Cette semaine, j’étais «invité» à un vernissage. En réalité, j’ai reçu un message sur mon téléphone avec une composition graphique tenant lieu de carton.
Comme l’artiste qui expose est une amie de longue date, je me suis fait violence et j’ai décidé de sortir de ma tanière.
Que du beau monde bien entendu et ces figures incontournables, qui semblent faire partie du décor. On les rencontre à chaque fois, puis à force, on commence par se dire bonjour, d’abord d’un discret hochement de la tête, accompagné d’un sourire et d’un mouvement des lèvres, puis arrive le jour où on se serre la main et enfin, celui où on se demande des nouvelles l’un de l’autre, sans même connaître nos noms. C’est ainsi que je me retrouve à serrer des mains de connus inconnus, qui me donnent l’impression d’être en campagne électorale.
Le grand Belkahia n’était pas un adepte des vernissages, contrairement à un autre monument de la scène artistique marocaine. Bellamine, qui lui se déplace, donne son avis, souvent tranché par ailleurs. Un avis qui est également l’expression de son ouverture d’esprit, de sa curiosité et une manière d’exprimer son intérêt pour l’expression artistique contemporaine.
Il fut un temps où je courais d’une galerie à l’autre, puis j’ai compris qu’il était plus agréable d’y aller avant la grande ruée pour pouvoir admirer dans le calme les œuvres présentées.
Il y a quelques années, un galeriste de Casablanca organisait des soirées avec DJ et musique trop forte pour inaugurer ses expositions. À se demander quel était l’événement principal…
Les galeries, comme les musées, sont des espaces importants pour faire circuler les idées. Pourtant, beaucoup de personnes n’osent pas les aborder. Et ceux qui le font, offrent souvent un spectacle très intéressant.
En rentrant dans l’espace, la personne active son Scanner Social de Reconnaissance Asymétrique (le fameux SSRA dont le brevet est en cours de validation). On voit ses yeux qui se froncent, le mouvement lent, mais régulier de la tête, dans une sorte de travelling cinématographique. Il s’agit, à la fois, d’affirmer sa présence, de repérer qui est là, et parmi ceux-là, qui est la personne la plus importante, pour fendre la foule, dans une cécité incroyable, jusqu’à arriver dans son champ visuel. Là, ce sont embrassades et accolades dans une effusion de sentiments semblable aux retrouvailles des deux frères que le Mur de Berlin avait séparés pendant 28 ans. Dire que les précédentes retrouvailles datent de jeudi dernier, dans une galerie pas si loin de celle d’aujourd’hui, ne ferait que casser l’ambiance, alors continuons, comme si de rien n’était.
À mesure que les invités arrivent dans un mélange entêtant d’effluves précieuses, tandis que les décibels montent, comme dans une cour de récréation et que le bal des serveurs se poursuit, se forment des grappes éphémères dans un mouvement qui inspirerait à Mehdi Moussaid des équations à n’en plus finir. L’art de la foule est un vivier pour différentes disciplines, de la théorie des jeux à la mécanique des fluides, en passant par la sociologie et l’histoire.
La chose qui frappe le plus, qui explique en grande partie ma désaffection des lieux, est l’orientation des corps entre les murs.
Par définition, le mur est l’élément de base de la galerie. C’est sur ces surfaces que reposent les œuvres, pour lesquelles les visiteurs sont censés être là. Or, très peu de personnes regardent réellement les tableaux. Au contraire, tout le monde leur tourne le dos. Je suis certain, en revanche, que la tenue, l’apparence des uns est scruté en détail par les autres, «tiens, il a pris un coup de vieux, serait-il malade», « tu as vu avec qui elle est« . Autant d’amorces de conversations qui iront rapidement mourir dans la cacophonie générale.
Tout le monde a un catalogue sous le bras. Pratique le catalogue. Avant d’échouer sur la banquette arrière de la voiture, il servira d’éventail, quand la galerie se sera transformée en hammam. Les acheteurs, eux, ont leur rituel. S’ils peuvent être là, avec la foule, leurs achats sont réglés loin du brouhaha, même si certains aiment bien que l’on sache, que l’on se dise, quitte à exagérer, que «untel a acheté 10 toiles». Ça fait du bien à l’égo de chacun et ça n’a aucune incidence sur la véritable course du monde. Alors entretenons cette folle illusion que tout va bien pour l’éternité et que nous sommes le centre du monde en nous promettant de nous voir pour de vrai.
Né en 1966 à Casablanca, Saâd A. Tazi est anthropologue de formation. Sa pratique de la photographie se confond avec les premiers appareils de son adolescence. Après de nombreuses années passées en France et aux Etats-Unis, il revient dans son pays natal, dont la diversité est un terrain de jeu exceptionnel pour les amoureux de la lumière.
Auteur de plusieurs livres et d’expositions au Maroc et à l’international, il continue à découvrir et partager la beauté de notre petite planète
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