Au Maroc, l’écart d’âge entre maris et femmes ne cesse de se creuser

Avatar de Khadija Shaqi
Temps de lecture :

Mariage : 1,17 million d’actes authentifiés entre 2017 et 2021Image d'illustration © DR

A
A
A
A
A

À l’occasion de la Journée nationale de la femme, le Haut-Commissariat au Plan a rendu public une note portant sur les « Femme et écart d’âge entre les époux au Maroc ». Écart d’âge, niveau d’instruction, statut d’activité, préférences… voici un aperçu des tendances du choix des partenaires au Maroc.

À l’occasion de la Journée nationale de la femme, célébrée le 10 octobre chaque année, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) a révélé des chiffres sur le mariage au Maroc. L’institution a présenté un essai d’explication de ces tendances, en se basant sur les Enquêtes nationales sur la population et la santé familiale (ENPSF) de 2004, 2011 et 2018.

Dans la majorité des couples dans le monde, la femme est plus jeune que l’homme. L’écart d’âge entre les époux dans les pays arabo-musulmans enregistrent des chiffres relativement élevés, en raison des normes sociales et des traditions inculquées depuis plusieurs années. Certains pays arabes autorisent même le mariage précoce des enfants de moins de 18 ans, en dépit des avancées réalisées en matière des droits de l’enfant.

S’agissant du Maroc, le HCP constate que la moitié des couples avaient une différence d’âge de plus de six ans en 2004 et de plus de sept ans en 2011 et 2019. L’écart d’âge moyen entre les époux (calculé à partir de l’âge des époux au moment de l’enquête en soustrayant l’âge de la femme de celui de l’homme), est passé de 7,2 ans en 2004 à 7,7 ans en 2011, avant de passer à 7,9 ans en 2018. La note indique qu’il est constaté que 87,1% des femmes sont plus jeunes que leurs maris, 9,5% ont le même âge et 3,4% seulement sont plus âgées.

Youssef Chehbi, avocat et militant associatif, nous explique que cette différence d’âge s’explique par «le fait que les hommes préfèrent ne pas s’engager dès leur jeune âge, alors que la femme est pressée par l’horloge biologique et s’engage dès qu’elle trouve un homme compatible avec ses attentes»

Lire aussi : Mariage mixte : la grande épreuve

Statut d’activité et niveau d’instruction de l’épouse

L’activité des femmes influence la différence d’âge dans les couples au Maroc, d’après les données de l’ENPSF de 2018. En moyenne, l’écart d’âge entre les époux quand la femme n’exerce aucune activité professionnelle s’élève à 8,1 ans contre 6,6 ans dans les couples dans lesquels la femme travaille.

Les femmes ayant un diplôme du niveau de l’enseignement secondaire et plus ont tendance à se marier avec des hommes proches de leur âge. La différence d’âge constatée pour cette catégorie est de 5,4 ans.

De plus, les femmes qui exercent une activité professionnelle retardent le mariage «tout simplement parce qu’elles assurent d’elles-mêmes leurs sécurité et stabilité financières. Toutefois, et sans généraliser, elles subissent une pression biologique pour avoir des enfants si elles en veulent», souligne notre intervenant.

Le HCP explique cette tendance par le fait que «les femmes qui ont intégré les universités ou les écoles supérieures ont de grandes chances de rencontrer des hommes d’âge similaire ou proche au cours de leurs années d’étude. De plus, elles sont plus susceptibles de décrocher des emplois rémunérés qui leur assurent une autonomie financière et diminue par conséquent l’attractivité des hommes ayant un statut économique supérieur, fréquemment plus âgés». 

Lire aussi : Égalité dans l’héritage : le débat revient au devant de la scène

Préférences du choix du partenaire

Les femmes ont tendance à choisir des hommes qui ont un statut économique stable. Cela s’explique par le fait que les femmes cherchent des hommes qui peuvent assurer la sécurité et le confort matériel de leurs enfants. Quant aux hommes, ils optent généralement pour des femmes plus jeunes qui ne subissent pas la pression de l’horloge biologique. Ce constat a été fait par une étude publiée conjointement par les deux chercheurs Ted Bergstrom et Mark Bagnoli en 1993. 

Au Maroc, il n’y a pas de statistiques officielles sur les préférences d’âge des femmes et des hommes. Néanmoins, l’Enquête internationale sur les valeurs menée en 2021 a montré que les idéologies associées aux rôles sociaux des sexes persistent encore au Maroc.

Enfin, plusieurs facteurs influencent les choix des partenaires, dont le statut d’activité, le niveau d’instruction et l’âge. Ainsi, ces déterminants expliquent le fait que les hommes cherchent des femmes plus jeunes et les femmes des hommes plus âgés.

Dernier articles
Les articles les plus lu
Espagne : les corps des quatre Marocains décédés à Torrox rapatriés ce vendredi

Société - Les dépouilles des quatre membres d’une famille marocaine morts d’une intoxication au monoxyde de carbone en Espagne seront rapatriées ce vendredi au Maroc, entièrement prises en charge par l’État.

Hajar Toufik - 28 novembre 2025
L’autoroute Tit Mellil–Berrechid officiellement ouverte à la circulation

Société - L'autoroute Tit Mellil-Berrechid vient fluidifier les déplacements, alléger la pression vers l’aéroport Mohammed V et connecter directement les principaux axes autoroutiers du Royaume grâce à des infrastructures modernisées.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2025
Deepfakes, dérives numériques et IA : la nouvelle frontière des violences faites aux femmes

Tribune-La campagne mondiale contre les violences faites aux femmes était historiquement centrée sur les violences physiques, psychologiques...

Rédaction LeBrief - 27 novembre 2025
Prolifération de faux psychologues : le syndicat saisit l’Intérieur

Société - Le Syndicat national des psychologues dénonce la prolifération de praticiens illégaux s'appropriant ce titre.

Mouna Aghlal - 27 novembre 2025
Hajj 1448 : lancement des inscriptions électroniques du 8 au 19 décembre

Société - Les futurs pèlerins marocains pourront s’enregistrer en ligne pour la campagne 1448 H/2027 entre le 8 et le 19 décembre 2025. L’opération concerne les citoyens majeurs, avec des conditions spécifiques pour les personnes âgées souhaitant être accompagnées.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2025
Décès de Bensaber El Ghazouani, préfet de police

Société - La Direction générale de la sûreté nationale traverse une profonde perte avec la disparition de Bensaber El Ghazouani. La famille de la DGSN rend hommage au défunt et adresse ses prières pour sa paix éternelle et le réconfort des siens.

Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2025
Voir plus
Manifestations de la « GenZ 212 » : 60 personnalités marocaines exhortent le Roi à engager des réformes profondes

Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.

Hajar Toufik - 8 octobre 2025
Travaux : les Casablancais n’en peuvent plus !

Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.

Sabrina El Faiz - 12 avril 2025
Manifestations de la « GenZ 212 » : appel à boycotter les entreprises liées à Akhannouch

Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.

Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025
Mariages marocains : l’amour au prix fort

Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !

Sabrina El Faiz - 23 août 2025
La classe moyenne marocaine existe-t-elle encore ?

Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.

Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025
Faux et usage de faux, la dangereuse fabrique de l’illusion

Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.

Sabrina El Faiz - 24 mai 2025
pub

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire