Dans une circulaire publiée il y a plus d’une semaine, le ministère de l’Éducation nationale et le ministère de la Santé ont appelé «les élèves, étudiants, stagiaires et tous les cadres pédagogiques et administratifs exerçant dans les établissements scolaires et universitaires et instituts de formation des secteurs public et privé» à assurer le «strict, régulier et optimal respect des mesures sanitaires et gestes barrières figurant dans le protocole sanitaire». Et ce, suite aux dernières évolutions de la situation épidémiologique au Maroc. Parmi les mesures dictées par les deux départements, figure l’obligation du port du masque pour tous les niveaux sauf pour le préscolaire.
La décision des deux ministères provoque l’incompréhension chez de nombreux parents d’élèves, puisque jusqu’au moment de la publication de cette dernière note ministérielle, le protocole sanitaire n’imposait le masque que pour les élèves de plus de 10 ans. Pour les autorités, il s’agit d’une démarche quivise à contribuer à l’effort national pour enrayer la propagation de la pandémie du nouveau coronavirus. Elle vise également à garantir que les processus d’apprentissage se passent en toute sécurité tant pour les enfants que pour les professeurs et les adultes qui travaillent dans l’établissement scolaire.
Les avis des spécialistes divergent
Alors que les parents s’inquiètent des effets à court, moyen et long terme, que le port du masque peut avoir sur le développement physique et psychique de leurs enfants, l’absence de consensus entre les spécialistes sur les risques de cette démarche provoque davantage de scepticisme.
De son côté, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) se dit pour le port du masque chez les enfants, sans pour autant le recommander de manière officielle. Ainsi, son avis n’est pas si clair. Cette institution onusienne spécialisée recommande le port du masque aux enfants âgés de 12 ans et plus dans les mêmes conditions que les adultes. Pour les enfants âgés de 6 à 11 ans, elle recommande l’utilisation d’un masque, mais émet certaines conditions. Selon elle, cette décision doit être fondée sur le niveau de transmission dans la zone où réside l’enfant, la capacité de l’enfant à utiliser un masque correctement et en toute sécurité, l’accès aux masques et la disponibilité d’une supervision adéquate par un adulte. Cette obligation dépend également des contextes spécifiques oùles interactions particulières de l’enfant avec d’autres personnes exposées à un risque élevé de développer une maladie grave sont plus importantes, telles que les personnes âgées et celles souffrant d’autres affections préexistantes. L’OMS recommande toutefois de se renseigner sur les incidences potentielles du port du masque sur l’apprentissage et le développement psychosocial, en consultation avec les enseignants et les prestataires de santé.
Par ailleurs, il y a une grande divergence de points de vue quant aux risques psychologiques de cette mesure. D’après le journal Libération, des psychologues soutiennent que porter le masque à longueur de journée à l’école constitue une «entrave à la communication spontanée naturelle et nécessaire de l’enfant» et qu’il peut nuire au «développement de l’enfant sur le plan affectif, langagier, émotionnel, même corporel». Dans une tribune publié dans les colonnes deLe Monde, Gérald Bussy, Jade Mériaux et Mathilde Muneaux, trois psychologues spécialisés en neuropsychologie, s’inquiètent des retombées de cette mesure sur le développement cognitif et cérébral de l’enfant. Selon eux, pour un enfant, maintenir son attention et s’exprimer à travers un masque constituedes contraintes. En revanche, la pédopsychiatre Agnès Pargade, contactée également par Le Monde, estime que bien que le port du masque limite la communication et les interactions, il «ne pose pas de souci pour le développement de l’enfant».
En ce qui concerne le côté physiologique, le port du masque ne fait courir aucun risque aux enfants, assurent des spécialistes interrogés par France Info. Soulignant que «l’enfant a un système respiratoire qui est le même que celui de l’adulte», ces experts ajoutent que le port du masque «ne modifie en rien la qualité de la respiration, même s’il est plus difficile de faire des efforts soutenus et prolongés avec cet objet sur le visage».
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