Said Naciri, ancien président du Wydad © DR
Ce vendredi, Said Naciri a comparu devant la Cour d’appel de Casablanca pour tenter de se défendre face à une série d’accusations aussi graves que complexes. Entre incohérences dans les témoignages, contestations véhémentes et éléments troublants, retour sur un procès où chaque déclaration semble soulever plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Incohérences et faux témoignages
Durant un procès de trois heures, l’accusé a dû justifier les circonstances de l’acquisition et de la vente d’un bien immobilier. Il a affirmé ne pas avoir vendu sa maison située à proximité du parc de Mohammedia, même s’il avait reçu une offre. Selon lui, l’acheteur s’est contenté d’y déposer ses affaires, sans que la vente ne soit conclue. Said Naciri cite, dans ce sens, que l’acheteur lui a promis une certaine somme d’argent, sans jamais honorer cet engagement, ajoutant «qu’il aurait pu très bien jeter ses affaires dehors, mais il ne l’a pas fait».
D’autre part, Said Naciri conteste complètement son implication dans des maisons qui se trouvent dans les villes de Rabat et Tanger. Il s’alarme aussi face aux «mauvaises retranscriptions des enregistrements d’appels téléphoniques», jugeant «qu’elles ne reflètent pas la réelle conversation».
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Dans un deuxième temps, il a été question de connaitre l’origine de 61 voitures importées dans le cadre de l’organisation d’une foire automobile sur le boulevard de la Résistance, à Casablanca. A ce sujet, l’ancien président du Wydad a expliqué que ces voitures avaient été envoyées au quatre coins du Royaume, tandis que six d’entre elles étaient restées à Casablanca au sein du club du Wydad. Dans ce contexte, un témoin a déclaré que «les voitures ne sont ni assurées ni homologuées» et que Said Naciri lui aurait dit que «s’il rencontrait des problèmes avec la police, il n’aurait qu’à l’appeler». De son côté, la personne concernée affirme qu’«aucunes de ces voitures ne lui appartient» et a présenté un document prouvant, selon lui, qu’il s’agit d’un faux témoignage.
Par ailleurs, une ancienne employée du club du Wydad avait aussi témoigné en 2023 contre Said Naciri, l’accusant de l’avoir menacée et insultée après sa décision de témoigner. À cet égard, le prévenu a relevé une incohérence, notant qu’elle affirme «que le président du Wydad l’a appelée et lui a lancé un regard noir». Il a précisé que cette employée avait bien été licenciée du club, mais en 2016, pour faute grave.
Lors de sa comparution devant le juge, Said Naciri a reproché à la cour de ne pas prendre en compte certains témoignages, précisant que les preuves présentées émanent soit de personnes ayant déjà quitté le club du Wydad, soit de personnes qui n’en ont jamais fait partie.
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Said Naciri se défend avec férocité
Dans une déclaration accordée à la presse à l’issue du procès, Achraf Jadoui, l’un des avocats de Said Naciri, a salué la manière dont son client s’est défendu, ainsi que sa ferme conviction en son innocence. Il précise, dans ce sens, que «de nouveau éléments en faveur de son client apparaissent à chaque audience». Il a notamment évoqué les faux témoignages et les incohérences soulevées, citant en exemple celui d’une employée licenciée, qui avait témoigné en septembre, avant de revenir en octobre en affirmant avoir perdu son emploi à cause de sa première déposition.
«Ce qui est intéressant, c’est qu’en octobre, le téléphone de Said Naciri était déjà sur écoute. Cela signifie que le tribunal devrait disposer de l’enregistrement de l’appel, or ce n’est pas le cas», déclare l’avocat. Autre exemple cité : le témoignage d’un ancien membre des forces auxiliaires se présentant comme directeur du Wydad, alors qu’en réalité, il s’occupe des affaires personnelles du président du club et «n’a aucun lien officiel avec le Wydad».
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Face à cela, Achraf Jadoui s’interroge : si ce retraité des forces auxiliaires est réellement directeur au sein du Wydad, «comment ça ce fait que les supporters marocains ne le connaissent pas». Il déplore que toutes ces accusations ne soient, selon lui, que «le fruit d’alliances et de rancunes ayant conduit à la production de faux témoignages, responsables de l’incarcération actuelle de Said Naciri».
Pour rappel, cette affaire qui implique Saïd Naciri, souvent désignée comme l’affaire de «l’Escobar du Sahara» ou du «Malien», met en lumière un réseau présumé de trafic de stupéfiants à grande échelle, dans lequel le président du Wydad et Abdenbi Bioui sont soupçonnés d’avoir joué un rôle central dans l’exportation illégale de drogue. Les accusations portées contre Saïd Naciri sont nombreuses et graves, allant de la falsification et de l’usage de faux documents officiels, au trafic d’influence, à l’escroquerie ainsi qu’à la dissimulation de biens acquis illégalement.
L’enquête a mis en évidence des liens significatifs entre Said Naciri et un trafiquant de drogue malien notoire, Haj Ahmed Ben Brahim, surnommé «le Malien», qui accuse directement le prévenu d’être le pilier logistique et le responsable des affaires publiques de son organisation criminelle. Par ailleurs, l’affaire soulève des questions majeures concernant des transactions immobilières et financières suspectes, notamment l’acquisition de biens dans des circonstances opaques.
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