Le Maroc n’a pas fermé l’œil de la nuit. Le pays entier a veillé, suspendu au destin des Lionceaux de l’Atlas, jusqu’à leur triomphe en finale de la Coupe du monde de football U20. Pour la première fois de son histoire, le Maroc est sur le toit du monde. Nous sommes champions du monde, et cette nuit de liesse nationale restera longtemps gravée dans nos mémoires — une nuit où tout semblait possible, où l’on croyait de nouveau en la jeunesse, en l’énergie, en le mérite. Le sport est devenu un véritable ciment de la nation.
L’autre ciment important pour le Maroc c’est la moralisation de la vie politique. Le Conseil des ministres, réuni hier sous la présidence du Souverain, a examiné les orientations générales du PLF 2026 et il a surtout adopté plusieurs projets de loi déterminants pour l’avenir démocratique du pays. Le Conseil a approuvé le projet de loi organique relative à la Chambre des représentants. D’une part, le texte proscrit l’entrée au Parlement de tout individu frappé par un verdict d’inéligibilité et renforce les sanctions dissuasives contre toute atteinte à la sincérité du scrutin. Il vise ainsi à conférer une légitimité incontestable aux élus issus des urnes. D’autre part, il ambitionne d’irriguer le champ politique d’une nouvelle génération en assouplissant les modalités de candidature pour les moins de 35 ans. Cet accompagnement se traduit par une incitation financière substantielle, couvrant les trois quarts des dépenses électorales.
Le deuxième texte adopté est le projet de loi organique relative aux partis politiques. Il ambitionne de moderniser le cadre juridique qui les régit, de renforcer la participation des femmes et des jeunes, d’améliorer leur gouvernance et d’encadrer leur financement. En somme, une tentative de mise à niveau de l’action partisane pour l’adapter aux profondes mutations que connaît la société marocaine. Mais le problème n’est pas seulement juridique, il est existentiel. Car comment réformer des partis qui ne croient plus vraiment en eux-mêmes ? Comment moderniser des structures figées, prisonnières de leurs hiérarchies internes, de leurs chefs éternels, de leurs rituels d’un autre âge ?
Il arrive un moment où les masques tombent, non dans un fracas, mais dans une lassitude silencieuse. Le Maroc, à l’approche de 2026, semble en être là. On ne s’étonne plus vraiment de voir le premier secrétaire de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) reconduit pour un quatrième mandat consécutif. On se contente d’un haussement d’épaules, comme si la répétition avait fini par user jusqu’à l’indignation. « J’exécute un ordre des bases du parti », a-t-il déclaré, sûr de son bon droit. Jadis, l’USFP incarnait la vigueur d’une gauche qui rêvait de transformer le pays. Aujourd’hui, elle ressemble à un vieux syndicat de souvenirs, où les congrès servent à ratifier l’immobilisme et les mots d’ordre remplacent les idées. On parle encore de militants, mais ce sont surtout des spectateurs fidèles, qui applaudissent des figures fatiguées.
Et puis il y a le Rassemblement national des indépendants (RNI), cette formation née à la fin des années 1970 pour contrebalancer la Koutla. On la surnomme volontiers le parti « blanchisseur » : un lieu où les technocrates, pour obtenir un vernis de légitimité politique, se font encarter à la veille d’une nomination ministérielle. Son président actuel a pris les commandes en 2016. À l’époque, le RNI pesait peu : 37 sièges à la Chambre des représentants, pas davantage. Mais le contexte lui a été favorable, et l’homme, habile, a su tirer parti du vide laissé par les autres. En quelques années, il a transformé cette formation « centriste » en machine électorale, huilée, efficace, centrée sur une seule personne. En 2021, le pari a payé : 102 sièges, un triomphe inattendu.
Depuis, le parti semble vivre sous cloche. Réélu sans opposition interne en 2022, son chef espère briguer un troisième mandat — sans suspense, sans voix discordante. Le congrès national a été fixé avant les législatives de 2026, histoire de verrouiller le calendrier. Rien n’est laissé au hasard. Tout indique une organisation bâtie sur la loyauté plus que sur le débat. Peut-on encore parler de démocratie partisane, quand toute divergence paraît suspecte ? Le RNI a voulu prouver qu’un parti d’appoint pouvait gouverner. Il a surtout montré qu’on ne se réinvente pas par décret, ni par slogans. Gouverner, ce n’est pas administrer : c’est donner du sens, du souffle, de la cohérence.
Le Maroc de 2026 n’a pas besoin d’une répétition des expériences passées. Il a besoin d’air même si au fond, la crise des partis ne se réduit pas à une affaire marocaine. Les formations politiques, partout, s’effritent. Elles meurent du fractionnement des idéologies, de l’éboulement des vieilles structures… Le monde politique découvre, souvent trop tard, que les appareils nés au siècle dernier sont devenus inadaptés à la société des écrans.
Ces organisations rigides, hiérarchiques, n’ont plus rien à dire aux citoyens qui débattent sur les réseaux, s’informent en ligne et refusent les dogmes. Nous sommes désormais embarqués dans une agora virtuelle qui bouscule tout — les hiérarchies, les symboles, les fidélités. Les vieux partis marocains, engoncés dans leurs rituels, semblent hors du temps. Ils continuent de parler aux foules comme on parlait à des électeurs d’un autre âge. Le pays a changé de logiciel. Leurs discours sonnent creux dans un monde qui défile à la vitesse du numérique. Et c’est peut-être cela, la vraie fin de cycle : non la défaite électorale, mais l’oubli.
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