur de leurs investissements, représentant à elles seules plus de la moitié des montants nationaux.

Les régions du Sud s’imposent ainsi comme un pôle stratégique du développement durable, notamment à travers les énergies vertes, le tourisme et la transformation agricole.

Des projets structurants et solidaires

Au-delà des investissements privés, la DDE a contribué à plusieurs programmes à vocation sociale et urbaine :

  • Le programme de relogement de 62.000 ménages des bidonvilles du Grand Casablanca.
  • Le projet « Hypercentre » pour un parking souterrain à Casablanca, accompagné d’une revalorisation urbaine des terrains domaniaux.
  • Et la réservation de 30.000 hectares pour la filière nationale de l’hydrogène vert, un chantier emblématique de la stratégie énergétique du Royaume.

PLF 2026 : la santé et l’éducation au sommet des priorités

 

Pour garantir la bonne utilisation du patrimoine public, la DDE a renforcé son dispositif de suivi et de contrôle. En 2024, 2.755 hectares ont été récupérés auprès d’investisseurs défaillants pour être réaffectés à de nouveaux projets à fort impact socio-économique. Le PLF 2026 s’inscrit dans la continuité d’une stratégie nationale où le foncier public devient un moteur de l’investissement, de la décentralisation et de la transition énergétique.

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