Enseignants contractuels : 3 mois de prison ferme pour Nezha Majdi, la grève nationale prolongée

A
A
A
A
Le verdict est tombé pour les enseignants contractuels qui avaient été arrêtés les 6 et 7 avril 2021 au cours de deux manifestations, interdites par les autorités, place Bab El Had, à Rabat. Les professeurs demandaient déjà l’abrogation du recrutement par contrat et leur intégration dans la fonction publique. Après une garde à vue de 48 heures, les personnes interpellées avaient finalement été placées en liberté provisoire, en attente de leur jugement.
Jeudi, le tribunal de première instance de Rabat a finalement rendu son verdict dans cette affaire, condamnant 32 des 33 professeurs arrêtés à 2 mois de prison avec sursis. Seule femme parmi les interpellés, Nezha Majdi, l’enseignante qui avait dénoncé en mars dernier le harcèlement sexuel qu’elle aurait subi de la part des forces de l’ordre, écope quant à elle de trois mois de prison ferme, tel qu’annoncé par l’intéressée sur ses réseaux sociaux.
Tous étaient accusés «d’attroupement non armé», d’«outrage et violences envers un agent de la force publique» et de «violation de l’état d’urgence sanitaire». En plus de ces griefs, Nezha Majdi avait été poursuivie pour «outrage envers un corps constitué».
Une répression dénoncée par l’opinion publique
L’affaire avait suscité l’émoi sur les réseaux sociaux, où bon nombre de vidéos des rassemblements des 6 et 7 avril 2021 circulaient, montrant les interpellations musclées des enseignants par les forces de l’ordre ces jours-là. Suite à ces arrestations, le comité de la défense des enseignants avait pointé du doigt la «torture» et des «mauvais traitements» qu’ils auraient subis pendant leur garde à vue, exigeant une expertise médicale et l’ouverture d’une enquête.
Amnesty International était également montée au créneau, sommant les autorités marocaines d’«immédiatement abandonner les charges retenues contre 33enseignant·e·s qui ont été arrêtés de façon arbitraire pour avoir participé à des manifestations pacifiques réclamant de meilleures conditions de travail».
«Il est scandaleux que ces enseignant·e·s fassent l’objet de poursuites et d’un éventuel emprisonnement alors qu’ils n’ont fait que revendiquer de façon légitime de meilleures conditions de travail et leurs droits en matière d’emploi», avait déploré de son côté Amna Guellali, directrice régionale adjointe pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient à Amnesty International. «La pandémie de Covid-19 ne doit pas servir de prétexte pour arrêter de façon arbitraire des manifestant·e·s pacifiques. En poursuivant injustement des protestataires pacifiques, les autorités marocaines bafouent leurs obligations internationales au titre desquelles elles sont tenues de défendre et protéger les droits des personnes à la liberté d’expression et de réunion pacifique», avait-elle alors déclaré.
Lire aussi :Contractuels : nouvelle manifestation à Rabat
Parmi les professeurs interpellés le 6 avril 2021, Nezha Majdi, qui avait dénoncé quelques jours avant son arrestation le harcèlement et les agressions sexuelles qu’elle et certaines de ses collègues auraient subis de la part des forces de l’ordre le 17 mars 2021, au cours d’une marche des enseignants contractuels. Des vidéos de son arrestation avaient largement été relayées sur les réseaux sociaux, où on y voyait l’enseignante supplier les autorités de ne pas l’arrêter.
Certains avaient alors vu un lien entre son interpellation le 6 avril et la dénonciation d’actes de harcèlement sexuel qu’elle impute à certains membres des forces de l’ordre. Le collectif Masaktach, qui lutte contre les violences et abus contre les femmes et la légitimation de la culture du viol, n’avait d’ailleurs pas hésité sur Twitterà parler d’une arrestation «ciblée». «Nezha Majdi a été arrêtée avec une brutalité inouïe hier. D’après les images de son arrestation, il semble évident qu’elle a été ciblée», avait alors déclaré le collectif. L’affaire avait provoqué l’indignement dans l’opinion publique, et un hashtag #FreeNezhaMajdi avait vu le jour, demandant la libération de la jeune femme.
Prolongation de la grève nationale des enseignants contractuels
Suite aux «condamnations injustes» prononcées hier par le tribunal de première instance de Rabat, la Coordination nationale des enseignants contractuels du Maroc (CNECM) a annoncé la prolongation de la grève nationale des cadres des académies régionales de l’éducation et de la formation professionnelle.
«Devant cette attaque sans pareil, les voix libres du pays doivent prendre leurs responsabilités et se mobiliser pour faire face», dénonce la CNECM dans un communiqué publié jeudi soir. «Nous avons décidé de prolonger la grève les 11, 12 et 13 mars 2022», «Le Conseil national extraordinaire se tiendra le samedi 12 mars 2022».
Des centaines d’enseignants contractuels de tout le Maroc participent depuis le 28 février dernier à une manifestation nationale, qui vise toujours à obtenir leur intégration à la fonction publique sans les restrictions et conditions imposées actuellement.
Lire aussi :Les enseignants contractuels prolongent leur grève nationale
Société - Découvrez la nouvelle plateforme pour le suivi des décès maternels, lancée par le ministère de la Santé à Rabat.
Mouna Aghlal - 20 novembre 2025Politique - Le Procureur général du Roi présente des changements clés pour les parquets du Royaume. Découvrez les implications essentielles.
Mouna Aghlal - 20 novembre 2025Société - Les parents ou tuteurs doivent impérativement déposer un certificat de scolarité dans un délai d’un mois via le service en ligne « Taawidaty ».
Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025Société - La DGSN dément une vidéo montrant un enfant agressé, faussement attribuée à une école marocaine, et confirme qu’elle provient d’un pays asiatique.
Hajar Toufik - 20 novembre 2025Société - La tutelle plaide la pénurie de chlorure de potassium, l'opposition veut les détails de chaque appel d'offre octroyé par l'AMMPS.
Rédaction LeBrief - 20 novembre 2025Société - La coordination syndicale du secteur de la santé refuse toute rencontre avec le ministère tant qu’un calendrier précis n’est pas fixé pour valider les décrets liés à l’accord du 23 juillet 2025.
Ilyasse Rhamir - 19 novembre 2025Société - Soixante figures marocaines appellent le roi Mohammed VI à lancer des réformes profondes en phase avec les revendications de la jeunesse.
Hajar Toufik - 8 octobre 2025Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.
Sabrina El Faiz - 12 avril 2025Société - Les manifestations de la « GenZ 212 », poursuivent leur mobilisation à travers un appel au boycott des entreprises liées à Aziz Akhannouch.
Ilyasse Rhamir - 7 octobre 2025Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !
Sabrina El Faiz - 23 août 2025Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.
Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.
Sabrina El Faiz - 24 mai 2025