14 milliards pour l’emploi : le plan choc du gouvernement

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France : 2,4 millions d’embauches prévues, la moitié jugées difficilesImage d'illustration. © DR

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Un budget colossal, des mesures ciblées et une volonté affichée de réduire le chômage : le ministre Younes Sekkouri a présenté, samedi à Tétouan, les grandes lignes d’un plan ambitieux pour l’emploi. Entre accompagnement des entreprises, formation par alternance et augmentation du SMIG, le gouvernement cherche à relever l’un des défis les plus pressants pour le Maroc.

Avec un taux de chômage qui touche particulièrement les jeunes, notamment ceux non diplômés, le marché de l’emploi marocain se trouve à un tournant critique. Conscient de l’ampleur des défis, le gouvernement a élaboré un plan ambitieux doté d’un budget de 14 milliards de dirhams. Présenté par le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, ce programme vise à offrir des solutions concrètes pour stimuler l’emploi à travers des mesures variées et structurantes. Quelles sont les grandes lignes de ce plan, et ses chances de réussite ?

Un plan ambitieux pour réduire le chômage des jeunes

Lors de son intervention à Tétouan, dans le cadre des journées portes ouvertes du Parti Authenticité et Modernité (PAM), Younes Sekkouri a présenté les grandes priorités du gouvernement en matière d’emploi. L’objectif principal est clair : réduire significativement le chômage, en ciblant particulièrement les jeunes non diplômés.

Pour atteindre cet objectif, le gouvernement prévoit d’investir 14 milliards de dirhams dans une série de programmes, notamment un dispositif d’accompagnement des entreprises via l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences (ANAPEC). L’idée est d’encourager les entreprises à embaucher des travailleurs sans qualifications, en leur offrant un soutien financier et logistique. Ce dispositif pourrait constituer une réponse adaptée à un problème de fond : la difficulté des jeunes sans diplôme à trouver leur place dans un marché du travail de plus en plus exigeant.

Lire aussi : Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?

En outre, le ministre a souligné l’urgence d’agir pour éviter que cette frange de la population ne tombe dans une spirale d’exclusion sociale et économique. « Il ne s’agit pas seulement de trouver des emplois, mais de créer des opportunités durables qui redonnent confiance aux jeunes », a-t-il déclaré.

La formation par alternance : un modèle à généraliser

Parmi les mesures les plus prometteuses du plan gouvernemental figure le renforcement de la formation par alternance, un dispositif qui combine apprentissage théorique et immersion en entreprise. Ce programme, qui a déjà démontré son efficacité en matière d’insertion professionnelle, sera considérablement élargi.

Selon les prévisions, le nombre de bénéficiaires passera de 20.000 actuellement à 100.000 d’ici 2025. Ce modèle cible principalement les petites et moyennes entreprises (PME) et les coopératives en milieu rural, où les opportunités d’emploi sont souvent rares et précaires.

Lire aussi : 910.000 emplois pour les sans-diplôme : un plan ambitieux

Ce dispositif présente un double avantage : d’une part, il permet aux jeunes de développer des compétences directement utilisables sur le marché du travail ; d’autre part, il répond aux besoins des entreprises locales, souvent confrontées à un manque de main-d’œuvre qualifiée. « C’est une démarche gagnant-gagnant », a souligné le ministre, insistant sur la nécessité de mobiliser les partenaires publics et privés pour garantir le succès de cette initiative.

Cependant, des interrogations subsistent : comment assurer une qualité uniforme des formations à travers le pays ? Et comment convaincre les entreprises de jouer pleinement le jeu ?

Stabiliser l’emploi en milieu rural : une priorité

Un autre axe stratégique du plan concerne le maintien de l’emploi dans le monde rural, un secteur où les défis sont particulièrement nombreux. À travers un programme spécifique, le gouvernement entend soutenir les agriculteurs afin de préserver les postes existants et d’éviter les licenciements massifs.

Ce programme s’inscrit dans une vision plus large de développement équitable entre les zones urbaines et rurales. Il ne s’agit pas seulement de préserver les emplois, mais aussi de renforcer le tissu économique local, en valorisant les activités agricoles et artisanales.

Le milieu rural, souvent marginalisé dans les politiques publiques, pourrait ainsi bénéficier d’un souffle nouveau. Mais là encore, la réussite de cette initiative dépendra de la capacité du gouvernement à mobiliser les ressources nécessaires et à instaurer une coordination efficace entre les différents acteurs concernés.

SMIG, droit de grève et création d’emplois : les autres chantiers

Au-delà des mesures spécifiques pour l’emploi, le gouvernement entend agir sur d’autres leviers pour améliorer les conditions des travailleurs. À partir du 1er janvier 2025, le salaire minimum légal (SMIG) augmentera de 5%, aussi bien dans les activités agricoles que non agricoles. Cette hausse, bien que modeste, constitue une avancée importante pour de nombreux travailleurs à bas salaire.

Par ailleurs, le ministre a annoncé un projet de loi organique sur les modalités d’exercice du droit de grève, actuellement en cours d’approbation. Ce texte vise à protéger les droits des travailleurs tout en préservant la stabilité des entreprises. Il ambitionne également de renforcer les libertés syndicales, un point souvent critiqué par les organisations de défense des droits des travailleurs.

Lire aussi : Jeunes diplômés : chômage ou quête de sens ?

Ces réformes viennent compléter les efforts déployés pour stimuler l’emploi. D’après les chiffres communiqués par le ministre, 300.000 emplois ont été créés au cours du troisième trimestre 2024, principalement dans des secteurs stratégiques comme l’industrie, le commerce, le tourisme, le BTP et l’artisanat.

Quels enjeux pour la mise en œuvre ?

Si ce plan gouvernemental affiche des ambitions louables, sa mise en œuvre ne sera pas sans défis. Le budget de 14 milliards de dirhams devra être utilisé de manière judicieuse pour éviter les gaspillages et garantir un impact réel sur le terrain.

De plus, la réussite des différents programmes annoncés dépendra largement de la coordination entre les ministères, les collectivités locales et les partenaires privés. Les zones rurales, en particulier, nécessitent une attention particulière pour s’assurer que les fonds alloués atteignent les populations cibles.

Enfin, la question de la durabilité se pose : comment s’assurer que les emplois créés ne soient pas uniquement temporaires, mais qu’ils contribuent à une transformation structurelle du marché du travail marocain ?

Lire aussi : Bank Al-Maghrib : Abdellatif Jouahri fait le point sur le chômage

Avec ce plan ambitieux pour l’emploi, le gouvernement marocain semble déterminé à relever l’un des défis les plus pressants du pays. En misant sur des mesures ciblées, comme la formation par alternance et le soutien aux entreprises, il ouvre la voie à une politique plus inclusive et proactive.

Cependant, les attentes sont élevées, et les résultats devront être au rendez-vous. Les jeunes sans qualifications, les travailleurs ruraux et les salariés à bas revenus comptent sur ces réformes pour améliorer leur quotidien. Reste à voir si ces promesses se traduiront en actions concrètes, capables de transformer durablement le paysage de l’emploi au Maroc.

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