Tout a commencé le 17 décembre 2010 en Tunisie. Ce jour-là restera à jamais gravé dans l’histoire moderne du monde arabe et du Maghreb. Ce jour-là, le jeune vendeur ambulant Mohamed Bouazizi a décidé de s’immoler par le feu devant le gouvernorat de la petite ville défavorisée de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, pour protester contre le harcèlement policier et le régime du président de l’époque : Zine el Abidine Ben Ali. L’acte désespéré du jeune tunisien a provoqué une colère sans précédent dans le pays, et sa mort, le 4 janvier 2011, a incité des centaines de milliers de ses compatriotes à sortir dans les rues pour réclamer le renversement de Ben Ali, au pouvoir depuis 23 ans. Face à cet impressionnantsoulèvement, le dirigeant tunisien est devenu dix jours plus tard le premier despote arabe contraint de fuir sous la pression de la rue. Cet élan militant pro-démocratie s’est très vite étenducomme une traînée de poudre dans d’autres pays, pour atteindre en quelques semaines l’Égypte, la Libye, le Yémen, le Bahreïn, le Maroc….
C’est le 25 janvier 2011 au Caire que le nom « Printemps arabe »a été attribué à ce large mouvement de protestation. Cette date a ainsi marqué le début de la révolution en Égypte, oùdes millionsde personnes ont défilé dans les principales artères du pays, pour exiger le départ du président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981. Contrairement à son homologue tunisien, Moubarak a non seulement résisté aux revendications de son peuple, mais il a également déployé son armée pour mettre fin à ces manifestations. Incapable de freiner les militantsqui réclamaient des réformes démocratiques, la fin de la corruption et sa démission, et dont le nombre s’élevait parfois à plus d’un million sur la fameuse Place Tahrir, ce dernier a fini par quitter son poste le 11 février 2011.
Les choses ne se sont pas arrangées après le Printemps arabe
Outre Ben Ali et Moubarak, le Printemps arabe a permis de renverser Mouammar Kadhafi en Libye, Ali Abdallah Saleh au Yémen puis, plusieurs années plus tard, Omar el-Béchir au Soudan. Cependant,à l’exception de la Tunisie, le renversement de ces dirigeants n’a pas abouti aux réformes démocratiques escomptées par les populations. Pire, il a même parfois provoqué des conflits armés. C’est d’ailleurs le cas en Égypte, où en 2012 l’armée a renversé le président islamiste Mohamed Morsi, dont le programme politique était jugé très conservateur, et a entamé une répression sanglante à l’encontre de ses opposants. Le maréchal Abdel Fattah al-Sissi a ensuite rétabli un régime aussi autoritaire que celui de Moubarak.
AuBahreïn, seule monarchie du Golfe à avoir connu des manifestations de masse en 2011, l’Arabie Saoudite a prêté main-forte au gouvernement pour contenir le soulèvement de la population. Au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique, le printemps arabe a largement empiré la situation des Yéménites en provoquant une guerre civile violente. Le mouvement a en plus divisé davantage les tribus et les factions en Libye, alors que le pays est également confronté à de multiples ingérences étrangères. Jusqu’aujourd’hui, le pays peine encore à retrouver une stabilité et à former un gouvernement durable.
Pour l’AFP,«la tombe du Printemps arabe restera la Syrie, où les manifestations pro-démocratie ont mué en un impitoyable conflit». Le président syrien Bachar al-Assad, contrairement aux autres leaders déchus, a refusé de céder à l’appel dumouvement populaire de son pays, et a engagé ses forces armées dans une lutte sans merci contre les militants. Résultat : 380.000 morts et des millions de Syriens déplacés.
Deuxième vague de manifestation
Enfin, quelques années après le déclenchement du Printemps arabe, d’autres pays ont enfin pu dénoncer leurs oppresseurs. C’est ainsi que, dansle cadre d’une nouvelle vague de protestation, des militants au Soudan, en Algérie, en Irak et au Liban ont enfin pu renverser leurs dictateurs,et raviver l’esprit révolutionnaire de la jeunesse arabe. C’est à la suite de ces nouvelles protestations que Abdelaziz Bouteflika a été détrôné le 3 avril 2019 par les Algériens, après près de 20 ans à la tête du pays, et que le leader libanais Saad Hariri adémissionné avec son cabinet le 29 octobre de la même année.
À noter, à l’instar des populations précitées, les Marocains ont également manifesté en février 2011 dans le Royaume pour exiger des réformes sociales. Le mouvement marocain, dit « Mouvement du 20 février », n’a toutefois pas duré très longtemps, et ce en raison de l’annonce du 9 mars 2011 du roi Mohammed VI. Le Souverain avait ce jour-là annoncé une refonte de la Loi fondamentale, votée par référendum le 1er juillet de la même année. Aussi, en novembre 2011,des élections législatives anticipées ont été organisées et remportées par le parti Justice et du Développement (PJD).
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