Le Maroc face aux pandémies : mieux préparé, mais pas encore prêt?

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Le Maroc face aux pandémies : mieux préparé, mais pas encore prêt?Image d’illustration. DR

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Il y a à peine cinq ans, la pandémie de Covid-19 a frappé le monde de plein fouet, révélant les faiblesses des systèmes de santé à l’échelle mondiale et entraînant la perte de près de sept millions de vies. Si cette crise sanitaire a laissé des cicatrices profondes, elle offre également l’opportunité de tirer des enseignements précieux. Alors, le Maroc est-il aujourd’hui suffisamment préparé pour affronter une nouvelle pandémie ? Décryptage.

La question de la préparation aux pandémies est plus que jamais d’actualité, alors que le monde continue de faire face aux conséquences de la Covid-19 et que de nouveaux défis sanitaires se profilent à l’horizon. Le Maroc, comme de nombreux autres pays, a tiré des leçons de la crise sanitaire récente, mais est-il réellement prêt à affronter une nouvelle pandémie? Selon Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, la réponse est nuancée. “Le Maroc est mieux préparé qu’auparavant, mais il reste encore du chemin à parcourir pour être pleinement équipé face à des crises sanitaires de grande ampleur”.

Une amélioration notable, mais insuffisante

Tayeb Hamdi souligne que le Maroc est mieux préparé que ce qu’il était avant la Covid-19. Parmi les avancées notables, il cite l’amélioration de la capacité de réanimation respiratoire, la digitalisation du système de santé, et le début de la production locale de vaccins et de tests PCR. « Nous commençons à produire des tests ‘Made in Morocco’, ce qui est très important« , précise-t-il.

Cependant, malgré ces progrès, le Maroc n’est pas encore complètement préparé à faire face à une nouvelle pandémie, reconnaît l’expert. Il explique que la préparation à une pandémie nécessite bien plus qu’une simple amélioration des infrastructures de santé. Il faut également une digitalisation généralisée de la société, une industrie pharmaceutique robuste, et une capacité de recherche et développement pour répondre rapidement aux nouveaux défis sanitaires.

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La résilience du système de santé : un enjeu clé

Pour Tayeb Hamdi, la clé de la préparation aux pandémies réside dans la résilience du système de santé. Dans ce sens, il explique qu’un système résilient doit être capable de s’adapter à différents types de crises sanitaires, qu’il s’agisse de besoins en oxygène, en ressources humaines, ou en moyens de diagnostic. « Les pandémies changent, et il faut que le système de santé puisse s’adapter« , insiste-t-il.

Le Maroc a entamé une refonte de son système de santé, notamment avec la généralisation de l’assurance maladie obligatoire, qui vise à offrir une couverture sanitaire universelle. Il reste cependant limité par rapport à l’offre de soins. La résilience d’un système de santé inclut également la formation des professionnels de santé, la mise en place de systèmes de veille sanitaire, et la digitalisation des services de santé. « Les pays qui maîtrisent mieux la digitalisation, comme la télémédecine ou le traçage des contacts, sont mieux armés pour faire face aux crises« , souligne Tayeb Hamdi.

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La nécessité d’une coopération internationale

Tayeb Hamdi insiste par ailleurs sur l’importance de la coopération internationale dans la lutte contre les pandémies. « Aucun pays ne peut faire face seul à une pandémie« , déclare-t-il. Et de rappeler que la gestion réussie de la Covid-19 par le Maroc a été en partie due à son leadership et à ses relations internationales. « La place du Maroc sur la scène internationale a joué un rôle clé dans la gestion de la crise« , affirme-t-il.

Cependant, la coopération internationale ne se limite pas à la diplomatie. Elle inclut également la capacité à produire des vaccins et des traitements en un temps record. « Il faut être capable de produire un vaccin dans les 100 jours après l’émergence d’un virus« , explique Hamdi. Un défi colossal, sachant que la production d’un vaccin prend traditionnellement des années. « C’est un défi à l’échelle internationale, pas seulement pour le Maroc« , précise-t-il.

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La prévention : une priorité absolue

Enfin, Hamdi souligne que la prévention est la clé pour éviter de futures pandémies. « Il faut respecter la nature et ne pas détruire l’environnement« , insiste-t-il. Il évoque le concept de « One Health« , qui considère la santé humaine, animale et environnementale comme interconnectées. « Quand cette triade est rompue, nous faisons face à des crises sanitaires« , explique-t-il.

La prévention passe également par la recherche scientifique et la sensibilisation de la population. « Il faut investir dans la recherche et former les professionnels de santé à gérer les crises sanitaires« , conclut Hamdi.

Le Maroc a fait des progrès significatifs dans la préparation aux pandémies, mais il reste encore des défis à relever. La résilience du système de santé, la digitalisation, la coopération internationale et la prévention sont autant de domaines où des efforts supplémentaires sont nécessaires. Comme le souligne Tayeb Hamdi, « nous sommes mieux préparés, mais nous ne sommes pas encore prêts« .

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