IA : éducation, emploi, le Maroc peut éviter la panne
Assises nationales de l'intelligence artificielle, à l'UM6P Rabat, le 1er juillet 2025 © LeBrief
A
A
A
A
Mohamed Saad Berrada, ministre de l’Education nationale, a ouvert le bal avec un chiffre intéressant. 9 millions d’élèves recensés dans les bases de données du ministère. Et autant d’opportunités, à condition de savoir les exploiter.
« C’est la base même de l’intelligence artificielle », a-t-il insisté. Depuis une dizaine d’années, le ministère accumule de la donnée. Mais jusqu’ici, celle-ci restait sous-exploitée. Grâce à l’IA, elle pourrait enfin servir à comprendre, prédire… et agir. Notamment sur le fameux fléau de l’abandon scolaire !
290.000 enfants quittent l’école chaque année
Le chiffre fait mal. Et c’est pourtant une réalité. Près de 290.000 élèves quittent l’école chaque année. Et jusqu’ici, on ne savait pas forcément pourquoi. Certaines raisons étaient prévisibles, d’autres pas. « Les absences ? Souvent mal saisies. Les notes ? Enregistrées une fois l’année finie, trop tard pour agir », renchérie Berrada.
Mais comment l’IA pourrait transformer cela ? Le ministre donne une première solution : « en commençant tout simplement par photographier la liste des absences en classe et la faire comparer automatiquement par l’IA ». Un geste simple, mais qui permet enfin d’identifier les décrocheurs avant qu’ils ne disparaissent des radars.
Autre piste plausible, croiser les notes, les absences, les retards pour établir des profils à risque. Et intervenir avant qu’il ne soit trop tard. Pas besoin de prédire le futur comme dans « Minority Report », mais juste de prendre un peu d’avance sur le décrochage.
Que l’on se rassure, l’IA n’est pas qu’un outil de surveillance. Elle peut aussi devenir un allié pédagogique, un professeur particulier qui ne dort jamais. Le ministère travaille déjà sur des applications de remédiation scolaire basées sur la méthode « teaching at the right level », afin de proposer à chaque élève un contenu adapté à son niveau réel.
Et ça va plus loin : devoirs à la maison personnalisés, exercices de langues interactifs, cours de soutien ciblés… « Un élève peut avoir chez lui un professeur qui lui parle en darija ou en amazighe, en fonction de sa langue maternelle et qui adapte les consignes à son niveau ».
Autres grands absents moins nommés, les parents. Dans les écoles publiques, la communication est rare, parfois inexistante. Les absences sont communiquées par SMS, que beaucoup de parents illettrés ne comprennent pas.
L’idée, là encore, est simple, remplacer les SMS par des messages vocaux dans la langue des parents. Une technologie basique, mais qui peut changer la donne. Parce qu’un parent informé est un parent impliqué. Et qu’un élève dont les parents suivent le parcours a plus de chances de rester à l’école.
Autre usage de l’IA dans l’éducation : la planification. Jusqu’ici, elle se faisait « à l’ancienne », à la louche, dirait-on, selon des méthodes parfois déconnectées de la réalité du terrain. Les écoles sont donc soit sous-peuplées, soit débordées, des instituteurs mal répartis…
Avec l’IA, on peut désormais modéliser les besoins sur dix ans, anticiper les pics de natalité, les déplacements urbains, les besoins en bâtiments scolaires. « Ça chiffre en milliards de dirhams économisés », affirme Mohamed Saad Berrada.
L’emploi, l’autre grand terrain de bataille
Vidéo par Ayoub Jouadi
Après l’éducation, l’employabilité. C’est là que Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, a pris le relais, balayant un mythe tenace : « Non, l’intelligence artificielle ne détruit pas l’emploi. Elle le transforme ».
Et pour bien le faire, il faut s’y préparer. En formant, massivement. En mettant en place une « école digitale » pour combler les écarts de compétences, en créant des référentiels métiers adaptés aux nouveaux usages et en croisant les données des agences d’emploi, des centres de formation et des entreprises.
« L’objectif est de créer un agent IA de l’emploi », explique Sekkouri. Un assistant intelligent capable d’identifier les besoins du marché, de recommander des parcours personnalisés, de suivre l’évolution des compétences.
Lire aussi : Intelligence artificielle : le Maroc veut porter la voix de l’Afrique
Le ministre cite aussi les risques. Le danger d’une fracture numérique, d’un monde où ceux qui maîtrisent l’IA auront toutes les opportunités, pendant que les autres peineront à s’adapter. « Il faut éviter que l’IA devienne un club fermé », alerte-t-il. Il faut donc penser l’IA comme un outil au service de l’inclusion, pas de l’exclusion.
L’IA peut faire beaucoup, mais elle ne peut pas tout. Et surtout, elle ne peut pas décider à notre place des valeurs que nous voulons transmettre. C’est là que Leila Benali, ministre de la Transition énergétique, a voulu replacer le débat : « Nous avons une opportunité unique de définir les valeurs de cette société numérique ».
Des valeurs humaines, inclusives, décentralisées. Où les femmes, les jeunes, les zones rurales ont toute leur place. Où l’énergie verte alimente les data centers, mais aussi l’éducation et la santé. Et où l’intelligence artificielle n’écrase pas l’intelligence humaine, mais l’amplifie.
Société - Les violences, destructions et incendies lors de manifestations non autorisées ne sont pas assimilées à la liberté d’expression mais à des crimes graves, sévèrement punis par la loi marocaine, allant jusqu’à la réclusion à perpétuité.
Ilyasse Rhamir - 2 octobre 2025Société - La police de Safi neutralise un trafic de stupéfiants, saisissant près de 5 tonnes de résine de cannabis ce jeudi.
Mouna Aghlal - 2 octobre 2025Société - Au Salon du Cheval d’El Jadida, les Forces Armées Royales mettent en avant l’histoire millénaire du patrimoine équin marocain, tout en révélant les avancées modernes en médecine vétérinaire et en formation équestre.
Ilyasse Rhamir - 2 octobre 2025Société - Deux morts et plusieurs blessés lors d’une attaque violente contre le centre de la Gendarmerie royale de Lqliâa, repoussée dans le cadre de la légitime défense.
Hajar Toufik - 2 octobre 2025Société - Cinquième jour de mobilisation de la GenZ 212 : violences, saccages et affrontements avec les forces de l’ordre secouent plusieurs villes du Royaume.
Hajar Toufik - 2 octobre 2025193 suspects poursuivis après les violences du 30 septembre liées aux manifestations de la « GenZ 212 ». Mineurs, incitations en ligne et destructions : la justice annonce fermeté et application stricte de la loi.
Hajar Toufik - 1 octobre 2025Dossier - Des piétons qui traversent d’un trottoir à l’autre, des voitures qui zigzaguent… À croire que les Casablancais vivent dans un jeu vidéo, sans bouton pause.
Sabrina El Faiz - 12 avril 2025Société - Au Maroc, on peut rater son permis de conduire, son bac… Mais rater son mariage ? Inenvisageable !
Sabrina El Faiz - 23 août 2025Dossier - Au Maroc, pour définir le terme classe moyenne, nous parlons de revenus. Cela ne veut pourtant plus rien dire.
Sabrina El Faiz - 5 juillet 2025Dossier - Un faux témoignage peut envoyer un innocent en prison ou blanchir un coupable. Un faux diplôme casse la méritocratie. Un faux certificat peut éviter une sentence.
Sabrina El Faiz - 24 mai 2025Dossier - Les voisins ont bien changé. Les balcons étaient les réseaux sociaux d’antan. On y partageait les breaking news du quartier et les hommes étaient aussi bien surveillés que les enfants !
Sabrina El Faiz - 12 juillet 2025Société - Les mails de Casablanca traversent une période de transformation, entre défis liés à l’entretien, évolution des attentes et adaptation à un nouveau contexte économique.
Hajar Toufik - 8 août 2025