Mali : la grève des banques menace l’économie et le secteur énergétique

La société nationale d’électricité du Mali, Énergie du Mali (EDM-SA), est confrontée à une grève déclenchée par le Syndicat national des assurances, des banques et des établissements financiers (SYNABEF). Dans un communiqué publié le 8 mars 2025, l’organisation syndicale a appelé à l’arrêt immédiat de tout transfert des garanties financières d’EDM-SA et d’autres structures publiques et parapubliques.
Cette grève, débutée le 10 mars, se poursuit le 12 mars et fait suite à l’arrestation de plusieurs hauts responsables d’Ecobank-Mali ainsi que de chefs de projets et promoteurs indiens, impliqués dans une enquête sur des soupçons de corruption liés au financement d’une centrale électrique pour EDM-SA. Le SYNABEF a qualifié ces poursuites d’injustes et a organisé des sit-in devant plusieurs banques pour exiger la libération des détenus. Le SYNABEF, affilié à l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), est un acteur syndical influent.
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Il convient de souligner que cette crise intervient dans un contexte déjà difficile pour le Mali, confronté à une grave crise énergétique. Les coupures d’électricité récurrentes affectent les activités économiques, en particulier celles des petites entreprises et artisans. Pour y remédier, le gouvernement explore plusieurs solutions, notamment le développement des énergies renouvelables, le solaire en priorité, et la diversification des sources d’approvisionnement. Des accords ont été conclus avec le Niger pour l’importation de gasoil et avec la Russie pour le développement de projets nucléaires et solaires.
Si la grève du SYNABEF se prolonge, ses répercussions pourraient être significatives sur l’économie malienne, déjà fragile. Avec un PIB par habitant de 869,3 dollars en 2023 et un taux de pauvreté de 20,8% en 2021, le pays fait face à des défis économiques majeurs. Le secteur bancaire joue un rôle important, et une paralysie prolongée pourrait aggraver les difficultés des entreprises et des ménages.
Pour rappel, l’économie malienne repose en grande partie sur l’extraction des ressources naturelles, qui représentait 79,04% des exportations en 2021. Une grève prolongée risque de perturber les chaînes d’approvisionnement et les paiements, compromettant une croissance économique estimée à 4,4% en 2025 par le FMI. De plus, bien que l’inflation ait été contenue à 4,9% en décembre 2024, une crise prolongée pourrait entraîner une hausse des prix.